Eglises d'Asie

Le nouveau président de la Conférence épiscopale rencontre le Premier ministre et lui expose la liste des revendications de l’Eglise catholique dans le pays

Publié le 18/03/2010




Selon une dépêche de l’agence Ucanews (1), le nouveau président de la Conférence épiscopale élu en septembre dernier, Mgr Paul Nguyên Van Hoa, a exposé devant le Premier ministre, Phan Van Khai, l’ensemble des revendications de l’Eglise du Vietnam à l’égard de l’Etat de son pays. L’agence qui, elle-même, cite une “source de l’Eglise locale”, a ajouté que le nouveau président a demandé au chef du gouvernement de répondre sans tarder aux pétitions qui lui étaient adressées. Cette démarche a eu lieu au cours d’une visite de courtoisie rendue aux autorités civiles vietnamiennes par le bureau permanent de la Conférence épiscopale à l’occasion de la fin de l’année, le 29 décembre dernier.

Dans l’allocution au chef du gouvernement, Mgr Hoa aurait d’abord exprimé le désir des catholiques d’apporter leur contribution dans les domaines sociaux et économiques, en particulier, en participant à l’élimination de la pauvreté et à la préservation de l’identité nationale et des traditions culturelles. Mais, l’évêque s’est plaint que diverses limitations restreignant les activités ecclésiales soient toujours en vigueur ; même si, au cours des années récentes, certaines des requêtes de l’Eglise ont reçu des réponses positives, celles-ci malheureusement ne se sont pas traduites en réformes effectives.

L’archevêque de Nha Trang a déclaré souhaiter que le clergé, les religieux et les laïcs puissent recevoir la formation dont ils ont besoin en vue de fournir la contribution dont ils sont capables dans le domaine des soins de santé, de l’éducation et du bien-être social. Il a demandé au Premier ministre de permettre à l’Eglise de procéder à un recrutement annuel des candidats au sacerdoce. Actuellement, ce recrutement n’a lieu que tous les deux ans. Selon le nouveau responsable de la Conférence épiscopale, l’examen par l’Etat du curriculum politique des jeunes gens avant leur ordination sacerdotale devrait être également aboli, puisque cet examen a déjà eu lieu avant l’entrée au grand séminaire.

D’autres libertés ont été réclamées au chef du gouvernement vietnamien. Elles concernent la construction des églises, pas assez nombreuses aujourd’hui, la nomination et le déplacement des curés de paroisse aujourd’hui contrôlés par le Bureau des Affaires religieuses et diverses autorités civiles, la possibilité pour les chrétiens de recevoir de l’étranger des publications religieuses. L’évêque a également mentionné ce qui devient aujourd’hui la source de conflit la plus commune entre les communautés chrétiennes et l’administration profane, à savoir les propriétés et établissements d’Eglise qui ont été confisqués par l’Etat sous divers prétextes, dans les années 1970 et 1980. Le représentant des évêques du Vietnam a exigé que tous ces biens soient restitués à l’Eglise. Il a aussi suggéré au chef du gouvernement d’approuver sans délai la division en deux du diocèse de Xuân Lôc, qui est aujourd’hui le plus grand diocèse du Vietnam avec une population chrétienne dépassant les 900 000 fidèles.

Le Nhân Dân, l’organe du Parti communiste vietnamien qui, le lendemain, publiait en première page une photo du Premier ministre sur le perron de son bureau, entouré de l’ensemble du bureau permanent de la Conférence épiscopale, a donné un compte-rendu de la rencontre quelque peu différent. L’ensemble des réclamations des évêques n’y était pas mentionné. Par contre, le désir des chrétiens de contribuer au travail social, en particulier à l’élimination de la pauvreté, y était relevé et élogieusement qualifié.

Le bureau permanent de l’épiscopat, récemment reçu par le Premier ministre, avait été élu au cours de l’assemblée annuelle de l’épiscopat du Vietnam, qui s’était tenue à Hanoi du 15 au 22 septembre à Hanoi (2). Complètement renouvelé et rajeuni, il comprend treize membres. A l’exception du président, Mgr Paul Nguyên Van Hoa, évêque de Nha Trang, âgé de 69 ans, évêque depuis 26 ans, et de Mgr F.-X. Nguyên Van Sang, évêque de Thai Binh, également âgé de 69 ans et évêque depuis 20 ans, tous les autres membres du bureau sont des jeunes évêques, sinon par leur âge, quelquefois respectable, du moins par la date de leur accession à l’épiscopat. Il a fallu attendre deux mois pour que le gouvernement donne son approbation aux nouveaux dirigeants de l’Eglise catholique. Ce n’est que le 14 novembre qu’ils ont été informés de l’approbation du Premier ministre et du Bureau des Affaires religieuses.