Eglises d'Asie – Philippines
Mindanao : afin de contribuer à la résolution du conflit dans le sud des Philippines, le Forum des évêques et des oulémas a ouvert un bureau d’information
Publié le 18/03/2010
En écho à la création de ce bureau, se tenait à la même période à Manille un colloque organisé par l’Eglise catholique au sujet des “défis d’une pratique responsable du journalisme à Mindanao”. Samira Ali Gutoc, journaliste, a témoigné des pressions subies pour produire un certain type de nouvelles et d’articles dès lors que le sujet concerne Mindanao. De confession musulmane, elle travaillait au bureau de Mindanao du Philippine Daily Inquirer en 1996-97, à l’époque où ce journal était considéré comme le meilleur du pays pour sa couverture des événements dans le sud du pays. “J’étais dans la ville de Marawi pour un reportage sur les femmes et les enfants là-bas et tout ce que la rédaction à Manille me demandait de rapporter, c’était des papiers sur les problèmes politiques et les violences”, a-t-elle témoigné. Selon elle, il est dangereux que les rédactions qui donnent le ton “ne sachent pas décrypter le conflit de Mindanao au-delà d’une lecture binaire, en noir et blanc” quand leur rôle serait d’“aider les gens à comprendre les racines du problème”.
Pour les journalistes réunis à Manille, il est nécessaire que les médias philippins tout comme les habitants de Mindanao parviennent à reconnaître que le sud des Philippines réunit plus de 100 groupes ethniques différents et que le paix et le développement dans cette région signifient plus que la seule paix entre les musulmans et les chrétiens. A titre d’exemple, 13 des 20 provinces les plus pauvres du pays sont situées à Mindanao alors même que la région est le grenier du pays et produit 75 % du riz et du maïs des Philippines.
Selon Samira Gutoc, les Philippins ont encore trop souvent en tête l’idée que Mindanao est synonyme de rébellion et que c’est une terre musulmane. Même si le gouvernement et les deux principaux mouvements musulmans de rébellion (2) parviennent à une solution politique du problème, le combat pour “changer les cœurs et les esprits des anciens et des responsables de communauté” est “l’œuvre d’une vie pour les spécialistes de la communication”. Le conflit à Mindanao, a-t-elle poursuivi, n’a pas seulement trait à l’économie ou à la souveraineté mais “aux idées”. Rapporter des “bonnes nouvelles”, telles que les réalisations menées par les ONG sur place, les groupes religieux et les autres secteurs de la société civile, pourrait contribuer à gagner ce combat, a-t-elle conclu.