Eglises d'Asie

Moluques : sur l’île d’Amboine, l’attaque d’un village, peuplé de protestants, par des assaillants musulmans fait deux morts

Publié le 18/03/2010




Dimanche 13 janvier, le village de Rutong, situé sur la côte sud de l’île d’Amboine, a été attaqué par un groupe d’assaillants armés de fusils automatiques. Peuplé majoritairement de chrétiens protestants, le village de Rutong essuyait là sa quatrième attaque depuis que les Moluques sont la scène, depuis maintenant trois ans, de sanglants affrontements entre les communautés chrétienne et musulmane. Selon le Centre de crise du diocèse catholique d’Amboine, les assaillants étaient au nombre de 500 mais, selon une dépêche de France-Presse, ils n’étaient qu’une vingtaine. Quoiqu’il en soit, le groupe s’est heurté à l’entrée du village à une vive résistance, les forces de police des Brimob, aidées de certains villageois, de la police régulière et de soldats de l’armée, réussissant à les faire fuir. Un des assaillants musulmans a été tué lors de l’opération ainsi qu’une villageoise, âgée de 75 ans, morte des suites de ses blessures après avoir été touchée par une balle perdue.

Après une période de Noël et de la fin du ramadan relativement paisible, le conflit des Moluques a ainsi de nouveau fait des victimes sans qu’une solution paraisse se dessiner à l’horizon. A la question de savoir qu’est-ce qui fait perdurer ce conflit, le P. C.J. Böhm, secrétaire du Centre de crise du diocèse d’Amboine, répond la chose suivante. Selon lui, il est aujourd’hui clair que les heurts sont désormais principalement limités à la ville d’Amboine et aux villages voisins. Bien que la défiance soit encore largement partagée dans les deux camps, chrétien et musulman, les actions armées à grande échelle sont devenues rares. Le P. Böhm poursuit en expliquant que le commandant local de la police, Farouk Mohamad Saleh, pense que les bombes, placées ici et là ces derniers temps, ne trouvent pas leur origine dans l’un ou l’autre camp mais sont l’œuvre d’une tierce partie qui souhaite que le conflit perdure car elle y trouve un intérêt matériel (vente d’armes, de drogue, etc.). Interrogé sur le fait de savoir si des éléments des forces de sécurité sont impliqués dans ces trafics, le chef local des forces armées, le commandant Mustopo, a répondu qu’il n’écartait pas cette possibilité.

Par ailleurs, Jusuf Kalla, ministre des Affaires sociales, qui a servi de médiateur dans le conflit entre chrétiens et musulmans dans la région de Poso sur l’île de Célèbes, a déclaré le 11 janvier que le gouvernement à Djakarta allait essayer d’appliquer aux Moluques le modèle de réconciliation tel qu’il a fonctionné avec la « Déclaration de Malino » (2). Toutefois, a-t-il ajouté, le conflit des Moluques faisant rage depuis plus longtemps et ayant atteint un degré de sauvagerie « cinq fois supérieur à celui de Poso », la réconciliation entre les communautés ne sera pas aussi facile à obtenir que sur l’île de Célèbes.