Eglises d'Asie

PARTAGER L’EVANGILE AUJOURD’HUI

Publié le 18/03/2010




Chers amis,

Je considère comme un grand privilège le fait d’avoir été invité à partager quelques idées avec vous au moment où vous êtes rassemblés à Shillong, venant de diverses parties du pays pour ce symposium national dont le but est de rappeler l’encyclique Redemptoris Missio (RM) à l’occasion du dixième anniversaire de sa publication. Je remercie les organisateurs de ce grand événement de nous avoir donné la chance de réfléchir ensemble pour voir comment nous pouvons rendre vivant le message central et l’esprit dynamique de cet important document missionnaire.

Je n’ai pas l’intention d’entreprendre une analyse textuelle du document ou de tracer l’évolution de la pensée dans les autres documents missiologiques parus avant ou après lui. Au cours des prochains jours, nous allons entendre beaucoup de conférenciers éminents et nous allons approfondir notre connaissance du mandat missionnaire que nous avons reçu, ainsi que nos obligations missionnaires. Je vais simplement essayer de proposer devant vous certaines considérations sur la question de savoir comment rendre notre service missionnaire efficace, porteur de sens et en phase avec notre temps.

Devenir des icônes de l’amour de Dieu pour son peuple

Je vais commencer en citant un texte souvent très mal compris de Ecclesia in Asia que voici : “De la même manière que au cours du premier millénaire la Croix fut plantée sur le sol de l’Europe, et dans le second millénaire sur celui de l’Afrique et de l’Amérique, nous pouvons prier pour qu’au cours du troisième millénaire une grande moisson de foi soit récoltée dans ce vaste et vital continent” (Ecclesia in Asia, 1). Ce texte a été spécialement choisi pour être critiqué par nos amis partisans de . Plusieurs porte-paroles de la communauté chrétienne semblent eux aussi embarrassés par cette manière d’exprimer un désir pour le millénaire. Il leur semble exprimer la menace d’un prosélytisme massif.

Ce court passage peut évidemment être diversement interprété. Je ne prétends pas avoir un charisme spécial pour me plonger dans sa signification profonde. Mais j’aimerais jeter un coup d’œil aux récents événements tragiques au Manipur et dans le Nord-Est de l’Inde à la lumière de cette prophétie synodale. Est-ce de la Croix que l’Eglise du Manipur a fait l’expérience ces dernières années ? Est-ce que la solidité de la foi de ces vaillantes personnes qui sont tombées victimes des balles n’était pas évidente ? Le témoignage chrétien de ceux qui ont donné leur vie et de ceux qui ont souffert avec eux était-il éloquent ? Est-ce que les travailleurs chrétiens de ces territoires remplissent encore leur mission donnée par Dieu et restent fidèlement à leurs postes ? La fécondité de leur foi ne fait-elle aucun doute ?

Sans entrer dans les circonstances immédiates qui ont causé leur mort, il y a quelque chose qui leur était commun à tous : ils étaient au service de l’Evangile et du peuple du Manipur. Par leur détermination à rester fidèles à leur service jusqu’à la mort, ils sont devenus des icônes de l’amour de Dieu pour son peuple. Le défi pour l’Eglise en Inde aujourd’hui, c’est de s’élever jusqu’à cette mesure de générosité et de devenir des icônes de l’amour de Dieu au milieu de son peuple. La Croix n’a-t-elle déjà mis un pied ferme dans le Gurajat et l’Orissa ? En Indonésie, au Timor et en Chine continentale ? En cela, le pape avait raison. Il prédisait l’expérience de la “croix”, non d’une “couronne”. En fait, la Croix est en train ces temps-ci d’être plantée dans le sol du sous-continent asiatique. Il y a des années, Raymond Lull a dit : “Les missionnaires convertiront le monde en prêchant, mais aussi en versant leurs larmes et leur sang par un travail pénible et à travers une mort amère”.

Lorsque le pape Jean-Paul II parle de Dieu “qui ouvre devant l’Eglise les horizons d’une humanité plus préparée (à recevoir) la semence du Verbe” (RM 3), et qui prévoit “l’aurore d’un nouvel âge missionnaire” (RM 92), il admet franchement que des martyrs sont “indispensables” pour un partage effectif de l’Evangile (RM 45). Dès lors, rien n’est là pour montrer que c’est une couronne qui attend les croyants chrétiens. C’est plutôt la Croix qui sera devant nous, qui avancera avec nous, qui pressera doucement sur nos épaules et qui même pèsera lourd sur nos faibles structures physiques. Mais la Croix ne nous trahira jamais, car c’est la Croix qui rachète.

Il est intéressant de noter que les accusations portées à l’encontre des chrétiens, à l’heure actuelle, sont en adéquations avec celles d’il y a plusieurs siècles, comme par exemple l’empereur Julien (332-63). “L’athéisme (i.e. la foi chrétienne) s’est particulièrement occupée des étrangers et des funérailles. C’est un scandale qu’il n’y ait pas un seul juif qui soit mendiant, de même que les “sans-dieu” galiléens ne s’occupent pas seulement de leurs pauvres, mais aussi des nôtres ; pendant ce temps, ceux qui dépendent de nous-mêmes attendent vainement l’aide que nous devrions leur apporter.”

De manière similaire, Celsus, environ 2000 ans avant Arun Shourie, accusait les chrétiens de vouloir impressionner les pauvres et les ignorants en tentant de les convertir. “Loin de nous, disaient les chrétiens, peut se trouver une personne de n’importe quelle culture, sagesse ou jugement ; leur objectif est de convaincre seulement les personnes faibles et influençables, les simples d’esprit, les esclaves, les femmes pauvres et les enfants. Ils croient comme des mendiants et des charlatans ; ils ne pourraient pas s’adresser à une assemblée de personnes intelligentes. mais s’ils voient un groupe de jeunes gens ou d’esclaves, ils s’y intègrent et cherchent à gagner l’admiration de la foule. C’est la même chose dans les maisons privées. Nous pouvons y voir aussi des gardiens de moutons, des cordonniers, des blanchisseurs, des personnes peu éduquées. Ils font attention à ne pas ouvrir leur bouche en présence de leurs maîtres, alors qu’ils sont âgés et capables de poser un jugement par eux-mêmes. Mais s’ils arrivent à trouver un enfant seul, une femme dépourvue de sens commun comme eux-mêmes, alors ils essaient de les pousser à les rejoindre. Ce sont les seuls qu’ils arrivent à former comme croyants.” (Origène, Contre Celsus III, 49-55). Arun Shourie et M.V. Kamath diffèrent-ils en que ce soit par rapport à Celsus ?

Tertullien se fait également l’écho d’accusations contre les chrétiens, “Si le Tibre franchit les montagnes, si le Nil ne jaillit pas dans la plaine, si le ciel ou la terre ne bouge pas, s’il y a une famine, s’il y a une épidémie, le cri est alors “Les chrétiens aux lions ! Quoi, tous pour un seul lion ?” (Tertullien, Apologie)

Porter l’Evangile au plus profond de la personne

Il y a quelque chose d’unique au sujet des icônes. Elles parlent à l’inconscient collectif des communautés. Elles parlent aux illettrés. Elles parlent aux masses. Elles parlent aux personnes qui sont sensibles à la poésie. Elles parlent aux gens ouverts à la religion. Elles influencent la culture à une plus grande profondeur. Elles adressent l’Evangile à la psyche hunaine. C’est pourquoi l’icône d’une Mère Thérèsa était incroyablement intelligible et acceptable aux masses indiennes et à tout le reste du monde. Les icônes signifient beaucoup pour une société dans laquelle une communication non verbale tient une place privilégiée et dans laquelle un partage non raisonné est le mode de communication le plus désirable en matière de religion. Nous ne devons pas sous-estimer le pouvoir des images.

Des chercheurs parlent de communication en tant que pré-verbale, épiverbale, subverbale et non-verbale (Rhetoric in Intercultural Contexts, ed. Alberto Gonzales, Dolores V. Anno, International and Intercultural Communications Annual, 1999, Vol. XXII – Sage Publications, Thousand Oaks, 2000). Les Asiatiques préfèrent, en général, une approche non-argumentative de ce qui est lié à la religion. Les Chinois disent souvent d’eux-mêmes : “Nous ne disputons pas” (ibid. 59).

Le Mahatma Gandhi était un génie pour créer des images : le pagne, le métier à tisser, la marche du sel, la vie en ashram, les réunions de prière interreligieuses, les jeûnes, le séjour au milieu des harijans, les périodes de silence. tout cela avait une signification symbolique qui parlait à la population indienne. Il incita à l’action des millions de personnes inertes et passives comme peu de gens dans l’histoire ont été capables de le faire. C’est à partir des traditions jaïn et hindoue que le Mahatma Gandhi tirait son inspiration pour de nouveaux symboles, alors que souvent il proclamait un message chrétien.

L’hindouisme se communique et se propage davantage en utilisant des symboles plutôt qu’un credo bien formulé : fêtes, jeûnes, personnalités, nombres, symboles tels que OM, la couleur safran, le lotus, Trishul, la croix swastika, Yatras, Yajnas, l’image de Hanuman, l’image d’un Ganesh bien-portant, des manifestations de Kali ou Durga, la sagesse donnée Saraswati, l’iconographie hindoue, les rivières sacrées, les interdits alimentaires, les célébrations annuelles, les renonciations, la sanscritisation des noms et des traditions, la hiérarchisation des personnes et des communautés, la codification des règles, l’élaboration de rituels, de liste des privilèges, la réglementation des croyances sociales, l’usage du feu, de l’eau, de l’encens et des mantras.

Jésus parlait en images : la lumière, le sel, la lampe, le filet, la pièce d’argent, la graine de moutarde, l’eau vive, la brebis perdue, le semeur qui sortit pour semer, l’homme qui marchait de Jérusalem à Jéricho, l’homme qui distribuait sa fortune avant de partir pour un long voyage. Il n’enseignait rien sans utiliser des paraboles (Mt 13, 34). La tradition chrétienne orientale exprime la foi avec un riche usage d’images dans l’enseignement, les hymnes, la liturgie. La tradition occidentale aussi a accordé une grande importance à l’éducation des fidèles dans la foi par l’usage des images : dans l’art, l’architecture, les vitraux, le symbolisme liturgique, les formes d’ascèse et de discipline religieuse, le calendrier chrétien pédagogiquement marqué par des observances chrétiennes. Anthony Wessels observe : “Sans symboles et coutumes populaires, le contenu de la foi n’aurait pas été accepté dans les cœurs et l’esprit des peuples” (Wessels 1994 : 168).

C’est seulement la personne qui avait “vu et entendu” (1 Jn 1,3) qui devint capable de communiquer ce qu’elle avait expérimenté.

“L’ultime mystère peut certainement être davantage présenté dans les symboles du mythe que dans les concepts de la pensée”, disait Hans Jonas (Wessels 1994 : 176). Le mythe crée le sens du respect, de la gratitude, du dépassement. Le mythe, en un sens, n’est pas objet de connaissance, mais en est plutôt une catégorie. Il correspond au “subtile et direct langage de l’expérience, et reproduit des instants de vérité dans son universalité.” C’est le symbole d’une importante réalité ayant une signification archétypale. “La révélation chrétienne n’a pas détruit le moteur de l’imagination humaine, mais l’utilise et lui ajoute une valeur nouvelle.” (Wessels 1994 : 179).

La Réforme introduisit une ère de “Culture de la Parole” en Occident (Wessels 1994 : 62). Statues, peintures et beaucoup d’autres images religieuses furent bannies des lieux de culte ainsi que des pratiques et des observances de la vie chrétienne. Le succès qui a suivi des sciences exactes ne fit que fortifier cette tendance et il bâtit une confiance exagérée dans le pouvoir de la parole. La philosophie grecque avait déjà été inclinée dans cette direction.

Avec la popularité de la télévision dans les temps modernes, nous retournons une fois de plus à l’ère des images. Et nous avons vu comment les images des médias parlent, influencent les esprits, changent les mentalités, transforment les cultures et révolutionnent des sociétés entières, même celles des communautés les plus éduquées qui vivent dans les régions les plus développées du monde. Les images peuvent tromper les gens, les mettre en esclavage ou les porter au pouvoir. Pendant que la télévision et les autres médias audiovisuels peuvent égarer et embrouiller, ils peuvent aussi devenir des “théologiens narratifs”. Les meilleurs livres ne sont pas des discussions et traités théologiques chargés d’idéologie mais “les œuvres vivantes des artistes qui sont connectés aux sources de la fantaisie” (Wessels 1994 : 184) et de la foi.

Avec l’abolition des mythes’ et des images d’un monde moderne sécularisé, l’inconscient humain silencieux et incomplet commençait à s’exprimer sous des formes artistiques, littéraires, musicales et par des films (Wessels 1994 : 181) ; sans oublier les aberrations religieuses, l’expérimentation de nouveaux credos et l’expérience de religions ésotériques, de styles de vie étranges et nimbés de surnaturel. Il peut être inadéquat d’y ajouter les talibans, le Falungong et Bajrang Dal, mais ils s’en rapprochent.

Les Asiatiques communiquent en images avec une grande spontanéité. Lorsque Mao dit que la moitié du ciel est occupé par les femmes, le sens était puissamment clair. Ou lorsque Deng dit que cela n’avait pas d’importance que le chat fut blanc ou noir aussi longtemps qu’il attrapait les souris, il soulignait qu’il n’était pas important d’avoir un système communiste plutôt qu’un système capitaliste, aussi longtemps que la prospérité des gens était assurée.

Depuis l’indépendance, le mouvement Advani Rath Yathra draine davantage de millions de personnes dans les rues, que n’importe quelle autre organisation. Les activistes du BJP ont montré leur aptitude à utiliser les cassettes audio et vidéo, posters, fascicules, autocollants, vêtements, ornements et autres bracelets portant le symbole du lotus, feuilles pliées, programmes pour yajnas, communautés, campagnes de construction de temples, le mélange des eaux provenant des rivières sacrées en Inde, la collecte de briques dans tout le pays et à l’étranger pour la construction d’un temple à Ayodhya (Mukhopadhyaya 1994 : 308-9). Ces impressionnantes images permettent d’édifier l’utopie d’une vision hindoue. Les activistes VHP tentent de retrouver, de réinventer et d’élargir la tradition brahmanique, afin d’affaiblir la tendance humaniste et moderniste qui se développe dans la société indienne (McGuire 1996 : 82). Montrer de l’agressivité fait partie de leur fonctionnement. Golwakar disait : “Il est à noter que chaque dieu hindou est armé.” (McGuire 1996 : 257). L’intention est donc clairement d’établir un groupe d’activistes agressifs.

Le voyage à Lahore de Vajpayee était une tentative d’introduire sa poésie en politique, même s’il fut étonné par la prose grammaticalement incorrecte de Kargil ! Le Pakistan répondit au missile indien Prithvi (en mémoire du prince Prithviraj) par Ghori (esprit conquérant de Mahomet à Ghor). Voilà ce qui pourrait être qualifié de langage agressif. Et nous pouvons être étonné de constater l’usage sans fondement de termes religieux, quand par exemple le code pour l’explosion de Pokhran fut “Bouddha a souri”.

Il est intéressant de noter l’évolution du sens et des connotations des symboles. Par exemple, Khadi, qui était le symbole de la ferveur patriotique, de la renonciation, de l’esprit public et du service pour le bien commun durant la construction de l’indépendance, est devenu dans les dessins animés et films le symbole des politiciens corrompus dans l’Inde contemporaine ! De même, la signification de la couleur safran, portée par la plupart des religieuses en Inde, est en train de changer rapidement, étant fortement associée avec le VHP !

Pourquoi les autorités chinoises sont-elles plus effrayées par le groupe Falungong, plutôt passif, que par les militants des droits de l’homme ? Le premier groupe en appelle à l’esprit de la communauté chinoise, alors que les second ne touchent que les personnes tournées vers l’Europe et l’Amérique. Pourquoi la fatwa de Khomeini contre Salman Rushdie fut-elle plus menaçante que toutes les menaces jamais proférées par un militants d’une cause sociale ? Parce que le premier prend ses racines dans les anciennes traditions et la loyauté, alors que le second a acquis ses convictions dans une période récente. Pourquoi est-ce que le self-respect movement’ de Periyar trouve des soutiens dans tout ce qui lutte en Inde auprès des dalits, alors que le mouvement Naxalite se maintient à grande peine dans certaines régions de l’Inde ? Les premiers ont touché les racines profondes des communautés et appellent à l’esprit collectif, alors que les second sont d’inspiration étrangère, et même s’ils sont puissants entre les mains d’activistes so-ciaux, ils ne touchent l’inconscient des communautés. Pour-quoi est-ce que les différents mouvements des aborigènes trouvent des soutiens et procurent un certain dynamisme à leurs activistes ? Parce qu’il leur est demandé de défendre leur identité et d’utiliser l’esprit collectif de la communauté.

Présences et services comme messages

Les services chrétiens à travers le monde sont impressionnants. Les agences humanitaires nationales et internationales apprécient grandement le travail que fait l’Eglise dans tous les domaines de l’assistance et des réformes sociales. Nous sommes souvent tentés de regarder le volume de travail qui est accompli par les organisations de l’Eglise et de mesurer leur efficacité en termes de statistiques et de bénéfices sociaux visibles. Tout cela est légitime. Mais leur utilité peut-elle aussi être mesurée d’une autre manière ? Par exemple dans la mesure où elles orientent vers le Transcendant ? Dans la mesure où elles parlent de Dieu ? Dans la mesure où elles sont les images des vérités éternelles de Dieu ? Dans la mesure où elles représentent son amour, son pardon bienveillant, son initiative réconciliatrice, sa touche qui apporte la guérison, son message révolutionnaire ?

Nous avons l’habitude d’évaluer nos travaux en termes de résultats quantifiables, et non pour leur valeur de signes. Mais en analyse finale, c’est la valeur de signe qui fait la différence. Le travail de Jésus qui guérissait et nourrissait les gens montrait un but au-delà du service immédiat qu’il rendait. Il expliquait la signification de ce qu’il avait fait à travers un message de salut. C’est après qu’il eut ouvert les yeux de l’aveugle qu’il parla de lui-même comme de la lumière du monde. C’est après qu’il eut nourri les foules qu’il se présenta comme le pain de vie. La parole expliquait l’image. Et le message était clair. Si notre travail d’éducation, de santé et de transformation sociale n’a pas de valeur comme signe, il a perdu son but ; c’est un service sans âme. S’il ne parle pas de quelque chose au-delà de lui-même et de ses buts immédiats, il manque de vie et de propos. Ses cibles tangibles doivent être transcendées. C’est sa valeur de signe qui fait la différence dans le long terme. Quelqu’un a dit que c’est seulement lorsque nous commençons à regarder au-delà des buts visibles, que ces buts visibles eux-mêmes peuvent être atteints de façon significative.

Selon certaines études, les Eglises se consacrant davantage au christianisme social’ se sont retrouvées en déclin une fois leur objectif atteint. En fait, ceux qui ont rejeté les Eglises au premier abord sont ceux qui ont largement bénéficié des programmes d’aide sociale. D’un autre côté, les Eglises ayant offert un christianisme pastoral’, développant le mystère’ dans leur organisation, tout en ne négligeant pas les aspects sociaux, sont toujours en progression. Elles suivent des objectifs sociaux, tout en pointant le sens spirituel dans l’homme. Cela nous donne à réfléchir. Ceux qui instrumentalisent la religion à leur propre avantage, pour des intérêts idéologiques ou politiques, manquent ce qu’il y a de mieux dans une vie humaine. Ceux qui se limitent à l’aspect séculier, sans avoir davantage d’objectifs, sont dans un propos incomplet. Voltaire disait recommander la religion à son épouse pour qu’elle soit fidèle, et à son boucher et épicier afin qu’ils restent honnêtes. Est-ce cela la religion ? N’y a-t-il pas davantage d’éléments mystiques ?

Une communauté religieuse qui se rassemble pour prier et offrir son service, une communauté chrétienne qui vit en harmonie et qui agit comme agent de réconciliation, une équipe de croyants engagés et qui travaillent pour la transformation sociale… ce sont là des signes de la présence de Dieu et de son action dans le monde, signes auxquels on ne peut pas résister. Ils traduisent l’Evangile dans la vie et ils écrivent leurs actions dans l’histoire humaine. Ils sont de puissants évangélisateurs même au milieu des plus grands obstacles. Ils sont comme une ville bâtie sur une montagne et qui ne peut être cachée. Ils sont comme une lampe placée sur un lampadaire. Ils constituent ce qu’on peut appeler une “image vivante”. Anthony Wessels appelle l'”image vivante” le Cinquième Evangile (Wessels 1994 : 184), spécialement quand il utilise le langage de l’amour (ibid 194) comme le fit Mère Thérésa. Dans la situation présente de notre pays, le message offert par l'”image vivante” d’une communauté de foi semble être le meilleur moyen d’évangélisation.

Recherche de sens

La question que nous posons, par conséquent, n’est pas de savoir si l’Evangile a quelque chose à offrir aux hommes de notre temps, mais comment nous pouvons le rendre intelligible et acceptable ; comment on peut le faire tel qu’il s’adresse aux problèmes du jour et qu’il indique de plus grandes possibilités humaines. On dit que la raison du succès du “discours de Gettysburg” de Lincoln et du discours inaugural de Kennedy était qu’ils exprimaient les sentiments de la nation et qu’ils réfléchissaient l’humeur de la nation à un moment donné. L’Evangile doit être adressé à des gens (tribu, caste, communauté, groupe ethnique, société) de telle manière qu’il réponde à leurs besoins, leurs aspirations, et leurs désirs à une période particulière de l’histoire. C’est alors, en vérité, que le message prend vie. Une telle annonce de l’Evangile n’est pas simplement une matière de discussions académiques, de talent oratoire ou démagogique mais elle implique bien plus que cela : une interprétation correcte de l’histoire, une correcte compréhension du temps dans lequel nous vivons, la capacité de ré-interpréter cette compréhension pour l’adapter au lieu spécifique où on travaille, une saisie ferme des divers courants sociaux et des forces conflictuelles en opération, et une recherche sobre de son propre rôle dans cette situation complexe. Des réponses simplistes, chargées d’idéologie, pleines de jargon, ne peuvent qu’induire en erreur.

Nous motivons les personnes lorsque nous sommes impliqués. Nous pouvons ne pas partager complètement le point de vue de Nehru quand il affirme que nos religions en Inde, après des milliers d’années d’enseignements, n’ont jamais motivé quiconque à planter un arbre, construire une maison, drainer un champ ou construire un barrage. Mais son commentaire pousse à la réflexion.

De toute manière, il existe de nos jours des choses inquiétantes. On peut lire ici ou là des rapports faisant état de sacrifices humains ou de la pratique du sati. S’il y avait réellement une croyance en la dignité humaine, de tels actes ne seraient plus possibles. C’est la foi chrétienne qui, par la transcendance et la fin spirituelle de la personne humaine, a souligné l’importance des droits individuels de la personne. Les droits de l’homme ont de profondes racines religieuses.

The Hindu, daté du 9 septembre 1996, rapportait qu’un fermier du Pendjab avait tué un garçon de dix ans le 30 août 1996 sur la foi d’oracles tantriques, selon lesquels le sacrifice d’un jeune garçon apporterait la prospérité (Periyar 1996 : xviii). Il y a aussi le cas des suicides collectifs à Amarnath où les pèlerins croyaient que mourir durant un pèlerinage les conduirait au salut (ibid. xvi). Les astrologues et les tantriques sont de plus en plus consultés par les Premiers ministres et les présidents. Une chaire d’astrologie et d’études du sacerdoce hindou a été proposée à l’Université. On ne sait pas jusqu’où iront ces déviances.

Ce qui est source d’anxiété dans la société dans laquelle nous vivons, ce ne sont pas seulement des problèmes économiques et démographiques, mais une situation de déclin moral, d’agressivité culturelle, de désunion politique, de division sociale qui sont si visibles autour de nous. A un moment où des systèmes entiers s’effondrent, où les principes d’éthique disparaissent de la vie publique et que la violence s’enracine dans la société, pouvons-nous construire un nouveau consensus sur des valeurs communes, consensus qui contribuera à la survie de l’humanité ? Allons-nous subordonner nos convictions de foi et les valeurs humaines universellement acceptées à des menaces politiques immédiates, à des intérêts économiques ou à des buts idéologiques en perpétuel changement ? Est-ce que les intérêts de l’humanité seront servis au mieux en permettant aux intérêts sectaires de la communauté dominante de faire la loi ? C’est en essayant de répondre à ces questions complexes que le message de l’Evangile a quelque chose à offrir. T.S. Eliott a une puissante manière d’exprimer cette idée : “Même maintenant dans des circonstances particulièrement sordides, le dessein éternel (de Dieu) peut apparaître.” (T.S. Eliott, Meurtre dans la cathédrale).

Les militants de ont trouvé qu’il était plus facile de démolir une mosquée et de retenir les éléments préfabriqués du temple qu’ils projettent de bâtir comme menace politique plutôt que de combattre la corruption, le système des castes ou l’analphabétisme (Mangalwadi, 1997 : 39). Les mentors spirituels du grand mouvement de ont essayé de rassembler les énergies mystiques des grandes traditions de l’Inde pour motiver les politiciens et les bureaucrates à marcher droit. La mesure très limitée de leur succès est bien connue.

Peu importe les piètres résultats constatés sur son propre territoire, l’Inde est toujours prête à vendre ses idées au reste du monde ! Le mouvement des gourous s’est propagé dans le monde entier. Certaines caractéristiques sont communes : dévotion envers un gourou déifié, complète obéissance au gourou, concentration sur des pratiques ou une certaine discipline, croire que toutes les religions sont valables, s’éloigner des activités sociales et des engagements dans le monde séculier.

Les mouvements réformistes néo-hindous, nationalistes et internationalistes, suivent le même schéma : utilisation de l’anglais, éducation moderne, rejet de la hiérarchie et du système des castes, croyance en une signification globale de la communauté (dharma) hindoue, besoin d’un gourou et utilisation des médias (Larson 1997 : 139). Ce sont souvent les néo-hindous qui s’opposent aux néo-musulmans (Larson 1997 : 187). En Occident, les jeunes ayant rejeté l’autorité chez eux et dans la société tentent de satisfaire leur besoin de conseils et d’orientation en se soumettant complètement à un gourou. Le disciple n’est pas supposé demander au gourou si ses théories sont vraies, mais il est appelé à croire. Le gourou est un dieu infaillible (Mangalwadi 1999 : 26). Il se justifie par sa propre expérience (Mangalwadi 1999 : 35).

L’acceptation d’une vision de la vie complètement séculière, individualiste et matérialiste, des temps modernes, a conduit les gens à rechercher une religion ouverte’ à l’ésotérisme. En Occident, le gourou rempli le vide laissé après avoir quitté le christianisme, même ceux qui paraissent athées ou agnostiques peuvent devenir des animateurs d’Eglises (Mangalwadi 1999 : 18-19). Mais le mouvement gourou ne semble pas pouvoir proposer un renouvellement moral dans la société.

L’évangélisation dans notre temps devrait donc dépasser la prédication de routine, la répétition de platitudes, la dénonciation de ce qui est évidemment condamné. Tout cela est évidemment nécessaire, mais non suffisant. Offrir l’Evangile aujourd’hui devrait inclure exercer une influence morale sur la société de telle manière que celle-ci se sente mise au défi de réviser ses systèmes de valeurs, de réviser ses normes de vie et de réorganiser ses énergies d’après certains codes de conduite humaine universellement acceptés. Tout style de conscientisation, d’“organisation des opprimés” ou de lutte pour la justice qui ne contribue pas de façon significative à cette forme de régénération culturelle, de réaffirmation des valeurs morales, de reconnaissance du besoin d’une plus grande transparence, de résistance à une culture de mort, d’encouragement à un sens de solidarité mutuelle, de respect mutuel et de souci mutuel, cette forme-là ne sera pas trouvée adéquate. Une telle tâche gigantesque appellera à l’affermissement spirituel de communautés croyantes et à leur plus grand enracinement dans l’Evangile. Comme le dit Régis Debray, la religion n’est pas “l’opium du peuple mais la vitamine des faibles”.

L’avenir appartient aux victimes de l’Histoire

Même quand on lutte pour la justice, il existe un style évangélique. La justice de Dieu est une justice qui défend, non qui détruit. Dans notre combat pour la justice donc, une forme d’égoïsme collectif n’est pas combattue avec une autre forme de collective affirmation de soi également égoïste mais avec les énergies spirituelles qui procèdent du “mélange spirituel” d’une forte affirmation de soi et d’exigence de ses droits avec en même temps une douce renonciation à soi-même et à un grand souci des autres. Il faut aussi une loyauté absolue envers sa propre communauté allant avec un dévouement radical au bien à long terme de la société en général.

Un heureux mélange de ce qui apparaît des choses opposées n’est ni impossible ni indésirable. Il est généralement considéré qu’une partie du génie asiatique, c’est d’harmoniser les contraires. C’est l’échec de réaliser une nouvelle synthèse et d’atteindre une nouvelle harmonie qui conduit les actions humaines à aller successivement d’une exagération à l’autre et d’une position radicale à une autre. Le pendule continuera à se balancer aussi longtemps qu’il existera un déséquilibre calculé d’un côté ou de l’autre. On doit planter des influences modératrices dans les mécanismes construits pour revendiquer ses droits ou pour lutter pour les intérêts de sa communauté. Une telle attitude jaillit de la confiance que l’avenir appartient aux “victimes de l’histoire”.

Les Béatitudes offrent la plus sûre assurance de temps meilleurs pour les victimes de l’histoire. Bienheureux ceux qui souffrent. Mais lorsque les victimes cherchent à punir l’oppresseur trop sévèrement au lieu d’entrer avec lui dans un dialogue critique, et qu’elles commencent à agir agressivement avec l’agresseur, l’avenir’ s’échappe vite de leurs mains en faveur des nouvelles victimes de l’histoire. En d’autres termes, à moins que nous ne bâtissions une situation où on “stimule l’harmonie” et que nous introduisions une “culture de responsabilité” les uns envers les autres, la société ne fera aucun pas en avant. Un groupe traînera l’autre vers l’arrière.

La créativité se manifeste à la périphérie

Nous sommes à la recherche de manières créatives et innovatrices de partager l’Evangile. De façon étonnante, dans beaucoup de domaines de la vie, la créativité ne réside pas chez les groupes dominants ou chez les leaders intellectuels, mais chez les hommes situés aux marges de la société ; non chez l’élite en recherche de plénitude, ou qui souffre d’ego meurtri mais chez les groupes plus faibles qui se battent pour survivre et qui sont sereinement confiants dans leurs destinées ; non chez ceux qui ont des réponses toutes prêtes et dont les réflexions sont percluses de stéréotypes et dans un jargon usé, mais chez ceux qui font face aux problèmes humains actuels dans la vie réelle avec leurs manifestations multiples ; non avec ceux qui sont ligotés par des règles et qui se contentent des manières habituelles de fonctionner, mais avec ceux qui prennent des risques et qui s’aventurent dans de nouvelles directions ; non avec ceux qui placent toute leur confiance dans leurs abondantes ressources et leur débrouillardise sans limites, mais sur ceux qui s’appuient tout simplement sur Dieu.

Contrairement à ce que l’on croit souvent, la créativité des pauvres s’exprime surtout non dans la colère et l’agressivité, mais dans le pardon et la foi. C’est la capacité de pardonner qui augmente la personnalité des personnes diminuées, qui les investit d’une dignité spéciale et qui les équipe d’un sens d’égalité même avec les plus grandes puissances sur la terre. Le cri des pauvres n’est pas un cri suscité par des activistes sociaux, mais l’expression d’une faim spirituelle, d’une confiance dans Celui qui, ils le savent, interviendra certainement en leur faveur. C’est la créativité des pauvres qui donne de nouvelles directions à l’histoire humaine. Arnold Toynbee, dans son volumineux Une étude de l’histoire, se réfère continuellement à la contribution créative des pauvres le prolétariat intérieur”, comme il les appelle) dans le champ de la religion et la croissance de la civilisation.

En vérité, nous devons discuter, comme nous le faisons aujourd’hui, des concepts et des diverses approches se rapportant à l’évangélisation, au dialogue, à l’inculturation, à l’organisation de la santé et à l’éducation, au combat pour la justice et autres sujets semblables. Mais la créativité se révélera seulement dans des situations concrètes : un missionnaire qui essaye de nouvelles manières de partager l’Evangile avec des résultats surprenants, sans précédents, sans équipements ou méthodes sophistiquées, sans plans élaborés ni éducation spéciale ; ou bien un travailleur de l’Eglise qui ouvre de nouvelles voies au dialogue, offrant de nouvelles possibilités ; une équipe chrétienne locale qui réalise des résultats imprévus en matière de justice, de développement, de réconciliation ou de paix. Nous pouvons seulement encourager ceux qui lancent ces entreprises, apprendre à partir de leurs actions, et proposer des modèles de valeur pour qu’on les imite. Et quelques-uns seront certainement imitables.

L’histoire semble nous révéler le fait curieux que le génie de l’Inde se trouve souvent “hors du courant principal”. Vyasa, l’auteur de Mahabharata, et Valmiki, le compositeur du Ramayana, appartenaient à ce que nous appelons aujourd’hui les communautés dalits. Il en était de même pour les mystiques médiévaux comme Kabir, Tukaram et d’autres. De nos jours, lorsque l’Inde a dû rédiger une Constitution, ce fut à Ambedkar, un autre dalit, que l’on demanda de l’aide. Il n’est probablement pas présomptueux de suggérer que les dalits, les aborigènes et autres communautés semblables vont apporter une contribution de plus en plus grande à la cause nationale dans le futur. Nous, dans le Nord-Est, croyons fermement que les gens de la périphérie de la nation ont quelque chose de très important à offrir à toute la nation et à tout le reste du monde. L’histoire seule nous dira quoi.

L’expérience de Dieu

Samuel Huntington, dans son livre controversé Le choc des civilisations, a prétendu que les guerres futures seront combattues par des peuples de civilisations différentes. Pendant que son livre, très intéressant, présente une nouvelle vision de l’histoire et offre beaucoup d’aperçus nouveaux sur la situation mondiale d’aujourd’hui, il n’est pas très clair pourquoi des peuples de civilisations différentes devraient nécessairement se combattre. Hans Kung nous entraîne une étape plus loin. Il dit qu’il n’y aura jamais de paix entre les civilisations tant que la paix ne se sera pas faite entre les religions. Cette conclusion est fondée sur l’idée que les conflits entre les civilisations sont portés par les conflits entre les religions.

Bien que j’apprécie la valeur de ce point de vue, j’aimerais en proposer un autre. Toutes les guerres au cours de l’histoire ont été des chocs entre deux ensembles d’égoïsmes collectifs, qu’ils soient ethniques, régionaux, nationaux ou internationaux. Des guerres ont été combattues au nom de la religion, c’est vrai. Mais elles n’étaient pas des “guerres de religion”, elles étaient plutôt des egos enflés qui entraient en collision.

Mais aujourd’hui, on combat des batailles nouvelles. Nous constatons un fossé de plus en plus grand entre religion et irreligion. Nous ne parlons pas ici de formes légitimes de sécularisme. Nous nous référons plutôt à une forme de matérialisme sans âme et sur un type d’egocentrisme qui cherche à chasser l'”Autre” de l’existence. Devant cette vision de la vie et des réalités sans Esprit et sans “Autre”, toute forme de religion est menacée. Elle promet de n’épargner ni foi, ni philosophie, ni codes éthiques, ni société ou civilisation.

Dans le long terme, le choc des intérêts ne sera pas entre une religion et une autre, comme le prétend Hans Kung, mais entre religion et irreligion, croyance en Dieu et incroyance, entre ceux qui veulent promouvoir l’esprit humain et ceux qui veulent le supprimer. Partant d’une forme légitime et saine de sécularisme, de grands pans de la société humaine deviennent totalement étrangers à quoi que ce soit qui fasse référence à la religion. L’esprit humain ne semble pas reconnu dans la société moderne sécularisée, et on semble chercher vainement comment placer quelque part les fondations d’une société moralement saine. Irreligion et nihilisme n’offrent aucun espoir. “Si les hommes pensaient à Dieu autant qu’ils pensent au monde, demandait un ancien sage indien, qui n’atteindrait pas le salut ?” (Maitri Upanishad 6 : 24)

Un temps vient où tous les croyants en une religion devront se donner la main pour préserver et renforcer leur foi en Dieu et pour promouvoir ces valeurs qui soutiendront l’esprit humain. Ils devront donner leur support à un combat continu contre les forces de l’irreligion qui s’efforcent d’établir leur domination sur l’histoire humaine. Au cours de ce combat, cela deviendra évident, on devra se battre contre l’irreligion même dans les rangs des religieux, des personnes au service de la religion, et dans son propre cœur !

Une chose est certaine : la critique de la religion par les irréligieux purifie notre compréhension de la religion, nous débarrasse des superstitions et de notre égoïsme collectif. Et la critique de la chrétienté par des personnes d’une autre foi (ou même de l’intérieur de l’Eglise) purifie la société chrétienne. Ne tiendront le coup que ceux qui seront puissamment motivés et qui auront la foi la plus ferme. Mais ayant été intérieurement purifiés, ils deviendront des témoins irrésistibles de la Vérité des annonceurs de l’Evangile convaincants. Ces personnes seront en vérité les messagers qui ont fait l’expérience de Dieu et que l’Inde attend. Ils partageront des réalités dont ils auront fait personnellement l’expérience au fond de leur cœur. Ils pourront répéter avec St. Jean : “Ce qui a existé depuis le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux ; ce que nous avons regardé et touché de nos mains ; le Verbe, qui est la vie – c’est cela notre sujet. Ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons, pour que vous aussi vous soyez en union avec nous, comme nous sommes en union avec le Père et avec son Fils Jésus-Christ.” (1 Jn 1-3). Et ils porteront le monde devant eux !

Références

Huntington, Samuel, The Clash of Civilizations and the Remaking of the World Order, Penguin, New Dehli, 1997

Larson, Gerald James, India’s Agony over Religion, Oxford, Dehli, 1997

Mangalwadi, Vishal, India : A Grand Experiment, Pippa Rann Books, Nivedit Good Books, Mussoorie, 1997

Mangalwadi, Vishal, The World of Gurus, GLS Publications, Mumbai, 1999

McGuire, John, Politics of Violence, 1996

Mukhopahyaya, Nilanjan, Demolition : India at the Crossroads, 1994

Periyar, Is there a God, Emerald Publications, Chennai, 1996

Wessels, Antony, Europe : Was it ever Christian, SCM Press, London, 1994