A Almaty, la cathédrale catholique n’est pas qu’un simple lieu de culte

Publié le 18/03/2010




Au centre de la capitale du Kazakhstan, Almaty, (ancienne Alma-Ata), la paroisse dont l’église est aussi cathédrale n’est pas qu’un lieu de culte au service des catholiques, locaux ou étrangers. Elle est aussi un centre d’action sociale qui essaie de répondre aux besoins les plus urgents de la population. La cathédrale d’Almaty, dédiée à la Sainte-Trinité, n’est pas seulement le siège de l’administration spirituelle et matérielle de la préfecture apostolique, explique Mgr Henry Theophilus Howaniec, franciscain, son administrateur. Elle est aussi le centre d’activités multiples au service de la population et des plus démunis d’entre elle. Des religieuses franciscaines et un frère dirigent les nombreux programmes d’assistance : soupe populaire et infirmerie, crèche, garderie et orphelinat, maison pour handicapés et services de rééducation pour malades et personnes âgées. Trois jours par semaines, le frère franciscain, dans un bâtiment paroissial, supervise la soupe populaire et l’infirmerie. La maison pour les handicapés, baptisée “Arc Village”, est située près de Talgar et l’orphelinat à Kapchagai.

Mgr Howaniec et ses prêtres desservent sept paroisses et une trentaine de dessertes distantes les unes des autres de centaines de kilomètres. Ces petites communautés, de 20 à 100 catholiques ou plus, ne reçoivent la visite d’un prêtre pour la célébration de l’Eucharistie qu’une fois par mois, explique Mgr Howaniec, un Américain de Chicago. A Almaty, la paroisse dessert une communauté fort bigarrée. Une vingtaine de Coréens parlant le russe, descendants d’anciens prisonniers de la deuxième guerre mondiale, s’y retrouvent régulièrement. Le P. Ray Conard, 72 ans, prêtre américain à la retraite, originaire de Green Bay dans le Wisconsin, célèbre la messe en anglais le samedi soir à la cathédrale pour les expatriés de la région. Il parcourt 230 km chaque fin de semaine, de Zharkent à Armaty, une ancienne ville portuaire à la frontière chinoise pour cette célébration. Cette messe en anglais est une des trois messes dominicales. En outre, chaque jour, à 18 h, la messe est célébrée en russe. L’assistance récite l’Office du soir avec les prêtres franciscains.

La cathédrale a été re-consacrée le 7 juin 1998 par le nonce apostolique pour l’Asie centrale, Mgr Marian Oles et le cardinal Zenon Grocholewski, préfet de la Congrégation vaticane pour l’éducation. En août 1999, le Vatican a érigé au Kazakhstan un diocèse et trois administrations apostoliques : Almaty avec Mgr Howaniec, Astana avec l’évêque polonais Mgr Tomasz Peta, Atyrau avec le P. Janusz Kaleta, polonais, et le diocèse de Karaganda avec l’évêque marianiste, Mgr Jan Pawl Lenga.

Le diocèse de Karaganda est situé au centre du pays, à près de 2 000 km d’Almaty, la capitale du pays. A lui tout seul, le Kazakhstan, ancienne République soviétique d’Asie centrale, est plus vaste que l’Europe de l’Ouest. Depuis l’effondrement de l’Union soviétique, le Kazakhstan a connu un changement important de population. D’après les statistiques diocésaines, le nombre des catholiques, de 400 000 en 1991, est tombé à 121 000 dix ans plus tard. Ils sont un millier à vivre à Almaty (un million d’habitants). La plupart des catholiques sont des descendants d’émigrés allemands, polonais ou ukrainiens mais parmi eux se trouvent aussi des Kazakhs, des Coréens aussi bien que des Russes. Pour une population totale de 19 millions d’habitants, 46 % sont musulmans sunnites, 52 % russes orthodoxes et 2 % chrétiens, de différentes confessions. Mis à part les 130 minorités ethniques différentes que compte le pays, les Kazakhs sont les plus nombreux (46 % de la population).

En 2000, il y avait au Kazakhstan 63 prêtres, 74 religieuses pour 250 paroisses et dessertes. Mais seulement 20 paroisses disposent d’une église en dur. Les autres communautés utilisent des maisons privées, des locaux loués ou des appartements. Depuis 1991, la majorité des Européens catholiques est retournée dans les pays d’où leurs ancêtres avaient émigrés au XVIIIe ou XIXe siècle. Pour le P. Eduardo Canetta, un italien originaire de Milan, l’avenir de l’Eglise au Kazakhstan n’est pas lié à la présence des Européens de jadis mais aux Kazakhs d’aujourd’hui et de demain : “Les prêtres et les missionnaires n’ont pas à apprendre le russe mais plutôt le kazakh pour pouvoir entrer en contact avec les jeunes du pays. C’est là qu’est l’avenir”.