Eglises d'Asie – Vietnam
Décès du vénérable Thich Duc Nhuân, religieux ayant milité pour l’indépendance de l’Eglise bouddhiste unifiée
Publié le 18/03/2010
Le religieux, né dans la province de Nam Dinh au Nord, était entré à la pagode à l’âge de treize ans. Après les accords de Genève, il vint résider au Sud-Vietnam où il s’est occupé un temps de la sangha des moines du Nord réfugiés dans le sud. Après 1963, il occupa des postes importants au sein du boud-dhisme unifié. Il est l’auteur d’un certain nombre d’ouvrages religieux, poétiques et historiques. Il s’est particulièrement efforcé d’étudier les rapports du bouddhisme et du peuple vietnamien dans des livres comme Le Bouddhisme et l’histoire du Vietnam, un livre de 692 pages, édité clandestinement en 1999.
En 1985, il avait été arrêté avec un groupe de religieux de l’Eglise bouddhiste unifiée pour une préten-due tentative de coup d’Etat. Il dut attendre jusqu’au 30 septembre 1988 pour être traduit devant le tri-bunal populaire de Hô Chi Minh-Ville en compagnie de 21 autres accusés. Les sentences prononcées à l’issue du procès avaient provoqué une émotion et des protestations générales à l’intérieur du pays comme à l’extérieur. Deux religieux étaient condamnés à mort, d’autres à la prison à perpétuité. Thich Duc Nhuân était condamné à 10 ans de prison. Il fut libéré avant l’expiration de sa peine en 1993. Il re-prit immédiatement sa lutte pour la liberté de son Eglise. Une des dernières lettres écrite par lui date du mois de septembre 2001. Il y expliquait et exaltait le geste de Hô Tân Anh, un dirigeant d’un mou-vement de jeunesse bouddhiste de Da Nang, qui s’était immolé par le feu, le jour de la fête nationale, le 2 septembre, pour protester contre l’oppression exercée par l’Etat contre le bouddhisme unifié (2).
Les obsèques du religieux ont eu lieu dans la matinée du 24 janvier. Malgré les tracasseries de la police, environ 2 000 religieux et fidèles participaient aux cérémonies. Un forte délégation de religieux de Huê et Quang Tri était présente aux cérémonies. Le premier et le second personnage du bouddhisme unifié, Thich Huyân Quang et Thich Quand Dô, l’un et l’autre en résidence surveillée n’ont pu se rendre sur le lieu des obsèques.