Eglises d'Asie

L’extrême droite hindoue relance la question de la construction d’un temple hindou à Ayodhya

Publié le 18/03/2010




Une manifestation de grande envergure animée par le Vishwa Hindu Parishad (Conseil mondial hindou, VHP) vient de relancer l’attention sur le problème de la construction d’un temple hindou à Ayodhya. Le groupe hindouiste a organisé une marche d’une semaine, appelée “Sant Chetavani Yatra la marche des “saints hommes” pour la mobilisation. La marche s’est achevée le 27 janvier dans la capitale, New Delhi. Là, les manifestants ont eu un long entretien avec le Premier ministre Atal Behari Vajpayee.

L’objectif des participants de la marche était d’imposer le 12 mars 2002 comme date du début de la constriction d’un temple hindou sur l’emplacement de la mosquée du XVIe siècle, détruite en 1992 par des partisans du VHP, destruction qui avait provoqué de très graves troubles dans tout le pays et entraîné la mort de plus de 3 000 personnes. Les fondamentalistes hindous prétendaient que la mosquée détruite avait été élevée sur l’emplacement du lieu de naissance de la divinité hindoue Ram.

Lors de leur rencontre avec le Premier ministre, les manifestants lui ont demandé que les 19 hectares de terrain entourant le site disputé soient réservés à la construction du temple. Après la démolition du temple en 1992, le gouvernement fédéral de l’époque, alors entre les mains du Parti du Congrès, avait pris en charge les 27 hectares de terrain d’Ayodhya, y compris l’emplacement de la mosquée et avait laissé au tribunal le soin d’en déterminer le véritable propriétaire. Le gouvernement a transmis la demande au ministre de la Justice. Le groupe d’extrême droite a mis en garde le gouvernement actuel, déclarant que ce dernier devrait faire face aux conséquences de ses actes s’il mettait quelque obstacle à la construction du temple. Aucune autorité ne pourra mettre un terme à notre marche vers Ayodhya après le 12 mars prochain, a déclaré le président du VHP, Ashok Singhal. Il s’est déclaré confiant et assuré que le gouvernement trouverait une solution raisonnable avant cette date.

Pour les membres de l’opposition politique, comme, par exemple, Jaipal Reddy, porte-parole du Parti du Congrès, l’agitation des fondamentalistes hindous serait à but électoraliste et viserait à irriter la sensibilité de la communauté hindoue alors que s’approchent les élections législatives qui, au mois de février, auront lieu dans quatre Etats. L’un d’eux est l’Uttar Pradesh où se trouve le site de Ayodhya. Etat le plus peuplé de l’Inde, il est aujourd’hui gouverné par une coalition conduite par le Bharatiya Janata Party (Parti du peuple indien, BJP). Les sondages effectués ces temps-ci ne sont pas favorables aux autorités en place et pourraient annoncer un revirement général de l’opinion vis-à-vis du BJP. D’autres observateurs pensent que l’agitation des hindouistes d’extrême droite pourrait contribuer à effriter la coalition actuellement au pouvoir. Certains alliés du BJP craignent, en effet, que les sentiments exacerbés de l’extrême droite hindoue ne déclenchent des passions néfastes au sein de la société civile, qui pourraient en être blessée durablement.

Interrogé à ce sujet, le dirigeant du VHP a nié que la marche des “saints hommes” ait eu quelques connotations politiques. Il a cependant reconnu que c’était une tentative pour unir les hindous sur une plate-forme commune.