Eglises d'Asie – Philippines
Tout en se gardant de se prononcer au sujet de la légalité de l’intervention des forces américai-nes, les évêques approuvent l’aide des Etats-Unis dans la lutte contre le groupe Abu Sayyaf
Publié le 18/03/2010
Réunis à Tagaytay, au sud de Manille, pour la réunion semestrielle de la Conférence épiscopale, les évêques, au nombre d’une centaine, ont discuté longuement de l’intervention d’environ 600 soldats américains à Mindanao. Arrivés au cours du mois de janvier, ces soldats doivent épauler les troupes philippines dans la chasse que ces dernières mènent depuis de longs mois contre le groupe Abu Sayyaf qui retient en otages sur l’île de Basilan un couple de missionnaires protestants américains et une infirmière philippine (1). Selon Mgr Quevedo, la majorité des évêques de Mindanao est d’accord avec la population locale qui estime qu’il faut recourir à des mesures extraordinaires pour en finir avec Abu Sayyaf, ce groupe formé de musulmans et dont la “spécialité” est l’enlèvement d’otages pour en extorquer des rançons. Cependant, l’intervention des forces américaines ne doit pas donner lieu à des dérapages inacceptables, mettent en garde les évêques. “Les évêques protesteront contre tout bombardement aveugle de civils. Les opérations d’assaut ne doivent prendre pour cible que les seuls kidnappeurs”, a ajouté Mgr Quevedo.
Le président de la Conférence épiscopale a également précisé que les évêques philippins avaient commencé la rédaction d’une lettre destinée à la présidente Gloria Macapagal-Arroyo, lui demandant d’être très attentive aux éventuelles atteintes aux droits de l’homme et aux problèmes sociaux, tels que la prostitution, qui pourraient résulter de l’intervention américaine dans le sud du pays. “Les évêques de cette région seront attentifs à ce qui se passe dans leurs diocèses respectifs”, a-t-il déclaré.
Enfin, les évêques rappellent que la guerre menée contre le groupe Abu Sayyaf ne doit pas être “une guerre contre une religion mais contre un groupe spécifique de personnes”. “Nous savons qu’au sein de la communauté musulmane, certains ont grandement souffert d’Abu Sayyaf et partagent à l’égard de ce groupe les mêmes sentiments que les chrétiens”, a ajouté Mgr Quevedo, qui a par ailleurs rappelé que le sort du P. Pierantoni, enlevé le 17 octobre dernier, à Dimataling, sur l’île de Mindanao (2), était un soucis de tous les instants pour les responsables de l’Eglise.