Eglises d'Asie – Inde
La commission électorale rejette la candidature à la députation de Dara Singh, inspirateur du meurtre d’un pasteur australien et de ses deux enfants
Publié le 18/03/2010
Le 22 janvier dernier, date du troisième anniversaire du meurtre, le parti Krantikari Manuvadi Morcha, (Front révolutionnaire pour la propagation du système hindou, KMM) avait fait inscrire Singh comme candidat à la députation dans deux circonscriptions de l’Uttar Pradesh, Etat situé dans le nord du pays. Actuellement, le présumé coupable du meurtre est détenu dans une prison de l’Etat d’Orissa avec 17 personnes soupçonnées d’être ses complices. Selon un reportage de Times of India, tout ce groupe a été présenté par le chef du parti soutenant la candidature de Singh comme travaillant “à purifier notre société et à endiguer le terrorisme chrétien La Commission fédérale des élections a justifié son rejet de candidature par le fait que le dossier de l’intéressé était incomplet et qu’il était absent lors de l’enregistrement de la candidature dans les deux circonscriptions.
Cependant, l’affaire n’est peut-être pas encore achevée, car, d’un point de vue strictement légal, il est possible à Singh de se présenter aux suffrages des électeurs dans la mesure où les charges qui pèsent sur lui ne sont pas confirmées. Mais, comme l’a fait remarquer le P. Prakash Louis, directeur de l’Institut social indien, en ce cas précis, il s’agit moins de légalité électorale que de moralité.
Le P. Donald De Souza, porte-parole de la Conférence épiscopale, s’est déclaré heureux de la décision prise par la Commission électorale. Selon lui, l’entrée dans l’arène politique d’individus comme Dar Singh ne peut qu’exacerber et polariser les passions des divers groupes sociaux de l’Inde. Mais il a fait remarquer que le dossier du candidat de l’extrême droite hindoue n’a été rejeté que pour des raisons techniques, ce qui révèle l’impuissance du gouvernement à freiner les groupes fondamentalistes et à mettre un terme à la dégradation des rapports sociaux. “L’idée même que Singh puisse présenter sa candidature était une insulte à la mémoire de Graham Staines”, a fait remarquer le P. de Souza qui a ajouté que l’Eglise attendait du gouvernement qu’il interdise la candidature de ceux qui sont en procès ou jetés en prison. Le représentant du Conseil chrétien pan-indien s’est indigné de l’initiative du KMM et l’a qualifiée d’obscénité politique ayant provoqué la répugnance de toute la nation.
Plus largement, c’est toute la presse qui a manifesté sa satisfaction de voir le militant de l’extrême droite hindoue repoussé, au moins momentanément, de la scène électorale indienne. Rajeev Dhawan, un commentateur hindou du quotidien The Hindu, a regretté l’attirance de certains partis politiques indiens pour les hommes musclés et les fauteurs de troubles, qu’ils récompensent ainsi des crimes dont ils sont accusés.