Eglises d'Asie

Le Vietnam a annoncé qu’il se préparait à accueillir le premier groupe de montagnards rapatriés depuis le Cambodge sur les Hauts Plateaux du Centre

Publié le 18/03/2010




Le 8 février dernier, la porte-parole du ministère des Affaires étrangères du Vietnam, Mme Phan Thuy Thanh, a annoncé lors d’une conférence de presse que les autorités locales des Hauts Plateaux étaient prêtes à accueillir 104 montagnards originaires des Hauts Plateaux du Centre-Vietnam, aujourd’hui réfugiés au Cambodge et, selon ses déclarations, volontaires pour revenir dans leur pays avant les fêtes du Nouvel An (qui ont eu lieu le 12 février dernier). Toutes les conditions nécessaires ont été réunies pour les recevoir lorsque les fonctionnaires du Haut Commissariat aux réfugiés les auront escortés jusqu’au Vietnam, a-t-elle déclaré. La représentante du gouvernement vietnamien a fait remarquer que cette opération allait se dérouler dans la collaboration la plus totale avec les représentants des Nations Unies et du Cambodge. Elle a, de plus, présenté les montagnards réfugiés au Cambodge comme les victimes des machineries de “mauvais éléments” et de forces hostiles au Vietnam, qui, par le mensonge et la fraude, les ont entraînés à l’exil. “C’est pourquoi, a-t-elle dit, le gouvernement vietnamien ne prendra à leur égard aucune mesure dictée par l’esprit de représailles ou de discrimination.”

Mme Thanh n’a pas précisé si les 81 montagnards qui ont passé la frontière aux alentours du 3 et 4 février en direction du Cambodge feraient partie du groupe de rapatriés. En effet, selon vietnamienne d’information (AVI), de jeunes montagnards, âgés de 18 à 25 ans, auraient profité du manque de sécurité régnant sur la frontière pour passer au Cambodge. Originaires de Buôn Ma Thôt et de quelques autres districts de la province de Dak Lak, ils auraient été entraînés à l’exode par de mauvais éléments qui leur auraient fait miroiter les bénéfices qu’ils pourraient tirer de leur exil. L’agence d’information officielle a accusé un mouvement de résistance montagnard aux Etats-Unis, le FULRO (Front uni de libération des races opprimées), d’être à l’origine de ce nouveau départ. Cependant, quelques jours plus tard, un membre d’un groupe d’aide travaillant au Cambodge faisait remarquer que les 81 candidats à l’exode signalés par la presse officielle vietnamienne n’avaient donné jusqu’à présent aucun signe de leur présence dans les camps de réfugiés montagnards au Cambodge.

Le jour où Mme Thanh annonçait que son gouvernement était prêt à accueillir le premier groupe de montagnards rapatriés, l’organe de l’armée populaire, le Quân dôi Nhân Dân, faisait paraître une information recueillie par un de ses reporters, selon laquelle les garde-frontière cambodgiens auraient ramené de force dans leur pays d’origine des montagnards essayant de s’enfuir vers le Cambodge. Cette information, elle aussi, est difficilement vérifiable.

Depuis les accords tripartites sur le rapatriement des montagnards exilés au Cambodge signés le 21 janvier (1), les autorités vietnamiennes ont fait preuve d’une très grande activité politique sur les Hauts Plateaux en vue de mobiliser les populations locales et de rallier à leurs vue l’opinion étrangère. Elles ont fait savoir que, dans la deuxième quinzaine de février, les journalistes de la presse internationale seraient autorisés à venir s’entretenir avec l’administration et la population locales des Hauts Plateaux (2). Sur place, une campagne a été lancée visant à expliquer la politique gouvernementale sur les Hauts Plateaux et à mettre en garde les montagnards contre l’opposition au gouvernement. Selon vietnamienne d’information du 11 février, plus de 57 000 plaquettes ont été distribuées dans les provinces de Daklak, Gia Lai et Kontum à l’occasion de la nouvelle année lunaire. L’agence précise qu’il s’agit là de “cadeaux du Nouvel An” offerts aux minorités ethniques. Ce premier lot de publications gratuites devrait être suivi de nombreux autres au cours des trois années à venir. Portant des titres du type “La politique du Parti et de l’Etat à l’égard des groupes ethniques et des régions des Hauts Plateaux”, ces plaquettes sont rédigées en vietnamien et dans une des langues locales.