Eglises d'Asie

Les évêques catholiques demandent au gouvernement d’adopter une politique à long terme en ce qui concerne les travailleurs migrants partis à l’étranger gagner leur vie et celle de leur famille

Publié le 18/03/2010




Les évêques catholiques philippins ont saisi l’occasion de l’annonce par les autorités de Hongkong du maintien des salaires des employées de maison à leur niveau actuel pour demander à leur gouvernement de développer une vision à long terme en ce qui concerne les travailleurs migrants partis à l’étranger gagner leur vie et celle de leur famille, restée au pays. Au début de ce mois de février, Mgr Ramon Arguelles, ordinaire aux armées et président de la Commission épiscopale pour les migrants, a accueilli comme “une très bonne nouvelle” la décision des autorités de Hongkong de maintenir le salaire des employées de maison étrangères au niveau de 3 670 dollars de Hongkong par mois (soit 470 dollars américains), mais il a mis en garde les autorités de Manille contre le danger de se satisfaire de cette annonce. Selon lui, “bien que nous comprenions le caractère inévitable du maintien de la présence à l’étranger d’un nombre élevé de travailleurs philippins, nous devons encourager le gouvernement à véritablement œuvrer à la création d’emplois dans le pays”.

Dans le cas précis des employées de maison philippines à Hongkong, Mgr Arguelles a précisé que le pays courrait droit au devant de graves problèmes si les autorités ne faisaient rien pour se préparer au jour où les Chinois du continent seront autorisés à remplacer les travailleurs étrangers à Hongkong – ce qui arrivera “tôt ou tard”. Pour l’heure, à court terme, la présidente Arroyo est certes intervenue auprès du chef de l’exécutif hongkongais pour éviter que les salaires des employées de maison étrangères, fixées de manière contractuelle, soient diminués. Et le 31 janvier dernier, le gouvernement de Hongkong a annoncé sa décision de ne pas baisser ces salaires, malgré la crise économique que traverse en ce moment l’économie de l’ancienne colonie britannique. Mais, à moyen ou long terme, le gouvernement doit faire en sorte que de moins en moins de Philippins soient amenés à s’expatrier pour simplement assurer la survie économique de leur famille.

Selon un rapport du mois de mai 2000 de l’ONG Philippine Migrants Rights Watch, 72 % des 202 900 employées de maison de Hongkong sont de nationalité philippine ; 46 000 autres sont indonésiennes, 6 000 thaïlandaises et le reste se répartit entre différents autres pays. Comparé aux autres pays dans la région, Hongkong est une des destinations qui offrent le meilleur salaire aux employées de maison : 470 US $ contre 400 US $ en Malaisie et 300 US $ à Singapour. Par l’importance relative de sa communauté philippine et en raison de sa proximité avec les Philippines, Hongkong reste une destination recherchée par les candidates philippines à l’expatriation.

Selon la Commission épiscopale pour les migrants, plus de 10 % de la population des Philippines vit et travaille à l’étranger. Officiellement, 7,2 millions de Philippins sont ainsi dispersés dans 206 pays et 1,9 millions supplémentaires travaillent de par le monde sans être pris en compte dans les statistiques de l’Etat philippin. L’an dernier, les sommes envoyées au pays par ces migrants se sont élevées à 4,3 milliards de dollars (en baisse par rapport à l’année 2000). Régulièrement, l’Eglise catholique dénonce les conséquences sociales et psychologiques de cette émigration massive. Sachant le phénomène inévitable, elle appelle aujourd’hui à un retour sélectif de ces migrants, ceux qui sont maltraités dans leur travail ou persécutés pour leur foi devant revenir en priorité au pays. Là où les migrants philippins rencontrent les conditions d’une véritable liberté religieuse, ils sont toutefois “très appréciés” par les évêques locaux, a ajouté Mgr Arguelles. Le dimanche 17 février 2002, l’Eglise aux Philippines invitera ses fidèles à prier pour les Philippins partis à l’étranger, le thème de cette journée étant : “La pastorale des migrants : une voie pour accomplir la mission de l’Eglise aujourd’hui”.