Eglises d'Asie

Papouasie occidentale : les responsables religieux jugent profondément insatisfaisante la commission d’enquête mise sur pied pour élucider la mort du leader indépendantiste papou

Publié le 18/03/2010




Les responsables religieux de la province de la Papouasie occidentale, chrétiens et musulmans, ont envoyé le 2 février dernier une lettre commune à la présidente Megawati Sukarnoputri pour exprimer leur « profonde insatisfaction » au sujet de la Commission d’enquête mise sur pied par l’exécutif indonésien pour élucider la mort de Theys Eluay, figure de proue de la cause indépendantiste papoue, retrouvé mort le 11 novembre dernier après avoir été enlevé au retour d’un dîner passé dans une caserne des Kopassus, près de Jayapura (1). L’enquête sur la mort de Theys Eluay n’avance pas depuis plusieurs semaines, bien que la police sur place ait déclaré que des éléments des Kopassus, les forces spéciales de l’armée indonésienne, paraissaient être impliqués dans l’affaire (2).

Signée de Mgr Leo Leba Ladjar, évêque catholique de Jayapura, la lettre dénonce en particulier la présence dans cette commission d’enquête, qualifiée de nationale, de représentants de l’armée et de la police indonésienne (3). Selon les responsables religieux, la présence de membres des forces de sécurité dans la commission augure mal de la recherche de la vérité. Pour parvenir à faire la lumière sur la mort de Theys Eluay, la commission d’enquête devrait être dotée d’« une base légale forte » et ses membres choisis de façon à être « indépendants, professionnels et crédibles aux yeux du peuple ». Pour appuyer leur propos, les responsables religieux soulignent dans leur lettre que la position qu’ils défendent n’est pas seulement la leur et celle de la société civile papoue mais que le gouverneur de la province de Papouasie, le chef de la police locale, le conseil législatif provincial ainsi que des universitaires et des membres de diverses ONG partagent également leur opinion.

Formée à la fin du mois de janvier dernier, par décret de la présidente Megawati, la Commission d’enquête comprenait à l’origine onze membres, cinq issus de la fonction publique (dont un militaire et un policier) et six issus de la société civile. A peine formée, il semble que la commission ait du mal à exister. En effet, dès le 12 février, Lukas Karl Degey, un des six membres issus de la société civile, un Papou, a démissionné de la Commission, arguant de « raisons de santé » mais précisant qu’il n’avait « ni expérience ni compétence en tant qu’enquêteur ». Selon certaines sources, Simon Patrice Morin, papou lui aussi et membre du parlement indonésien comme Degey, aurait fait part de son souhait de quitter à son tour la Commission.