Eglises d'Asie

Célèbes : les responsables de l’Eglise catholique à Manado appellent prêtres et fidèles à ne pas s’engager dans les “milices chrétiennes” récemment formées dans la région

Publié le 18/03/2010




S’adressant à 70 prêtres venus de 44 paroisses catholiques des provinces de Célèbes-Nord, Gorontalo et Célèbes-Centre, le P. Yong Ohoitimur, président de la Commission pour le dialogue interreligieux du diocèse de Manado, a invité prêtres et laïcs de ces régions à abandonner une attitude d’esprit tournée en premier lieu vers la défense des intérêts particuliers de la communauté chrétienne. Faisant référence aux affrontements violents entre communautés chrétiennes et musulmanes dans la région de Poso, au centre de Célèbes (1), le prêtre a déclaré que “la coopération interreligieuse est essentielle”. Pour parvenir à cela, “les catholiques doivent se montrer ouverts et prêts à bâtir des relations fraternelles avec les croyants des autres religions”. Or, a ajouté ce responsable lors de cette réunion tenue à la fin du mois de janvier dernier, le développement “exponentiel” de “milices chrétiennes” dans la province à majorité chrétienne de Célèbes-Nord rend cet objectif improbable.

Depuis le mois d’août 2001, de telles milices ont prospéré. Les trois principales regrouperaient à elles seules plus de 400 000 membres : Legium Christum pour les catholiques, Militia Christi pour l’Eglise évangélique du Messie Minahasa, et Bani Yosua ( Les descendants de Josué’) du mouvement de jeunesse de l’Eglise pentecôtiste. Selon Mgr Josephus Suwatan, évêque catholique de Manado, le diocèse n’est en aucune façon à l’origine de ces milices, de Legium Christum en particulier. Pour un certain nombre de prêtres du diocèse, l’activité de cette milice est inquiétante car largement éloignée de l’esprit de paix qui anime l’Eglise. “Je crains que ce mouvement ne soit utilisé dans une perspective politique”, a commenté le P. John Montolalu, recteur du séminaire du Sacré-Cœur à Pineleng, situé au sud de Manado. “Les catholiques n’ont pas besoin de tels groupes militants pour les représenter, a ajouté le P. Yong Ohoitimur. Ce dont nous avons besoin aujourd’hui, c’est de construire l’unité avec les croyants, quels qu’ils soient, y compris les musulmans.” La présence de ces milices rend plus difficile l’affermissement de la paix, a-t-il conclu.

A en croire le P. Marianus Toiyo, un des co-fondateurs de Legium Christum, sa milice a été fondée en réponse aux désordres politiques que connaît le pays depuis la chute de Suharto. Legium Christum est un moyen par lequel les chrétiens peuvent répondre à l’appel qui est le leur, celui d’être le sel et la lumière de ce monde”, explique-t-il. Pour Engelbertus Lasut, laïc et co-fondateur de la milice, certains des membres du groupe sont effectivement d’anciens truands ou des repris de justice rejetés par la société. “Dans ce groupe, ils ont redécouvert une vie spirituelle et leur identité”, déclare-t-il.