Eglises d'Asie

Des associations mènent campagne contre la sanction infligée à une religieuse arrêtée par la police alors qu’elle transportait des tracts compromettants

Publié le 18/03/2010




La sœur Vanaselvi, maitresse d’école à Tuticorin, ville du Tamil Nadu sur le golfe de Mannar, a été arrêtée par les policiers, alors que, le 21 novembre 2001, elle voyageait en autobus, venant du Karnataka en direction du Tamil Nadu. Les agents qui effectuaient un contrôle de routine ont trouvé dans ses bagages des tracts faisant l’éloge d’un personnage nommé Koose Muniswamy Gauder, plus connu sous le nom de Veerappan et considéré par les autorités comme un bandit de grand chemin. Les autorités du Tamil Nadu, comme celles de l’Etat voisin ont dépensé des millions de roupies en vue de son arrestation. Auteur selon la police de 120 meurtres, il serait, de plus, responsable de la mort de plus de 2 000 éléphants et du trafic d’environ 10 000 tonnes de bois de santal. Il se cache depuis une vingtaine d’années dans la forêt où il continue ses actions criminelles. L’organisation ayant publié les tracts qui présentent Veerapan sous les traits d’un héros de la cause tamoul, est connue sous le nom de “Tamil Iyakka Paasarai” (Forum de l’unité tamoul), une association regroupant des nationalistes tamouls.

Accusée de complicité dans une entreprise criminelle “menée au nom de la race et de la langue la religieuse a été aussitôt amenée en prison. Sa détention s’est prolongée pendant 22 jours, à l’issue desquels elle a été libérée sans conditions. Mais auparavant, huit jours après son incarcération, elle avait reçu de la supérieure générale de sa congrégation, la Congrégation des servantes de Marie, Mère des douleurs, une lettre lui signifiant son renvoi hors de la congrégation. La missive reconnaissait que cette décision était extrêmement douloureuse mais nécessaire en fonction des circonstances. La supérieure mentionnait que les règlement intérieurs de la congrégation, devenue pontificale en 1957, interdisaient à ses membres de travailler au profit d’un quelconque mouvement socio-politique. Elle notait que le droit canon permettait à une congrégation de se séparer de ses membres si ceux-ci étaient impliqués dans un scandale gravement préjudiciable à toute la communauté. La lettre disait encore la stupeur des supérieures de la communauté religieuse devant une conduite aussi irresponsable.

Pour sa part, l’intéressée a protesté devant la brutalité de la sanction qui lui a été infligée. “Même les pires criminels, a-t-elle dit, sont mieux traités que moi ! Un certain nombre d’associations mènent campagne pour qu’elle soit relevée de la sanction dont elle a été frappée. Certains groupes, dont la Conférence des prêtres catholiques de l’Inde (1), ont affirmé que le comportement de la supérieure religieuse à l’égard de la sœur Vanaselvi, ne lui laissant aucune possibilité de se défendre, était contraire à la justice, aux procédures prévues par le droit canon et aux valeurs évangéliques. D’autres associations de défense des droits de l’homme se sont joints à cette campagne et ont plaidé pour le retour de la religieuse dans sa congrégation, car elle avait pu tomber dans un piège. Une militante de ces groupes, Lucy Xavier, a regretté que la communauté de la sœur expulsée ait cédé aux pressions de la police au lieu de l’aider.

La supérieure générale des servantes de Marie a répondu à ces accusations en soulignant qu’elle n’avait subi aucune pression extérieure et que le renvoi avait été décidé à l’intérieur de la communauté religieuse après une consultation de la hiérarchie.