Eglises d'Asie

La Commission des migrants de l’Eglise catholique souhaite que les émigrés philippins puissent voter par procuration

Publié le 18/03/2010




Le responsable de la Commission épiscopale des migrants a déclaré que l’Eglise catholique soutiendra la cause des travailleurs migrants et de leurs familles dans leur lutte pour obtenir une loi autorisant les Philippins émigrés à voter par procuration. La revendication en faveur d’une loi qui permettrait aux marins, aux travailleurs partis à l’étranger sous contrat, aux sans papiers et aux émigrants, de voter a marqué le Dimanche national des migrants, dimanche 17 février. L’Eglise estime que, si le pays a conscience des sacrifices des travailleurs émigrés, il devrait leur accorder “le plein exercice de leurs droits”, a déclaré Mgr Ramon Arguelles, évêque aux armées, au cours d’une conférence de presse, le 14 février à Manille. Mgr Arguelles, qui est aussi président de la Commission épiscopale pour la pastorale de migrants et des itinérants (ECMI), a cité une déclaration de la présidente Gloria Macapagal-Arroyo qui donnait comme “prioritaire” un projet de loi sur le vote par correspondance. Selon une enquête partielle menée en 1999 par l’ECMI, 93 % des Philippins émigrés à l’étranger sont en faveur du vote par correspondance.

Dans son discours sur l’état de la nation de juillet 2001, la présidente Arroyo reconnaissait, en effet, que les travailleurs émigrés “jouaient un rôle crucial dans l’économie et dans l’équilibre social du pays”. Elle demandait au Congrès de promulguer une loi sur le vote par correspondance. “Nous, évêques, approuvons à 100 % la présidente”, a déclaré Mgr Arguelles aux journalistes dans les locaux de la Conférence des évêques philippins à Manille. Il a affirmé que sa Commission appuierait désormais de tout son poids les associations de Philippins qui militent pour le vote d’une telle loi afin de décider les parlementaires “qui manquent encore d’ardeur” à ce sujet. “Nous avons presque huit millions de Philippins hors de nos frontières et au moins 60 % de nos familles sont en lien avec des migrants. C’est une force à utiliser en tant que pouvoir du peuple (people power)”, a insisté Mgr Arguelles. La Commission pour les Philippins d’outre-mer (CFO), rattachée au ministère des Affaires étrangères, estime leur nombre à 7,38 millions en décembre 2000. Parmi eux, 2,99 millions sont des travailleurs sous contrat ; 2,55 millions des émigrés et résidents permanents à l’étranger ; ils sont 1,84 millions “irréguliers” ou migrants sans papiers partis travailler à l’étranger avec un visa de touriste.

Au cours d’une conférence de presse, le président de la CFO, José Molano Jr., a indiqué avoir participé à d’innombrables groupes pour discuter inlassablement du droit de vote par correspondance. Il a avoué qu’après quinze ans, cinq législatures et quatre présidents, “nous en sommes encore à attendre la promulgation d’une loi mettant en application la possibilité du vote par correspondance”, alors que tous, présidents et législateurs, ont réaffirmé que cette promulgation était cruciale. Il a fait remarquer que, depuis que la Constitution avait été amendée en 1987, un total de 64 mesures législatives avaient été déposées tant à la Chambre des Représentants qu’au Sénat sur cette question du vote par correspondance. Le projet de loi n° 3 570 (Loi sur l’inscription et le vote par correspondance des Philippins d’outre-mer), actuellement en débat à la Chambre des Représentants, a déjà été révisé à quatre reprises.

Ellene Sana, de l’Association des travailleurs migrants Kakampi ( Unis’), a déclaré que son groupe s’opposait au vote d’une clause insérée dans ce projet de loi et stipulant que les émigrés philippins n’auront le droit de voter par correspondance qu’à une seule et unique occasion. Une autre clause fait problème. Elle spécifie qu’une “commission de surveillance” pourrait recommander l’interdiction du vote par correspondance au cas où des difficultés surviendraient au cours de la première élection offrant la possibilité de voter par correspondance. “Nous protestons contre cette dernière clause, affirme Sana, parce que la Constitution prévoit le vote d’une loi qui organise la possibilité du vote par correspondance à toutes les élections nationales”.

Selon Carmelita Nuqui, de l’ONG Philippine Migrants’ Rights Watch, le blocage vient de la crainte qu’ont les législateurs de voir se développer à la faveur du vote par correspondance des fraudes et un “favoritisme politique” incontrôlables. Elle a indiqué que 15 sénateurs se préparaient à mener une enquête sur le droit de vote par correspondance entre les mois de février et avril 2002 auprès des Philippins émigrés à Hongkong, au Japon, en Italie, en Arabie saoudite et aux Etats-Unis.