Eglises d'Asie

La mise en examen par la justice indonésienne de sept suspects des meurtres commis au Timor-Oriental en 1999 suscite une satisfaction prudente des autorités est-timoraises

Publié le 18/03/2010




Le 21 février dernier, Djakarta a annoncé que sept responsables, sur une liste de dix-huit suspects, avaient été mis en examen pour des meurtres commis au Timor-Oriental avant, pendant et après le référendum du 30 août 1999 qui, sous l’égide des Nations Unies, a permis aux Est-Timorais de se prononcer massivement pour l’indépendance et de mettre finalement un terme à 24 années d’occupation par l’Indonésie (1). Attendues depuis longtemps, ces mises en examen ont été accueillies avec un mélange de soulagement et de prudence par les autorités est-timoraises. Jose Ramos-Horta, ministre des Affaires étrangères de Timor-Oriental, a déclaré qu’il était « satisfait de la nouvelle car cela indique que des étapes ont été franchies et que nous avançons dans la bonne direction ». Cependant, a-t-il ajouté, « nous devons attendre de voir ce qui va suivre. Attendons de voir si ceux qui sont amenés devant la justice reçoivent les peines qu’ils méritent au cas où leur culpabilité est prouvée ».

Depuis de longs mois, les Nations Unies, qui administrent toujours le Timor-Oriental avant son accession complète à l’indépendance, exercent des pressions sur l’Indonésie pour que soient jugés les personnes suspectées de meurtres ou de complicité de meurtres dans la mise à sac du Timor-Oriental qui avait suivi le référendum d’août 1999 et où de 600 à 2 000 personnes ont trouvé la mort. Au Timor-Oriental, les juges d’instruction des Nations Unies ont établi une liste de 99 suspects et l’Indonésie a refusé d’extrader ceux de cette liste qui ont trouvé refuge sur son territoire, arguant du fait qu’aucun traité d’extradition n’a été signé entre l’Indonésie et les Nations Unies. En Indonésie, sur la liste de 18 suspects établis par le ministère public indonésien, seuls sept donc ont été mis en examen – et parmi ces derniers ne se trouve pas le général Adam Damiri, ancien commandant de la région militaire du Timor-Oriental et plus haut gradé de la liste. Le fait que la date du procès n’a pas été fixée fait craindre à certains observateurs au Timor-Oriental que l’Indonésie fasse traîner les choses en longueur.

Commentant cette nouvelle, Xanana Gusmao, leader historique de la cause indépendantiste est-timoraise et futur probable premier président de Timor-Oriental indépendant, a déclaré : « Au Timor-Oriental, nous travaillons dur à combiner réconciliation et justice. Ce que nous cherchons, ce n’est pas la vengeance, mais nous attendons simplement de voir si l’Indonésie va s’acquitter de son devoir de justice. »