Eglises d'Asie – Inde
Les musulmans du Kerala se joignent aux chrétiens dans leur lutte pour la défense des paysans pauvres
Publié le 18/03/2010
Cependant l’annonce de l’alliance des chrétiens et des musulmans pour la protection des paysans pauvres a été fort mal accueillie par le Parti communiste de l’Inde. Son dirigeant K. P. Sadasivan, a déclaré, le 7 février, qu’il ne s’agissait là que d’un coup de publicité sans impact sérieux sur les vrais problèmes paysans. Il a affirmé que l’INFAM avait été lancée par les Eglises chrétiennes par anti-communisme, dans l’intention d’usurper le rôle joué par le parti communiste depuis des décennies en faveur des droits de la classe travailleuse. Cette interprétation des faits a été mise en cause par les dirigeants musulmans eux-mêmes. Le président du MJF a affirmé ne voir dans le mouvement des paysans indiens qu’un mouvement social sans ambition politique. Leur décision de s’associer à la lutte des chrétiens n’avait été motivée que par le désir d’aider des paysans éprouvés par une brusque pauvreté. Il a ajouté que le devoir religieux des musulmans leur imposait de faire en sorte que la société ne souffre pas de la chute des prix des produits agricoles et de la montée des prix des marchandises de consommation usuelle.
La plupart des six millions de chrétiens du Kerala sont des paysans et tirent leur subsistance de produits comme la gomme de caoutchouc, la noix de coco, le poivre noir, le thé et la cardamome, autant de produits dont les prix varient en fonction de la conjoncture internationale. L’INFAM a été créée en 2001 à l’initiative de l’Eglise syro-malabare et d’autres dénominations chrétiennes, alertées par le nombre anormal de suicides chez les paysans de la région, après une sévère baisse des prix des produits agricoles. Placé sous le patronage de l’archevêque de Tellichery, Mgr George Valiamattam, l’association a pour aumônier, le P. Mathew Vadakkemuri, nommé en novembre dernier. Celui-ci a expliqué que, depuis l’ouverture du marché à la concurrence internationale en 1991, les prix des produits agricoles n’avaient cessé de chuter. Selon des statistiques tenues par la police, 34 paysans se seraient donné la mort en 2001 à la suite d’une mauvaise récolte ou parce qu’ils ne pouvaient rembourser leur dette. Nombre de prêtres de paroisse et de coopératives de village ont suggéré à l’INFAM de demander au gouvernement d’effacer purement et simplement les dettes contractées par les paysans pauvres du Kerala.