Eglises d'Asie

Selon un sondage, les incidents récents concernant des musulmans ne mettent pas en danger le modèle singapourien de cohabitation entre les communautés

Publié le 18/03/2010




Le 20 février, le quotidien de Singapour The Straits Times a publié un sondage d’opinion mené auprès d’un échantillon représentatif de la population au début du mois de février. Il ressort de cette étude que, malgré l’arrestation au mois de décembre 2001 de 14 ressortissants singapouriens musulmans suspectés d’être liés au réseau terroriste d’Oussama Ben Laden et malgré la renvoi de trois jeunes élèves musulmanes de leurs écoles au motif que leurs parents tenaient à ce qu’elles portent jusque dans les salles de cours le “foulard islamique” (1), les musulmans comme les non-musulmans de la cité-Etat approuvent dans des proportions sensiblement identiques la politique suivie jusqu’ici par les autorités singapouriennes en matière de lutte anti-terroriste. Des différences se font jour toutefois quant à la politique à mener à l’avenir : à la question de savoir si Singapour doit continuer à appuyer l’effort de guerre américain contre le terrorisme, 84 % des non-musulmans répondent oui et 5 % non contre, respectivement, 62 et 28 % chez les musulmans.

Depuis les événements du 11 septembre et la guerre en Afghanistan, les autorités singapouriennes n’ont pas ménagé leur peine pour mettre en avant la nature modérée de la communauté musulmane de Singapour, forte de 450 000 personnes, tout en mettant l’accent sur la nécessité d’entretenir l’harmonie entre la majorité chinoise (77 % de la population) et les minorités malaise et indienne (14 et 8 %, respectivement). Le sondage du Straits Times indique que le niveau de confiance des non-musulmans envers les musulmans n’a pas significativement changé depuis les arrestations de supposés terroristes mais 74 % des musulmans et 81 % des non-musulmans estiment que le gouvernement pourrait faire plus pour renforcer les liens entre les différents groupes ethniques.

Au sujet de l’interdiction scolaire prononcée à l’encontre des jeunes filles musulmanes désireuses de porter le “foulard islamique” ou tudong – un sujet que les observateurs s’accordent à analyser comme le plus potentiellement déstabilisateur -, le sondage indique un niveau élevé d’approbation de la conduite des autorités : si 78 % du total des personnes interrogées approuvent le gouvernement dans la conduite de cette affaire, on trouve 72 % des musulmans du même avis (2). “Etant donné l’insistance et la virulence avec lesquelles les militants [de cette cause] ont exigé que leurs enfants portent le tudong à l’école, un observateur aurait pu penser qu’ils agissaient avec tout le poids de leur communauté derrière eux, écrit Asad Latif, journaliste au Straits Times dans l’article de commentaire accompagnant les résultats du sondage. L’enquête d’opinion suggère le contraire.”