Eglises d'Asie

L’application des accords tripartites de janvier concernant le millier de montagnards réfugiés au Cambodge rencontre de nombreux obstacles

Publié le 18/03/2010




Selon une déclaration recueillie à Hô Chi Minh-Ville d’un fonctionnaire des Nations Unies, les entretiens entre Hanoi, Phnom Penh et le Haut Commissariat aux réfugiés, concernant l’épineux problème des montagnards des Hauts Plateaux vietnamiens réfugiés au Cambodge, étaient toujours dans l’impasse le 13 mars dernier. L’accord conclu entre les trois parties au mois de janvier dernier (1), prévoyant le rapatriement des montagnards sous le contrôle de fonctionnaires du Haut Commissariat aux réfugiés, n’a reçu en effet qu’un commencement d’application qui a été rapidement stoppée après les mises en cause provenant de diverses associations humanitaires et, en particulier, de la diplomatie américaine. Ces dernières reprochaient à l’accord tripartite de ne pas respecter la liberté de choix des réfugiés montagnards, pensionnaires des deux camps situés dans les deux provinces cambodgienne de Mondolkiri et de Rattanakiri.

Aucun accord ne serait encore en vue et, pour le moment, les négociations auraient été interrompues sans que la date d’une nouvelle rencontre ait été prévue. La pierre d’achoppement reste la question des visites préalables par les fonctionnaires des Nations Unies sur les lieux où seront rapatriés les réfugiés. Les observateurs du Haut Commissariat avaient déjà passé trois jours sur les Hauts Plateaux vietnamiens lors du premier rapatriement au cours duquel seuls quinze montagnards avaient regagné leurs villages, au lieu de la centaine prévue. Aussi bien, le Vietnam refuse d’accorder aux fonctionnaires onusiens la permission de se rendre sur place tant que l’institution internationale n’aura pas favorisé le retour au Vietnam d’un plus grand nombre de réfugiés montagnards. Il faut noter en outre que, depuis les troubles de février 2001, à l’exception de deux visites organisées pour la presse étrangère et contrôlées par les services spéciaux, les autorités vietnamiennes ont limité au maximum l’accès d’observateurs indépendants sur les Hauts Plateaux.

Lors des négociations préalables à l’accord tripartite de janvier, après avoir longtemps refusé l’accès sur les Hauts Plateaux aux fonctionnaires des Nations Unies, les autorités vietnamiennes avaient finalement accepté en soulignant que cette permission ne serait accordée qu’au cas par cas. Depuis le milieu du mois dernier, les autorités vietnamiennes ont refusé cette permission, prétextant le rythme trop lent des rapatriements. Des équipes d’observateurs du Haut Commissariat se sont même vu forcer de quitter les Hauts Plateaux après que les autorités vietnamiennes locales leur eurent interdit la visite de certains villages dont les réfugiés étaient originaires.

A cela s’est ajouté, le 2 mars, le rapatriement forcé de 63 montagnards par la police cambodgienne, un incident qui illustre l’ambiguïté des positions tenues par certaines des parties concernées et la désinformation pratiquée par elles. Le lundi, 4 mars, le quotidien de l’Armée, le Quân doî Nhan Dân, célébrait dans ses colonnes le retour dans leur patrie de 63 personnes originaires des ethnies des Hauts Plateaux. Pensionnaires du camp d’hébergement situé dans la province de Rattanakiri, ne pouvant plus attendre le rapatriement organisé par le Haut Commissariat sans cesse repoussé à une date ultérieure, les montagnards se seraient évadés pour fuir les horribles conditions du camp d’hébergement complaisamment décrites par le quotidien. L’article présentait les intéressés pleins de remords à l’égard de l’Etat vietnamien et de leurs familles, implorant l’indulgence de la police. Les dépêches d’agence ont donné une version radicalement différente de cette affaire. En réalité, les réfugiés avaient été transportés contre leur gré par la police cambodgienne, ce que les autorités cambodgiennes ont aussitôt reconnu. Selon les déclarations d’un fonctionnaire des Nations Unies, contrairement au récit contenu dans les rapports de la presse officielle vietnamienne, les 63 montagnards venaient de franchir la frontière cambodgienne en provenance du Vietnam, quelques jours auparavant. Les autorités cambodgiennes leur avaient refusé l’accès aux camps établis au Cambodge par les Nations Unies et les avaient ensuite livrés aux autorités vietnamiennes. Le fonctionnaire de l’ONU accusait même le gouvernement cambodgien d’avoir violé la Convention de 1951 sur les réfugiés prévoyant que les demandeurs d’asile ne peuvent être refoulés dans leur pays, s’il existe des craintes bien fondées de persécution. A cette accusation, le ministère de l’Intérieur cambodgien répliquait quelques jours plus tard, le 6 mars, en affirmant que c’était le Haut Commissariat lui-même qui organisait le passage des montagnards du Vietnam au Cambodge.

Malgré cela, les Nations Unies affirment leur volonté de régler le problème des réfugiés montagnards. Leurs plus hautes instances ont affirmé que malgré, les critiques émises par diverses instances, l’organisation internationale s’efforcerait d’arriver à un compromis avec les deux pays intéressés.