Eglises d'Asie – Indonésie
Les deux principales organisations musulmanes de masse du pays approuvent l’accord de paix pour les Moluques mais la Nahdlatul Ulama se montre sceptique quant à ses chances de succès
Publié le 18/03/2010
Le chef de la Muhammadiyah, Syafii Ma’arif, a apporté son entier soutien à l’accord de paix, déclarant que la meilleure façon de rétablir définitivement la paix aux Moluques était de mettre en ouvre la totalité des onze points de cet accord. Il a ajouté que son organisation contribuerait à persuader les groupes musulmans opposés à l’accord à l’accepter, citant nommément le Laskar Jihad. “Ceux qui sont contre cet accord font preuve d’étroitesse d’esprit. Ils ne veulent pas qu’une paix durable s’instaure aux Moluques”, a-t-il précisé, ajoutant que le 14 mars, dans les bureaux de la Muhammadiyah, à Kwitang, à Djakarta, une réunion rassemblant musulmans et chrétiens serait organisée en présence du ministre des Affaires sociales, Jusuf Kalla.
Le vice-président de la NU s’est montré quant à lui plus sceptique, voire critique, quant aux chances de voir la paix revenir aux Moluques. Solahuddin Wahid, surnommé ‘Gus Solah’, a déclaré que son organisation “appréciait les efforts menés par le gouvernement pour restaurer la paix dans ces deux régions troublées [Poso, à Célèbes, et les Moluques], mais que, néanmoins, de tels accords de paix ‘instantanés’ ne paraissaient pas adéquats dès lors qu’ils semblent ne devoir leur existence qu’à la seule initiative du gouvernement et ne sont pas le fruit de l’expression des aspirations des gens”. Solahuddin a tenu ces propos juste après que plusieurs responsables de la NU eurent rencontré Djafar Umar Thalib, le chef des Laskar Jihad, au siège de la NU à Djakarta. Le vice-président de la NU a précisé que les entretiens que la NU a eus avec les Laskar Jihad s’inscrivaient dans une démarche plus large par laquelle les responsables de la NU souhaitaient entendre les aspirations de toutes les parties en présence ; il a annoncé que des rencontres allaient être organisées avec des groupes chrétiens ainsi qu’avec le gouvernement.
La NU, forte de 40 millions de membres, et la Muhammadiyah, forte de 30 millions de membres, sont des forces qui comptent dans le paysage politique et religieux indonésien. Abdurrahman Wahid, dit ‘Gus Dur’, a été longtemps président de la NU avant d’accéder à la présidence du pays. Depuis son départ du palais présidentiel, il n’est pas resté inactif et sa popularité ne semble pas avoir véritablement souffert de son échec à la tête de l’Indonésie. Depuis quelques mois, afin de redonner à l’islam l’image d’une religion pacifique, les deux organisations mènent des actions communes et coordonnent leurs actions (2).