Eglises d'Asie

Les récents résultats électoraux dans quatre Etats du pays témoignent de la bonne santé de la démocratie indienne

Publié le 18/03/2010




Les résultats des récentes élections pour les assemblées législatives dans quatre Etats de l’Inde, l’Uttar Pradesh, l’Uttaranchal, le Pendjab et le Manipur, ont été accueillis avec une certaine satisfaction par les milieux catholiques concernés. Certains ont parlé de signes d’un renouveau démocratique. Le porte-parole de la Conférence épiscopale, le P. Donald De Souza, y a vu une réaction à la mauvaise gestion des affaires publiques par les gouvernements en place. Il a déclaré que, malgré les pressions terroristes exercées sur lui, le peuple indien s’est montré capable d’un choix prudent. Pour le P. Prakash Louis, directeur de l’Institut social indien, par ces élections, la population a montré que les politiciens ne pouvaient plus capter ses voix avec des stratégies telles que celles qui consistent à préparer la construction d’un temple sur le site controversé d’Ayodhya ou encore à attribuer tous les maux du pays à un prétendu terrorisme musulman.

Le Bharatiya Janata Party (Parti du peuple indien, BJP), seul ou avec des alliés régionaux, détenait le pouvoir dans les quatre Etats. Nulle part, il n’a obtenu la majorité. Le principal parti de l’opposition, le Parti du Congrès, a obtenu la majorité et formé le gouvernement dans deux Etats du nord, le Pendjab et l’Uttaranchal. Associé à trois autres partis, il a obtenu la majorité, 36 sièges sur 60, dans le Manipur où il devrait former un gouvernement lorsque le pouvoir central aura abandonné l’administration de l’Etat, qui lui avait été confiée le 2 juin 2001. Dans l’Uttar Pradesh, le plus peuplé des Etats indiens, aucun parti n’a obtenu une majorité et, jusqu’à présent, on ne voit pas à quelle alliance politique sera confié le gouvernement de l’Etat.

Les résultats non favorables à l’alliance du BJP dans ce dernier Etat de l’Uttar Pradesh ont frappé davantage les esprits. C’est dans cet Etat que se trouve la ville d’Ayodhya où les groupes de l’extrême droite hindouiste ont fixé au 15 mars, le début de la construction du temple sur les lieux où a été détruite il y a dix ans une mosquée datant du XVIe siècle. Le porte-parole des évêques indiens a fait remarquer, à ce sujet, que, bien que la propagande électorale du BJP ait insisté sur la construction du temple d’Ayodhya et sur la lutte contre le terrorisme, les électeurs ont répondu en montrant que leur premier besoin était une bonne gestion administrative de leurs affaires. Dans le choix électoral, le sectarisme politique a pesé beaucoup moins que l’efficacité administrative.

La grande presse indienne a souligné, elle aussi, le bouleversement important introduit dans le paysage politique par les récentes élections. Pour The Indian Express (1), les résultats des élections constituent un échec majeur pour Vajpayee et le BJP, décrit par le quotidien comme un “parti déclinant Pour The Times of India (2), les électeurs ont rejeté l’exploitation cynique par le BJP de la question du temple et de celle du “quota des emplois réservés Dans leur propagande électorale, les partis politiques proposaient, en effet, que les postes d’employés d’Etat attribués par la constitution indienne aux “dalits et aux ethnies minoritaires” soient étendus à d’autres catégories. Aucun de ces thèmes, fait remarquer le journal, ne peut rivaliser avec “le pain et le beurre”, les vrais besoins de l’électeur indien.

Les dirigeants du BJP ont reconnu leur défaite. L’un d’entre eux, Sahib Singh Verma, a admis que les résultats des élections reflétaient la médiocre gestion des affaires par les gouvernements des quatre Etats. Cependant, selon lui, la défaite du BJP est moins importante que ne l’a dit la grande presse. D’autres responsables de l’alliance au pouvoir, tout en admettant que les derniers résultats électoraux menaçaient à long terme la coalition gouvernementale et que l’on devait en tenir compte, ont affirmé que la stabilité gouvernementale n’était pas en danger pour le moment.