Eglises d'Asie – Indonésie
Moluques : l’évêque catholique d’Amboine salue l’accord de paix signé le 12 février dernier comme étant « une victoire pour les Moluquois » et une défaite pour les islamistes
Publié le 18/03/2010
Aujourd’hui, à mesure que la paix s’inscrit dans les faits, comme hier, lorsque les affrontements meurtriers étaient quasi-quotidiens, Mgr Mandagi estime que le rôle de l’Eglise catholique aux Moluques est celui d’un « médiateur entre les parties en présence ». Après la signature de l’accord du 12 février – où Mgr Mandagi figurait parmi les 35 délégués chrétiens -, l’évêque d’Amboine a fait diffuser le texte en onze points de cet accord dans toutes les paroisses et les communautés de base du diocèse, demandant aux fidèles d’en prendre connaissance et de le faire connaître autour d’eux, auprès des musulmans et des protestants. « J’ai invité les catholiques à demander à leurs amis protestants et musulmans de faire, à leur tour, de même autour d’eux », a-t-il déclaré, précisant que la diffusion de l’accord sera mieux faite si les partisans de celui-ci en font la publicité côte à côte.
Dans l’immédiat, Mgr Mandagi a ajouté qu’il continuerait de demander à la communauté internationale de maintenir une certaine pression sur le gouvernement indonésien de façon à ce que la paix revienne pour de bon aux Moluques. A cet égard, il a souligné que le fait qu’un accord de paix intervienne en ce moment ne peut être séparé de la campagne que les Etats-Unis mènent à travers le monde contre le terrorisme. Invité par les Conférences épiscopales d’Australie, de France, des Pays-Bas et de Suède à venir témoigner de la situation actuelle prévalant aux Moluques, il a répondu qu’il ne se déplacerait pas seul mais accompagné de représentants des communautés protestante et musulmane. « Il y a ici des musulmans modérés avec qui nous pouvons discuter et agir ensemble », a-t-il ajouté.
Dès le 9 mars, Mgr Mandagi est parti pour l’Europe, accompagné du pasteur protestant, le Révérend Jacklevyn Manuputty, coordinateur du Centre de crise de l’Eglise protestante des Moluques, et de Muhammad Yusuf Eli, chef de communauté musulman impliqué dans le dialogue avec les chrétiens. Ensemble, ils ont donné un témoignage d’unité, expliquant le poids des facteurs extérieurs aux Moluques dans ce conflit, que ce soit l’héritage de 32 ans de règne de Suharto, les jeux politiques noués à Djakarta, le rôle des forces de sécurité ou celui des extrémistes musulmans tels le Laskar Jihad. Invités à l’initiative de la Commission ‘Justice et paix’ de l’épiscopat français, ils ont été reçus au ministère français des Affaires étrangères, avant de partir pour les Pays-Bas puis la Suisse où il est prévu qu’ils prennent la parole devant la Commission des droits de l’homme des Nations Unies.