Eglises d'Asie

Une décision judiciaire met un terme à un remaniement du programme scolaire surtout inspiré par l’idéologie hindouiste

Publié le 18/03/2010




Les Eglises chrétiennes et beaucoup d’éducateurs ont accueilli avec satisfaction la récente décision, prise le 1er mars dernier par la Cour suprême, d’interdire jusqu’à plus ample information l’introduction de changements dans le programme et le système scolaire indien (1). La plainte à laquelle la décision du tribunal vient d’apporter une réponse, avait été introduite en justice par divers groupes de militants des droits de l’homme, parmi lesquels se trouvait l’Institut social indien de New Delhi, un établissement dirigé par des religieux jésuites. La plainte spécifiait entre autres choses que les changements apportés au texte des manuels scolaires par l’actuelle réforme avaient pour but de promouvoir une idéologie sociale et religieuse de type particulier.

C’est dans le cadre du remaniement du programme des études scolaires qui, normalement a lieu tous les cinq ans, que le gouvernement fédéral a, depuis novembre 2000, entrepris de modifier certains des grands chapitres du programme scolaire indien. Cette tâche qui était jusqu’en 1976 entièrement de la responsabilité des divers Etats de l’Inde, appartient, depuis cette date où un amendement à la constitution a été voté, à la responsabilité commune des deux instances fédérale et régionale. Plus précisément, la définition de la qualité et de la nature de l’éducation appartient aux autorités fédérales. Le remaniement avait été confié par le gouvernement au Conseil national pour la recherche et la formation dans le domaine éducatif, organe chargé d’assister les gouvernements fédéral et locaux en ce domaine. Celui-ci avait décidé d’introduire dans les écoles le programme scolaire révisé à partir du mois d’avril, début de la nouvelle année académique. Cependant dès que son contenu a été connu au cours de l’année dernière, le programme révisé a suscité de nombreuses controverses aussi bien dans le milieu de l’éducation nationale, que chez les minorités religieuses. A plusieurs reprises la Conférence épiscopale catholique indienne a protesté, en particulier dans un communiqué de presse publié le 7 décembre 2001 (2). Le nouveau programme révisé était décrit comme une tentative d’introduire dans l’esprit des élèves une idéologie politique et religieuse hindoue.

La plainte qui avait était déposée au tribunal relevait en premier lieu que le programme réformé avait été élaboré sans consultation préalable du Bureau consultatif central de l’Education qui rassemble les ministres de l’éducation des divers Etats. Cette consultation est rendue pourtant obligatoire par la loi sur l’éducation de 1976. La plainte soulignait surtout les nombreux passages qui avaient été censurés des livres d’histoire pour des raisons non pas historiques mais idéologiques. Devait, par exemple, être éliminée des livres d’histoire une phrase affirmant que la communauté des jat (catégories de paysans) de l’Inde du nord s’adonnait au pillage, ou un passage rappelant que le neuvième gourou des Sikhs avait recours au pillage et au viol. Les chapitres les plus censurés du livre d’histoire étaient cependant ceux qui traitaient de l’ordre social hindou et critiquaient les privilèges de naissance des brahmines ainsi que l’oppression exercée par ces derniers sur les basses castes. Les directives publiées par les services scolaires demandaient aussi de supprimer des manuels scolaires les passages mentionnant que les anciens hindous mangeaient de la viande de boeuf, ce qui est un blasphème aujourd’hui, ou encore ceux suggérant que l’archéologie ne fournit aucune preuve que la divinité hindoue Ram ait vécu à Ayodhya.