Eglises d'Asie

Après l’attaque du parlement de l’Orissa, l’opposition politique et de larges secteurs de l’opinion publique réclament l’interdiction de deux groupes extrémistes hindous PRIVATE

Publié le 18/03/2010




S’ajoutant aux massacres du Gujarat, l’attaque du parlement de l’Etat d’Orissa par l’extrême droite hindoue, le 16 mars dernier, a provoqué dans tout le pays un sentiment général d’indignation qui s’est également exprimé à travers diverses instances nationales des Eglises chrétiennes en Inde. Celles-ci se sont en effet associées à la demande d’interdiction de deux groupes hindouistes ayant participé à l’attaque, demande réclamée par l’opposition politique dans des débats à l’Assemblée fédérale les 19 et 20 mars derniers.

L’assaut lancé le 16 mars dernier par environ 500 militants des groupes hindouistes – le Bajrang Dal (Parti de la force et de la puissance, BD) et le Vishwa Hindu Parishad, Conseil hindou mondial, VHP) – n’a duré que 20 minutes mais les assaillants ont fait preuve d’une frénésie peu commune. Portant des bandeaux de couleur jaune safran sur la tête, les militants hindouistes se sont introduits dans les bâtiments du parlement de l’Orissa, rossant les membres du personnel se trouvant sur leur passage, brisant les vitres et renversant le mobilier. Ils n’ont pu cependant pénétrer dans la salle des débats, la porte ayant été fermée par les services de sécurité. De même, malgré leurs tentatives, les assaillants n’ont pu entrer dans la salle réservée aux députés de sexe féminin, dont les portes avaient été soigneusement fermées. L’attaque ayant eu lieu à l’heure du déjeuner, aucune personnalité politique importante ne se trouvait sur les lieux. Selon les déclarations du responsable local du VHP, Bipin Bihari Rath, qui a été arrêté à la suite de l’intrusion, avec 50 autres militants, les militants hindouistes avaient marché sur l’Assemblée législative pour remettre au Vice-Premier ministre un mémorandum réclamant pour les hindous la permission de construire le temple d’Ayodhya et, en attendant, de fréquenter le lieu de culte provisoire construit sur les lieux.

L’attaque de l’assemblé législative de l’Orissa a fait l’objet de débats houleux de l’Assemblé fédérale. Après avoir fait l’exposé des faits, un député de l’opposition a affirmé ne voir aucune différence entre cette attaque et celle du 13 décembre contre le parlement indien. En conséquence, l’interdiction des deux organisations ayant participé à l’attaque a été demandée de presque tous les bancs de l’Assemblée, à l’exception de ceux du principal parti au pouvoir, le Bharatiya Janata Party (Parti du peuple indien, BJP). Il faut remarquer que certains des membres des partis appartenant à la coalition au pouvoir se sont joints à l’opposition pour qualifier les deux groupes hindous d’associations terroristes.

Cette prise de parti de l’opposition a été entièrement soutenue par la plupart des Eglises chrétiennes en Inde. Le porte-parole de la Conférence des évêques catholiques, le P. Donald De Souza, a déclaré le 20 mars suivant, que, “étant donné la situation actuelle, il y a toute les raisons d’interdire les organisations qui soutiennent les orientations fondamentalistes”. Dans un communiqué publié le 19 mars, l’association des Eglises protestantes et orthodoxes du pays déclarait regretter le manque de détermination du gouvernement pour mettre un terme aux actions illégales des fondamentalistes et qualifiait l’attaque du parlement de l’Orissa d’attaque contre la démocratie. Un communiqué du Conseil chrétien panindien, une association œcuménique, critiquait le refus du gouvernement de sanctionner les deux groupes hindouistes, malgré leur évidente implication dans l’affaire du Parlement de l’Orissa et d’autres violences multiples exercées contre les chrétiens et les musulmans.

La presse indienne s’est faite l’écho d’un large mouvement de l’opinion publique en faveur de l’interdiction des deux groupes. Le quotidien The Hindu, dans son éditorial du 19 mars, affirmait que la stratégie d’intimidation pratiquée par le VHP avait partout alimenté les conflits intercommunautaires. Il continuait en affirmant qu’il existait aujourd’hui une majorité d’opinions en faveur de l’interdiction du VHP et du BD, à cause de la menace qu’ils font peser sur l’unité nationale.