Eglises d'Asie

Dans l’ensemble, les intellectuels et les hommes politiques catholiques du pays ne sont pas favorables à la création d’un parti politique spécifiquement catholique

Publié le 18/03/2010




Le 9 mars dernier à Djakarta, 200 intellectuels et responsables politiques catholiques se sont réunis à l’initiative du Centre d’analyse sociologique et d’éducation civique (PAKEM – Pusat Kajian dan Edukasi Masyarakat) (1) et ont réfléchi autour de la question : “Est-il nécessaire pour les catholiques d’avoir leur propre parti politique ?”. Un consensus général s’est dégagé en faveur d’une réponse négative à cette question. Selon le P. Franz Magnis-Suseno, jésuite d’origine allemande et professeur à l’école de philosophie de Driyarkara, les catholiques indonésiens doivent s’efforcer de placer les valeurs chrétiennes au centre du débat politique mais il n’est pas nécessaire pour cela de former un parti catholique en tant que tel.

Cependant, a ajouté le P. Magnis-Suseno, dans l’hypothèse où un parti politique catholique voit le jour, son objectif doit être de viser au bien commun de la nation, en s’appuyant sur les valeurs chrétiennes, et non à la défense des intérêts de la communauté chrétienne. Un tel parti devrait également être ouvert aux croyants des autres religions. Partageant le point de vue du jésuite, Fransiskus Seda, ministre du temps de Sukarno et de Suharto, a ajouté : “Il est possible de fonder un parti catholique mais il doit se battre pour l’intérêt national. En luttant pour le bien commun, les catholiques seront respectés et reconnus.” Pour justifier son propos, l’ancien ministre a cité l’exemple du quotidien Kompas et de l’université catholique Atma Jaya. Ces deux institutions, dirigées par des catholiques, ont fait de la lutte pour l’intérêt national leur priorité, à la lumière des valeurs chrétiennes.

Un temps président du Partai Katolik, aujourd’hui disparu, Fransiskus Seda, âgé de 75 ans, a encouragé ses pairs en religion à se joindre aux principaux groupes politiques existants et à montrer l’exemple en tant que chrétiens. “Les catholiques doivent oser devenir des apôtres en politique au sein des différentes formations politiques”, a affirmé celui qui, malgré son âge, est resté actif dans la sphère politique, étant membre du Conseil suprême des conseillers du PDI-P, le parti de la présidente Megawati Sukarnoputri.

Directeur des affaires sociales et politiques au Centre d’études internationales et stratégiques, Joseph Kristadi, a exprimé sa satisfaction à l’endroit de l’épiscopat qui a toujours encouragé les laïcs à prendre part au débat politique, sans indiquer pour autant de préférence partisane.

La seule voix discordante est venue de Stephanus Roy Rening, président du petit Parti catholique démocratique, une formation récente et réunissant de jeunes catholiques. “Nous avons besoin d’un parti portant clairement l’étiquette catholique car c’est un appel pour ses membres à se montrer responsables. En tant que jeunes, nous n’avons pas peur de fonder un parti ouvertement catholique”, a-t-il déclaré, tout en admettant qu’une grande partie de la communauté catholique indonésienne ne partageait pas son point de vue (2).