Eglises d'Asie

Les responsables des principales religions s’interrogent sur les conséquences que le passage aux 40 heures de travail hebdomadaires pourraient avoir sur la pratique religieuse de leurs fidèles

Publié le 18/03/2010




Dès le début de ce mois d’avril, le gouvernement coréen a décidé de mettre en place les 40 heures de travail hebdomadaires. Pour le moment, la réforme est envisagée à titre d’essai et ne concernera que les fonctionnaires, à l’exception des policiers, des pompiers et des gardiens de prison : chaque mois, les employés du secteur public auront la possibilité de prendre un samedi sur quatre en congé (1). A partir du mois de juillet prochain, la durée légale du travail passera de 44 heures à 40 heures, mettant ainsi fin à la demi-journée de travail que de très nombreux Coréens passent le samedi sur le lieu de leur emploi. Pour les responsables religieux du pays, cette réforme, si elle est à quelques exceptions près bien accueillie, est pourtant source d’inquiétudes.

Ainsi, le P. Kim Jong-su, secrétaire général de la Conférence des évêques catholiques de Corée, a expliqué qu’« avec le nouveau système, le nombre de fidèles allant à la messe dominicale va diminuer », précisant qu’un certain nombre de catholiques préféreront désormais partir en week-end et profiter de deux jours d’affilée pour voyager, chose qu’ils ne pouvaient pas faire lorsqu’ils ne disposaient que d’une journée et demie de repos hebdomadaire. Lors de son assemblée semestrielle des 3-7 mars dernier, les évêques ont débattu des différentes mesures pastorales qui pourraient être mises en place pour accompagner l’évolution des modes de vie induite par la réduction du temps de travail. Si les études indiquent qu’aujourd’hui 40 % des catholiques vont à la messe le dimanche (2), l’Eglise doit se préparer à voir ce chiffre décroître, a commenté le P. Kim.

Selon Peter Lee Eun-seok, chercheur à l’Institut de théologie Woori, un institut animé par des laïcs, l’Eglise en tant qu’institution n’a pas encore adopté de position officielle quant à la réduction du temps de travail. D’un côté, elle ne souhaite pas apparaître comme s’opposant à une évolution qui va dans le sens de l’amélioration des conditions de travail des gens et de la vie des familles. D’un autre côté, elle craint que l’évolution soit défavorable à la pratique religieuse. Toujours selon ce chercheur, une partie des responsables protestants coréens n’ont pas ces états d’âme. Le Conseil chrétien de Corée, réunissant des mouvements protestants réputés conservateurs, a publiquement pris position contre la réduction du temps de travail au motif qu’il est écrit dans la Genèse que Dieu a travaillé six jours avant de se reposer le septième jour. Mais, précise Peter Lee, la véritable raison qui motive la position du Conseil chrétien de Corée est bien la crainte de voir les fidèles déserter les temples.

Du côté des bouddhistes, ajoute encore Peter Lee, aucune position officielle n’a été arrêtée mais le changement est plutôt bien accueilli. En effet, une partie importante des temples bouddhistes étant située en montagne, il est espéré que plus de temps libre amènera plus de Coréens à se déplacer et venir rendre visite aux temples isolés et éloignés des centres urbains.