Eglises d'Asie – Inde
Malgré certaines difficultés, la formation des dalits dans des institutions de l’Eglise catholique en vue des concours administratifs a obtenu de bons résultatsPRIVATE
Publié le 18/03/2010
Selon lui, l’initiative de 1998 n’a obtenu jusqu’ici qu’un succès limité. Ce projet qui vise à la promotion des anciens intouchables et des populations aborigènes s’est heurté à de très sérieuses difficultés financières. Les donneurs d’aide ont prévu, en effet, de subvenir à 60 % des dépenses nécessaires à cette initiative et voudraient que les 40 % restants soient pris en charge localement. Le prêtre a fait remarquer que les étudiants extrêmement pauvres ne peuvent en aucune façon débourser de grosses sommes. C’est pourquoi le prêtre a demandé que chacun des 143 diocèses de l’Inde veuille bien apporter sa contribution à cette dépense en faveur des pauvres.
Le P. Lourduswamy a aussi parlé, d’une façon plus générale, du problème des dalits à l’intérieur de l’Eglise catholique. Selon lui, ils représentent quelque 60 % des 16 millions de catholiques en Inde. Mais les efforts de l’Eglise en faveur de leur développement socio-économique n’ont jusqu’à présent obtenu que peu de succès. Malgré le système éducatif mis en place par les missionnaires catholiques en tout le pays pour leur promotion culturelle, les dalits chrétiens restent encore aujourd’hui “culturellement pauvres” et socialement marginalisés. Par ailleurs, les chrétiens dalits n’ont pas accès aux quotas de postes spécialement réservés par la Constitution aux dalits dans l’administration et l’éducation sous le prétexte que leur religion ne pratique pas la discrimination de caste.
C’est en vue de répondre à une telle situation qu’a été conçu le projet de la Conférence épiscopale. Au début en 1998, deux premiers centres ont été établis à Ranchi dans l’est de l’Inde et à Madurai dans le sud du pays et ont commencé à donner une formation aux dalits catholiques pour les préparer aux concours administratifs. L’année suivante, trois autres maisons de formation furent fondées, à Hyderabad et à Kottayam dans le sud et à Shillong au nord-est, chaque centre recrutant une moyenne de 40 étudiants. Ces centres ont jusqu’ici formé environ 540 étudiants. Cependant, le nombre d’étudiants a tendance à diminuer dans le sud. D’une façon générale, plusieurs raisons incitent les étudiants à se décourager. Constituant la première génération d’étudiants, ils ne bénéficient pas de modèles chez leurs aînés ou leurs parents de qui ils reçoivent peu d’encouragement. Par suite, ils ont tendance à penser que les postes dont ils préparent les concours représentent un niveau dépassant leurs capacités. Enfin, la langue des concours est l’anglais et beaucoup de ces étudiants, particulièrement ceux qui viennent de l’est et du nord du pays, utilisent des langues locales.
Cependant, le P. Lourduswamy a fait état de certains résultats remportés par les étudiants originaires des basses castes et des populations minoritaires dans les concours. Parmi eux, huit sont devenus percepteurs adjoints, un poste qui est placé au second rang dans la hiérarchie administrative. Quatre sont devenus commissaires de police adjoints, 22 fonctionnaires de bas niveau, 11 enseignants et 26 employés de banque. En conclusion, le prêtre a insisté sur le fait que la montée dans la hiérarchie sociale ainsi effectuée par un certain nombre de membres des basses castes était susceptible d’apporter des transformations de première importance dans la société indienne actuelle. La formation de jeunes dalits aux concours administratifs doit donc être prolongée et intensifiée.