Eglises d'Asie – Japon
Ouvert à l’initiative d’un prêtre catholique et de deux laïques, un havre d’espoir et de paix accueille les femmes battues
Publié le 18/03/2010
Le P. Léonard Simons, missionnaire belge aujourd’hui âgé de 76 ans, et deux laïques, Toshi Takeda et Toyo Kiyoto, travaillent au refuge depuis 14 ans. Interrogées sur les motifs de leur engagement, les deux laïques ont simplement répondu : “Nous essayons seulement d’être proches de ces femmes comme le Seigneur lui-même est proche de nous”. Takeda, ancienne directrice d’un institut pour enfants difficiles, explique avoir été témoin de cas où ces enfants commençaient à ouvrir leur cœur “quand ils avaient compris qu’on s’occupait vraiment d’eux”. Pourtant, un certain nombre, après avoir quitté son institut, récidivait, pour la plupart du fait de la vie agitée et troublée de leurs parents. C’est, se rappelle-t-elle, ce qui l’a poussé à commencer à s’occuper des parents au moment même où elle a rencontré le P. Simons. Ce missionnaire est arrivé au Japon il y a 47 ans avec l’idée, depuis son ordination, “d’imiter le Christ présent au milieu des gens”. Dès son arrivée, il avait commencé à visiter les prisons et à aider les anciens prisonniers devenus marginaux. Il avait alors mis sur pied le Service des bénévoles de Kôchi pour soutenir ceux qui, souvent, échappaient aux services sociaux. Kiyoto, quant à elle, la troisième personne à laquelle le refuge doit son succès, était dans la police, chargée de s’occuper de jeunes en difficulté, avant de venir rejoindre le P. Simons et Mme Takeda.
Tous trois expliquent que l’objet de leur refuge est de procurer un “havre de sécurité” aux femmes brutalisées et désespérées de la vie. Celles qui arrivent n’ont pas à donner leur nom ni à dire d’où elles viennent. C’est seulement une personne que le refuge veut accueillir, témoigne le trio, et rien d’autre. “Nous n’essayons jamais de changer quelqu’un. Pas de conseil. C’est seulement un endroit où les femmes apprennent à redécouvrir’ leur vie par elle-même”, explique le P. Simons. Après un certain temps, les femmes reprennent confiance, reviennent sur leur passé et se sentent capables de quitter la maison. C’est un grand moment de joie pour nous tous, ajoute-t-il.
Les animatrices ne connaissent pas exactement le nombre de leurs protégées : “Nous ne comptons pas les gens. Nous les honorons”, déclare Takeda qui ajoute qu’elle n’a compris ce que cette démarche signifiait réellement qu’après avoir fait la connaissance de la mère du P. Simons, une femme qui a adopté et élevé neuf enfants d’origines géographiques très diverses. Interrogée par Takeda sur le nombre des enfants adoptés, elle avait répondu : “Les enfants ne sont pas des choses qu’on peut comptabiliser”. Takeda se souvient avoir été fortement impressionnée par cette réponse.
Takeda et Kiyoto expliquent qu’elles ne font “rien de spécial” pour aider ces femmes. “Nous sommes heureuses du simple fait de pouvoir répondre aux cris de celles qui sont dans la détresse et que cela soit reconnu comme essentiel”. Le P. Simons ajoute vouloir espérer que le prix décerné par le journal fera plus que d’aider les femmes : “Je voudrais que l’Eglise ouvre ses fenêtres et regarde la vie des gens”, dit-il. “Si ce prix pouvait être un exemple pour une Eglise plus sociale, j’en serais heureux. J’espère pouvoir continuer moi-même encore longtemps à entendre les cris de ceux qui sont dans la peine”.