Eglises d'Asie

Amnesty International : le Népal est pris dans une spirale de violences dont la population est la première victime

Publié le 18/03/2010




Depuis six ans que dure le conflit entre la guérilla maoïste et les forces gouvernementales, les actes de violences particulièrement meurtriers ne se comptent plus. Enlèvements, disparitions, tortures et condamnations à mort illégales se font écho de part et d’autre, constate Amnesty International qui reprend les rapports de Nepal-Amnesty (1). La situation s’est encore aggravée depuis le mois de novembre dernier, date à laquelle les pourparlers de paix et un cessez-le-feu en vigueur durant quatre mois ont été rompus par une attaque sanglante des maoïstes contre l’armée et la police. Le gouvernement a répondu par l’état d’urgence décrété le 26 novembre dernier. “Beaucoup de civils sont à compter parmi les 1 300 personnes tuées par les forces de sécurité et présentées par elles comme des maoïstes. Les groupes maoïstes ont de leur côté tué près de 440 civils soupçonnés par eux d’être des ennemis de la révolution”. Le 21 février dernier, l’état d’urgence a été reconduit pour trois mois après une nouvelle offensive. L’état d’urgence suspend tous les droits constitutionnels, y compris la liberté de parole, la liberté de la presse et le droit de réunion, écrit, de Lausanne, Amnesty International, dans son rapport daté du 4 avril. Plus de 2 700 personnes ont été tuées depuis que les maoïstes, en 1996, ont lancé leurs attaques pour faire du Népal une république communiste.

Sous la pression des critiques accumulées depuis la reconduction de l’état d’urgence du 21 février, le gouvernement a, le 4 avril, annoncé un certain assouplissement des mesures d’exception en vigueur. Les journalistes pourront désormais publier ou diffuser librement des nouvelles issues de sources indépendantes, à l’exception de celles qui ont trait aux actes de terrorisme. Ils devront cependant fonder leurs articles sur les informations fournies par les ministères de la Défense ou de l’Intérieur. Les réunions publiques des partis politiques ont été autorisées mais être au préalable autorisées par les autorités locales.

Ce même 4 avril, un projet de loi intitulé Pour la prévention du terrorisme et des activités malveillantes et présenté par le ministre de la Sécurité intérieure, Chiranjivi Wagle, a été adopté par le Parlement. Il renforce la loi antérieure et spécifie qu’un crime de terrorisme est passible d’une peine de prison à vie et la possession d’armes à feu non autorisées et d’explosifs d’une peine de dix ans d’emprisonnement : “Quiconque est impliqué dans des actions terroristes ou quiconque est reconnu avoir soutenu ce type d’action ayant entraîné la perte de vies humaines est passible d’une peine de prison à vie”.

Amnesty International, dans son communiqué du 4 avril, tout en reconnaissant les difficultés auxquelles se heurte le gouvernement, demande que, dans leur stratégie antiterroriste, les autorités népalaises sauvegardent l’exercice des droits fondamentaux de la population : éducation, développement économique et protection des vies et des biens. “Le cycle de la violence ne sera brisé que lorsque le gouvernement prendra des mesures sérieuses pour enquêter à propos des violations des droits de l’homme et pour en punir les responsables Reprochant à la communauté internationale son apathie face aux événements du Népal, Amnesty International met en garde contre une possible escalade de violence dans la région.