Eglises d'Asie

Après six mois de captivité, le P. Giuseppe Pierantoni, missionnaire à Mindanao, a recouvré la liberté

Publié le 18/03/2010




“Je crois qu’après (presque) six mois passés dans les forêts, (il était) temps de s’échapper”. C’est par ces mots que le P. Giuseppe Pierantoni, missionnaire italien enlevé le 17 octobre dernier à Dimataling (1), dans la province de Zamboanga del Sur, sur l’île de Mindanao, a commenté sa libération le 8 avril. Retrouvé par une patrouille de l’armée à 2 heures du matin le 8 avril dans une plantation de cocotiers de Tungawan, à Zamboanga Sibugay, soit un peu à l’ouest de Dimataling, le prêtre italien a été immédiatement transporté à Manille où, un peu avant midi, le même jour, la présidente des Philippines, Gloria Macapagal-Arroyo, l’a présenté à la presse. “Je suis très très reconnaissant, très reconnaissant à Dieu, au gouvernement philippin et à toutes les familles qui ont fait preuve de tant de solidarité envers moi”, a déclaré le prêtre aux médias, ajoutant qu’il était en bonne santé et qu’il remerciait tout spécialement son évêque, Mgr Zacharias Jimenez, de Pagadian, et ses fidèles “de tout ce qu’ils ont fait pour moi”. Quelque peu “déboussolé et fatigué” par les douze heures de marche à travers la forêt qui ont précédé sa rencontre avec une unité de l’armée, il a déclaré que sa liberté et le fait d’être sain et sauf étaient “un miracle de la prière”.

Les circonstances exactes de la libération du P. Pierantoni ne sont pas connues avec précision et, dès la nouvelle de la libération, des rumeurs au sujet du versement éventuel d’une rançon ont circulé. Pour le ministre de l’Intérieur, Joey Lina, une unité spéciale de la police avait repéré les ravisseurs du prêtre et, “avant que les forces spéciales puissent engager (le combat) avec les membres du Pentagone [nom du groupe qui a revendiqué l’enlèvement du missionnaire], les ravisseurs se sont dispersés pour se mettre en sécurité, laissant derrière eux le P. Pierantoni”. Selon le général Angel Atutubo, responsable de la cellule mise sur pied pour parvenir à la libération du prêtre italien, le 6 avril, l’arrestation de trois ravisseurs a permis de localiser la zone où était détenu le P. Pierantoni et les hommes du Pentagone ont été contraints d’abandonner le prêtre sous la pression des forces de sécurité (armée et police) qui se rapprochaient d’eux. Le chef national de la police, Leandro Mendoza, a démenti les informations faisant état du paiement d’une rançon, le chiffre de 20 000 dollars américains ayant été cité. “Vous connaissez la politique du gouvernement. Nous n’avons jamais négocié ni payé de rançon pour sa libération”, a déclaré ce dernier à l’adresse des journalistes.

Toutefois, selon l’agence Ucanews (2), Mgr Jimenez a déclaré que, le 7 avril, soit la veille de la libéra-tion du prêtre, l’archevêque de Davao, Mgr Fernando Capalla, avait reçu un appel de Norberto Gonzalez, conseiller spécial de la présidente Arroyo, où ce dernier lui annonçait “la libération immi-nente du prêtre”. Le lendemain, Norberto Gonzalez a démenti avoir tenu ces propos, déclarant que les fausses alertes avaient été nombreuses depuis le début de la captivité du P. Pierantoni. Quoi qu’il en soit, la présidente Arroyo a salué cette libération en remerciant la “Miséricorde divine”. Elle a ajouté qu’elle avait donné ordre à la police et à l’armée de poursuivre leurs actions contre les groupes de ravisseurs actifs dans le pays, contre le groupe Abu Sayyaf en particulier qui détient toujours un couple de missionnaires protestants américains et une infirmière philippine (3). “Pas de quartier. Annihilez ces bandes de criminels. J’en appelle au peuple, à nos frères musulmans, afin de nous aider à mettre fin à ce fléau que constituent les enlèvements”, a-t-elle martelé. Selon le ministre de l’Intérieur, la libération des trois otages encore entre les mains du groupe Abu Sayyaf est “une question de jours”.

Pour sa part, le P. Pierantoni, âgé de 44 ans, membre de la Congrégation des Missionnaires du Sacré-Cœur (les Déhoniens), s’est contenté de remercier ceux qui ont œuvré à sa libération et de décrire les changements produits en lui par son enlèvement et sa détention. “L’expérience de l’enlèvement a été positive pour ma vie de missionnaire. Cela a été un changement radical de vie ; j’ai eu beaucoup de temps pour prier”, a-t-il rapporté à l’agence Fides (4), qualifiant l’épreuve traversée de “calvaire très positif”. A Pagadian, Mgr Jimenez a tenu à remercier la communauté musulmane pour “son aide et son soutien moral”. Il a ajouté qu’“à Mindanao, l’urgence continue. Nous espérons que le gouvernement fera plus encore pour combattre le terrorisme et surtout la pauvreté qui est la racine des maux de Mindanao”.