Eglises d'Asie – Taiwan
Des catholiques taiwanais sont en désaccord avec le gouvernement sur les questions liées à la gestion de l’eau dans certaines régions de l’île
Publié le 18/03/2010
Dans les districts de Hsinchu et de Taoyuan, situés tous deux sur le territoire du diocèse de Hsinchu, l’eau des particuliers est rationnée, le lavage des voitures et l’alimentation les piscines, limités. Pour l’agriculteur Liao, spécialisé dans la culture biologique à Nantou, le problème n’est pas tant la mise en jachère de ses terres, fort bien indemnisée par l’Etat que la politique du gouvernement. Teresa Chang Te-lang, catéchiste de la paroisse du Christ Sauveur du diocèse de Hsinchu, fait observer, de son côté, que les exploitants des parcelles en terrasses de la région de Hsinchu sont de fait satisfaits des subventions perçues, parfois supérieures à leurs revenus antérieurs. Mais Wang Wu-chang, président de la branche asiatique d’une association rurale catholique internationale, considère que la solution gouvernementale consiste à « donner un poisson à manger à l’homme chaque fois qu’il a faim ». Ce qui, dit-il, n’aidera en rien à améliorer la situation économique des agriculteurs.
Les agriculteurs sont confrontés, certes, à de grandes difficultés depuis l’entrés de Taiwan dans l’Organisation mondiale du commerce mais ce n’est rien comparé à celles des agriculteurs de Chine continentale, explique Wang Wu-chang, par ailleurs professeur de sociologie, spécialiste des coopératives associatives. Pour sa part, il demande au gouvernement d’aider les fermiers à mettre sur pied des coopératives dans les villages agricoles et de rejoindre l’Association internationale des coopératives, afin de leur permettre de devenir compétitifs. A Taiwan, peu de gens savent que l’île est classée par les Nations Unies parmi les 18 régions du monde souffrant d’un manque d’eau endémique. Cependant, gaspiller l’eau ne semble pas être un tellement grand problème à Taiwan puisque, chaque fois que le gouvernement propose d’augmenter son prix, il essuie un refus de la part des députés soucieux avant tout de leur réélection, explique-t-il encore.
Selon les experts, le manque d’eau dans la région de Hsinchu vient du relief vallonné de cette région d’une part et, d’autre part, de l’erreur humaine qui a consisté à concentrer là une industrie de haute technologie, grande consommatrice d’eau. Depuis 1996, les entreprises installées dans le Parc se plaignent régulièrement du manque d’eau. Lin Hsin-pei, professeur catholique de l’université nationale Sun Yat-sen, qui poursuit des recherches sur les ressources en eau, a expliqué qu’il n’était « pas bon pour Taiwan » de lier la moitié de son économie à l’industrie des semi-conducteurs. Selon lui, il faut sérieusement réfléchir et décider si oui ou non sacrifier l’agriculture à l’industrie des semi-conducteurs est une politique valable. De plus, a-t-il ajouté, la pollution de l’eau, ressource déjà rare, du fait de l’activité industrielle (pétrochimie, sidérurgie, semi-conducteurs) réduit encore les réserves disponibles. L’agriculture était considérée comme importante il y a quelques années et a constitué une des bases du développement de l’île, mais aujourd’hui elle ne l’est plus et les jeunes ne veulent pas rester à la ferme.