Eglises d'Asie

L’ONG Médecins sans frontières tire le signal d’alarme au sujet de la situation des Rohingyas, de Birmanie, réfugiés dans des camps situés au Bangladesh

Publié le 18/03/2010




Depuis dix ans qu’ils sont réfugiés au Bangladesh, la situation des Rohingyas, peuple originaire de Birmanie et de confession musulmane, ne s’améliore pas et va même en s’aggravant ces derniers mois. Tels est le message que l’ONG Médecins sans frontières (MSF) a lancé le 1er avril dernier, attirant l’attention sur le sort de ces réfugiés, parqués dans deux camps situés au sud-est du Bangladesh, en proie à une sous-nutrition grave et au désespoir. “Les 21 000 réfugiés musulmans de Birmanie, appelés Rohingyas, souffrent de malnutrition ; ils manquent d’eau et de nourriture pour se maintenir en bonne santé ; la sécurité dans les camps est insatisfaisante et les Nations Unies (le Haut Commissariat aux réfugiés de l’ONU) devraient prendre soin d’eux”, a déclaré Kenny Gluck, de MSF.

La présence de ces réfugiés, installés dans deux camps du district de Cox’s Bazar, au Bangladesh, remonte aux années 1991-1992. A cette époque, fuyant les persécutions menées par la junte birmane (1), près de 250 000 Rohingyas avaient quitté le nord de l’Etat de l’Arakan (Rakhine), Etat situé dans l’ouest de la Birmanie. L’UNHCR avait par la suite passé un accord avec Rangoun et organisé le rapatriement de 230 000 de ces Rohingyas – accord qui n’offrait aucune garantie aux rapatriés quant au respect de leurs droits en Birmanie. En 1997, les rapatriements ont cessé. En 1999-2000, un nouvel afflux de réfugiés a de nouveau accru la population des camps de Cox’s Bazar (2). Depuis, ces réfugiés semblent dans une impasse : la Birmanie ne s’empresse pas d’organiser leur retour, le Bangladesh argue de la pauvreté de sa propre population pour ne pas accepter que ces réfugiés s’intègrent sur place et l’UNHCR ne sait que faire.

“Les réfugiés vivent dans ces deux camps dans des conditions misérables. Ils ne disposent ni de nourriture ni de soins médicaux en quantité et en qualité suffisantes. Il leur est interdit de quitter l’enceinte des camps ou de travailler pour organiser leur survie”, témoigne Kenny Gluck, qui demande que ces réfugiés “ne soient pas considérés comme représentant un poids ou un résidu (du processus enlisé de rapatriement), mais comme des êtres humains, avec leurs espérances, leurs voix et des droits”. Pour les autorités bangladaises, le non-rapatriement des Rohingyas est dû au refus des autorités birmanes de les accueillir ; elles assurent qu’elles font leur possible pour subvenir au mieux aux besoins de ces réfugiés dont la présence sur le sol du Bangladesh ne tient qu’à des “considérations purement humanitaires”, selon l’expression employée par un fonctionnaire bangladais de Cox’s Bazar.