Eglises d'Asie – Inde
Un rapport indépendant accuse les autorités locales et fédérales de s’être fait les complices des auteurs des massacres du Gujarat
Publié le 18/03/2010
La conclusion principale du rapport est que, à l’exception de l’attaque du train à Godhra, le 27 février, les événements qui se sont déroulés dans le Gujarat à la fin de février et les deux premiers jours de mars ne constituent pas des émeutes intercommunautaires. Les violences qui ont suivi l’attaque du train ont reçu le soutien de l’Etat et se sont exercées unilatéralement contre les musulmans à la manière d’un pogrom délibéré. Par ailleurs, le nombre de victimes relevé par les enquêteurs indépendants est beaucoup plus élevé que celui mentionné par les rapports officiels, à savoir 800 victimes. L’estimation proposée par le nouveau rapport est d’au moins 2 000 morts, sinon beaucoup plus.
L’enquête menée par les observateurs non officiels a mis en lumière certains aspects du déroulement des faits qui nécessitaient une préparation préalable, préparation qui a dû commencer bien avant l’incident de Godhra. Par ailleurs, le rapport dénonce la connivence dont ont fait preuve de larges secteurs de l’administration et de la police à l’égard des émeutiers. C’est elle qui a permis et facilité l’extension et la persistance des violences intercommunautaires. Le gouvernement fédéral a été blâmé pour n’avoir pris aucune mesure décisive contre les autorités de l’Etat du Gujarat et d’avoir, sans cesse, minimisé la gravité de ce qui se passait.
Le rapport souligne que les événements survenus au Gujarat ne sont pas seulement une tragédie locale, ou même une tragédie nationale, comme l’a affirmé le Premier ministre. C’est beaucoup plus que cela. Si les coupables des meurtres de Godhra aussi bien que ceux qui ont déclenché et soutenu le pogrom, parmi lesquels les plus hautes autorités de l’Etat, ne recevaient pas leur juste punition, alors la démocratie laïque et pluriculturelle de l’Inde encourrait d’énormes risques. En conséquence, les auteurs du rapport formulent un certain nombre de recommandations, parmi lesquelles figure en bonne place l’application de l’article 356 de la Constitution, qui prévoit en cas de grave défaillance des autorités locales de confier l’administration d’un Etat de la Fédération au président fédéral.