Eglises d'Asie

Chaque année, 50 000 migrants illégaux s’installent à Hô Chi Minh-Ville répondant à des besoins de maind’œuvre, mais multipliant les problèmes sociaux

Publié le 18/03/2010




Parmi les villes du Vietnam, Hô Chi Minh-Ville est celle qui exerce l’attirance la plus grande sur la population des autres régions du pays. Selon l’organe de la Sûreté, Công An du 8 avril 2002, on estime officiellement à 50 000 le nombre de nouveaux habitants qui, chaque année, viennent de diverses provinces du Vietnam s’installer dans la métropole du sud. Cette migration n’est pas sans effets bénéfiques à divers points de vue, mais elle ne manque pas non plus de poser des problèmes sociaux d’une grande complexité.

L’ancienne Saigon et devenue aujourd’hui le plus grand centre économique du Vietnam recherché par les investisseurs étrangers à cause de la rapidité de son développement. Les besoins en main d’oeuvre ne cessent d’y grandir, qui drainent vers elles des flots migratoires venant grossir la population de la ville. La ville qui, au dernier recensement de 1999 (1), avec sa grande ceinture de Gia Dinh et Thu Duc, atteignait 5,037 millions d’habitants, abrite aujourd’hui plus de 7 millions de personnes, dont l’implantation est de l’ordre de 25 000 personnes au km . Les nouveaux migrants représentent environ un quart de la population. Les services de la ville considèrent que pour deux tiers d’entre eux, l’installation, bien qu’encore provisoire devrait se prolonger. L’autre tiers vit encore dans des conditions incertaines et n’a pas mis un terme définitif à son errance, ne bénéficiant pas encore d’une résidence stable.

Les migrants proviennent de tout le territoire du pays. Originaires de toutes les provinces, ils sont cependant plus nombreux à quitter les provinces pauvres du Centre-Vietnam, du Nord-Vietnam et de l’ouest cochinchinois. Leur niveau culturel, leur qualification professionnelle sont également disparates. De toute façon, seuls un certain nombre de travaux leur sont confiés. On peut les voir travailler dans les chantiers de construction, les entreprises de production, la récupération des déchets. Ils sont également embauchés dans les grands commerces, les marchés comme porteurs ou débardeurs. Ils exercent également une série de petits métiers bien connus, vendeurs de journaux, de billets de loterie, de pâtisseries diverses, pour les hommes, hôtesses de bar, de restaurants pour les femmes. D’une façon générale, chacun d’entre eux est à l’affût de toute occupation honnête ou quelquefois malhonnête, qui lui permette de gagner quelques dôngs. La plupart du temps ce sont des métiers de fortune, très fatigants quelquefois dangereux, nuisibles à la santé, et de surcroît mal payés, d’autant plus mal payés que, démunis de carte de résidence, les migrants ne sont pas en mesure d’émettre la moindre protestation.

Ce flot migratoire a contribué a la naissance de construction illégales et souvent insalubres dans divers quartiers de Saigon. Selon les statistiques recueillies en divers arrondissements, il existe à Hô Chi Minh-Ville environ 40 000 appartements, loués par des migrants, dont la plupart ont été construits illégalement au bord de canaux et des arroyos, sur des marécages, dans des dépôts d’ordures ou encore dans des cimetières, autant de lieux où les habitants s’entassent sur des superficies très étroites. Dans certains quartiers du quatrième arrondissement et de Binh Thanh, habités par des migrants, la concentration est d’une personne pour un à deux m . Un certain nombre d’entre eux habitent à même le trottoir, protégés du soleil et des intempéries par une vaste toile de nylon. Le quartier 26 du 17e district de l’arrondissement de Go Vâp est célèbre pour la promiscuité qui y règne, promiscuité telle que le quartier est appelé la “ville-poulailler Inutile d’ajouter que, partout, l’eau potable et les services hygiénique sont absents.

Dans tous les quartiers où se concentrent les migrants les plus pauvres sévissent divers fléaux sociaux. Selon le président de l’arrondissement de Binh Thanh, un tiers des infractions pénales commises dans l’arrondissement l’ont été du fait des migrants. Cette proportion est de 50 % pour ce qui concerne l’usage et le trafic de drogues. Divers quartiers de migrants sont connus pour s’être spécialisés dans des activités lucratives particulières, la mendicité, la prostitution.

Pour beaucoup de migrants, il est pratiquement impossible de régulariser leur situation. Les autorités ne délivrent à aucun d’entre eux, le “Hô Khâu”, pièce d’identité donnant droit à la résidence régulière en ville, à l’exception de ceux qui se marient avec quelqu’un possédant cette pièce ou qui ont assez d’argent pour acheter une maison régulièrement construite.