Eglises d'Asie

Gujarat : 36 morts et une centaines de blessés dans la région d’Ahmedabad à la suite d’une nouvelle vague de violences intercommunautaires

Publié le 18/03/2010




Une nouvelle vague de violences intercommunautaires, dont l’ampleur n’était cependant pas comparable à celle qui avait fait des centaines de morts au début du mois, a déferlé à nouveau, du 21 au 23 avril, sur l’Etat de Gujarat, plus particulièrement sur la région de Ahmedabad. Au matin du mardi 23 avril, alors que le calme semblait provisoirement revenu, la police de Ahmedabad qui avait déjà arrêté 70 émeutiers estimait que les plus récents troubles avaient avait déjà fait 27 morts (1). Le 26 avril, le bilan s’était encore aggravé. L’estimation officielle était de 36 morts (2). Selon des sources hospitalières, une centaine de personnes blessées au cours des affrontements recevraient des soins dans les établissements hospitaliers de la ville.

Les troubles ont recommencé dans la matinée du dimanche, 21 avril, alors que le ministre de la défense George Fernandes accomplissait un voyage à Ahmedabad pour y visiter les 101 camps d’hébergement où se sont réfugiées plus de 97 000 personnes à la suite des dévastations causées dans diverses enclaves musulmanes par les émeutes du début du mois d’avril. A vrai dire depuis cette date, la tension avait persisté et des incidents violents n’avaient cessé d’éclater ici là d’une manière sporadique. Cependant, ce dimanche-là, la presse se félicitait d’une accalmie qui durait depuis 36 heures. Le premier incident a eu lieu dans le district de Kheda, à 20 km de la ville de Ahmedabad, où un groupe d’incendiaires a mis le feu à une boutique. Lors du chaos qui a suivi, la police a tiré sur le groupe faisant un mort. Selon d’autres sources (3) une bagarre entre hindous et musulmans à l’occasion d’une fête organisée pour la divinité Rama, aurait mis le feu aux poudres. Toujours est-il qu’à la fin de la journée de dimanche, on déplorait déjà 15 morts dont un policier et dix civils tombés sous le feu des agents du maintien de l’ordre dans un quartier de la ville. Quatre personnes sont mortes poignardées au cours de batailles qui mettaient aux prises des hindous et des musulmans en divers quartiers de la ville. Les deux communautés se sont aussi affrontées à coups de pierre et de cocktails molotov. De nombreuses habitations ont été incendiées. Le couvre-feu qui avait été décrété le dimanche pour quatre quartiers de la ville a été étendu à l’ensemble de l’Etat le lundi, journée durant laquelle les troubles se sont poursuivis faisant huit nouvelles victimes.

Selon, un officier de renseignement de Ahmedabad, lors de ces derniers événements, le gouvernement de l’Etat ainsi que l’appareil policier ont perdu le contrôle de la situation. “Il n’existe aujourd’hui aucun système de renseignements en état de fonctionner et capable de mettre un terme à la violence. Celle-ci ne s’arrête que lorsque les émeutiers ont décidé de s’arrêter !”, a déclaré l’officier qui a voulu conserver l’anonymat. Aussi bien, on a vu se renforcer la résolution de tous ceux qui demandent aujourd’hui la démission du ministre président du Gujarat, Narendra Modi, dont le gouvernement a fait la preuve de son inefficacité et de sa partialité. Celui-ci avait déjà cédé à la pression d’innombrables associations, de groupes de la société civile (4), de partis politiques parmi lesquels des alliés du Bharatiya Janata Party (Parti du peuple indien, BJP) dans l’alliance politique au pouvoir, qui demandaient son départ pour avoir tacitement soutenu les auteurs des massacres de février mars derniers. Le 12 avril, il avait présenté sa démission à la direction de son parti. Cependant, le BJP avait aussitôt convoqué une réunion extraordinaire de son Comité national exécutif, qui s’est tenue à Panaji, capitale de l’Etat de Goa. A son issue, l’Etat-major du Parti avait rejeté la démission de Modi et décidé que la population elle-même déciderait du sort du ministre président dans de nouvelles élections.

Mais la pression contre le gouvernement du Gujarat s’est renforcée encore avec l’intervention d’un certain nombre d’instances internationales, comme le gouvernement finlandais, l’Union européenne, la Haute Commission britannique, et diverses ambassades, qui ont exprimé publiquement leur réprobation à l’égard de ces massacres, qualifiés par certains de “génocide”. Des associations islamiques du Royaume Uni ont même l’intention de recourir à la Cour internationale de justice pour juger le ministre-président du Gujarat, comme ce fut le cas pour Slobodan Milosevic en Yougoslavie.

La question de la démission du ministre président devrait être abordée au cours d’une discussion qui doit avoir lieu au parlement fédéral, concernant les responsabilités du gouvernement de l’Etat du Gujarat en regard des événements violents qui ont endeuillé sa population.