Eglises d'Asie

Caritas Hongkong, coordinateur de l’aide de l’Eglise catholique à la Corée du Nord, a lancé un appel en faveur de ce pays face au “désintérêt croissant” de la part des donateurs internationaux

Publié le 18/03/2010




“La Corée du Nord est-elle en train de devenir une urgence oubliée ?” C’est par cette question que la Caritas Hongkong, agence coordinatrice de l’aide de l’Eglise catholique à la Corée du Nord, a lancé un appel le 9 avril dernier en direction des principaux donateurs internationaux face à ce qu’elle qualifie de “désintérêt croissant” de la part des grandes agences caritatives. Selon l’agence catholique, des millions de Nord-Coréens ne sont toujours pas en mesure de faire face à leurs besoins primordiaux. Or, les agences internationales d’aide manifestent une certaine “fatigue” à financer sans fin une situation d’urgence qui se répète année après année depuis 1995, date du début de l’intervention de la communauté internationale en Corée du Nord après la révélation par les dirigeants de ce pays de l’état de faillite de son système agricole entièrement étatisé. Cette année, souligne encore la Caritas Hongkong, les difficultés à trouver des aides en quantité suffisante pour la Corée du Nord sont accrues du fait que l’attention des principaux pays donateurs s’est tournée vers l’Afghanistan.

Pour son programme qui court du 1er avril 2002 au 31 mars 2003, la Caritas Hongkong recherche 2,65 millions de dollars, qui viendront s’ajouter aux 25 millions déjà transmis en Corée du Nord depuis 1995 (1). En dépit de difficultés persistantes, l’agence catholique a souligné que des améliorations avaient été constatées ces derniers mois dans la distribution de l’aide alimentaire. La collaboration entre la Caritas et les divers intervenants étrangers en Corée du Nord, d’une part, et les différents ministères nord-coréens, d’autre part, devient plus aisée. Les autorités nord-coréennes, a encore souligné le rapport de la Caritas, se montrent plus ouvertes aux programmes de formation proposés par les agences étrangères. Ce dernier point est important, a insisté la Caritas, car, outre sa politique générale qui est “Pas d’aide sans accès au processus de distribution de l’aide”, la distribution de denrées alimentaires non accompagnée de programmes destinés à d’autres secteurs, tels que l’agriculture, le stockage, le transport ou encore l’hygiène et la santé, n’a qu’un faible impact sur le relatif bien-être des populations aidées.

Par ailleurs, le 1er mai dernier, à Rome, le Programme alimentaire mondial, agence des Nations Unies, a fait savoir qu’il allait être contraint d’arrêter l’assistance alimentaire apportée à plus d’un million d’enfants et de personnes âgées nord-coréennes. La raison de cet arrêt est du même ordre que l’appel lancé par la Caritas Hongkong : sur l’appel de 258 millions de dollars lancé en novembre dernier pour la Corée du Nord, seul un dixième de cette somme a été promis. Sans un sursaut rapide des principaux pays donateurs, l’agence de l’ONU ne pourra être en mesure que d’assurer une aide pour les secteurs les plus fragiles de la société nord-coréenne, tels que les orphelins, les jeunes enfants, les femmes enceintes ou les jeunes mères. Au total, le Programme alimentaire mondial contribue à la survie de près de six millions de personnes en Corée du Nord, soit plus du quart de la population de ce pays de 22 millions d’habitants.