Eglises d'Asie – Inde
Goa : les prêtres du diocèse sont invités à démasquer les candidats corrompus et à s’opposer à leur élection
Publié le 18/03/2010
Le directeur du Centre, le P. Valeriano Vaz, qui a signé le texte, demande aux prêtres du diocèse de convoquer des réunions publiques permettant aux catholiques de réfléchir, d’analyser la situation et, ensuite, de s’engager dans l’action en pleine connaissance de cause. La circulaire insiste particulièrement sur la nécessité de choisir des candidats dignes de confiance et de rejeter ceux qui ont retourné leur veste après les élections, trahissant ainsi ouvertement les électeurs qui leur avaient accordé leurs suffrages.
Il s’agit là d’une question brûlante. Il faut en effet savoir que ce sont les députés de ce type qui ont permis au Bharatiya Janata Party (Parti du peuple indien, BJP) d’accéder au pouvoir à Goa et de former un gouvernement sous leur coupe en novembre 2000. Pourtant, à l’issue des élections qui avaient précédé en juin 1999, le Parti du Congrès, pour lequel votent la plupart des chrétiens, aurait dû constituer une majorité selon l’arithmétique électorale la plus simple. Les chrétiens, pour la plupart, des catholiques, constituent 30 % d’une population estimée à 1,3 millions de personnes. Les chrétiens sont majoritaires et décident du scrutin dans neuf des quarante circonscriptions électorales de l’Etat de Goa. Par ailleurs, ils forment une part importante de la population dans quinze autres circonscriptions. Au total, ils étaient en mesure de remporter 24 sièges sur les 40 de l’Assemblée législative de Goa. Bien que le BJP ne fût titulaire que de dix sièges dans l’Assemblée législative de 1999, il a réussi cependant à introduire la division dans les rangs du Parti du Congrès et à récupérer un certain nombre de ces dissidents à l’intérieur d’une majorité menée par lui. La corruption aidant, les retournements n’ont cessé de se produire depuis les élections et un certain nombre d’anciens députés d’opposition sont venus grossir les rangs de la majorité.
La circulaire qualifie ces mœurs parlementaires et gouvernementales de fléaux affectant gravement le système politique de Goa et renforçant encore le sectarisme aujourd’hui au pouvoir. Depuis la prise de pouvoir du BJP, il y a seize mois, pour la première fois dans l’histoire, le territoire de l’Etat a été le théâtre de l’incendie d’une mosquée et d’une tentative d’incendie sur une église. Dans les deux cas, aucune arrestation n’a été opérée. En conséquence, le Centre diocésain pour la justice et l’action sociales demande aux prêtres de contribuer à restaurer la démocratie en péril, et de collaborer avec les organismes privés ayant les mêmes vues sur ce sujet.
Commentant le contenu de la circulaire, le directeur adjoint du Centre, le P. Maverick Fernandes, a déclaré qu’elle avait été motivée, en grande partie, par le constat de la marginalisation de plus en plus évidente des catholiques dans le domaine des affaires publiques. Dans la haute sphère de l’administration, il n’y a pratiquement plus de représentants du catholicisme. Les rares qui s’y trouvent sont isolés et écartés “dans un coin”.
Les prochaines élections du 30 juin ont été annoncées à l’issue de la dissolution de la chambre actuelle, le 27 février dernier, sur la recommandation du ministre-président Manohar Parrikardu, dont le gouvernement a été formé par le BJP. La recommandation a été motivée par la dissidence d’un certain nombre de membres du gouvernement ayant formé le projet de s’allier à l’opposition du Parti du Congrès pour former un nouveau gouvernement.