Eglises d'Asie

Malgré les combats entre les forces de sécurité et la guérilla maoïste, l’Eglise catholique tient à rouvrir ses écoles

Publié le 18/03/2010




Le 30 avril dernier, Mgr Anthony Sharma, préfet apostolique du Népal, a annoncé à une délégation de trente personnes venues de Bandipur, localité située à 150 km à l’ouest de la capitale, qu’une de ses priorités était la réouverture des deux écoles catholiques fermées du fait des maoïstes il y a un an (1). « Parce qu’ils y tiennent par-dessus tout, j’ai décidé de rouvrir en mai l’école pour les plus jeunes enfants, jusqu’à la classe 5 », a déclaré Mgr Sharma, ajoutant qu’il essayait de persuader les religieuses de Notre-Dame au Japon de renvoyer au Népal au moins une religieuse afin d’assurer le redémarrage de l’établissement scolaire. Il y a un an, la fermeture de deux écoles à Bandipur et d’une troisième école à Gorkha, toutes trois tenues par des religieuses japonaises des Sœurs des écoles de Notre-Dame avait fait grand bruit et avait été rapportée par la presse locale comme un signe supplémentaire des conséquences désastreuses de la lutte entre le gouvernement et les maoïstes. Par ailleurs, Mgr Sharma a affirmé ce même 30 avril, sa détermination à maintenir ouverte l’école « Petite Fleur » à Naryanghat, au sud de Katmandou, en dépit des menaces adressées par les maoïstes, qui n’acceptent pas que des personnels non népalais servent dans les écoles du pays.

Depuis la rupture en novembre dernier par les maoïstes du dialogue engagé par le gouvernement Deuba, qui avait mis fin à quatre mois de trêve, les affrontements se sont considérablement durcis. L’état d’urgence, déclaré en novembre et reconduit par le parlement en février, a donné l’occasion à l’armée de s’engager dans les combats alors qu’elle laissait jusqu’alors à la police la tâche de mater la rébellion. Depuis, les combats entre les forces de sécurité et la guérilla maoïste vont en s’intensifiant. Entre les 23 et 27 avril derniers, la vie du pays de manière générale et de sa capitale Katmandou en particulier a été paralysée par une grève générale ordonnée par les maoïstes. Selon le P. Andrew Pradhan, récemment nommé vicaire à la paroisse catholique de l’Assomption, les activités de la paroisse ont été très fortement ralenties par la grève, les fidèles craignant une attaque de la guérilla. Cependant, pour le P. Eugene Watrin, jésuite américain, âgé de 81 ans et fondateur du St. Xavier’s College, le calme dans la ville et la quasi-absence de trafic dans les rues ont facilité ses déplacements à vélo pour aller visiter des fidèles. Le P. Watrin s’inquiète toutefois des risques de représailles qui pourraient peser sur les missionnaires américains présents dans le pays étant donné que les Etats-Unis ont publiquement apporté leur soutien ainsi qu’une aide financière au gouvernement du Premier ministre Deuba. Pour le P. Silas Bogati, curé de l’Assomption, cette semaine de grève a été « l’occasion d’aller chez les gens – que l’on était assuré de trouver chez eux – et de bénir leurs demeures ».