Eglises d'Asie

Trois prêtres catholiques, trois religieux bouddhistes et un pasteur protestant sont candidats aux élections législatives du 19 mai 2002

Publié le 18/03/2010




Un certain nombre de candidats ont été choisis par le Front patriotique pour représenter le secteur religieux de la population aux prochaines élections à l’Assemblée nationale qui doivent avoir lieu le 19 mai prochain. Selon les règles mises en place par la Commission des élections, il était prévu que le nombre des députés représentant ce secteur devait correspondre à 2 % de l’ensemble des 500 sièges de la nouvelle Assemblée, à savoir dix. Mais en dernier ressort, le Front patriotique s’est montré beaucoup moins généreux que ne le laissaient prévoir les dispositions primitives et n’a accordé de lettres de créance qu’à sept candidats issus des milieux religieux. Ils ne seront que trois prêtres catholiques, un pasteur protestant et trois religieux bouddhistes à briguer les suffrages des électeurs vietnamiens. C’est un recul considérable par rapport aux élections de juillet 1997 (1) où 23 représentants des milieux religieux figuraient sur la liste des 664 candidats officiellement présentés. Quatre religieux et neuf laïcs de l’Eglise bouddhiste du Vietnam avaient été choisis comme candidats, dont trois furent élus. Du côté catholique, cinq candidats s’étaient présentés, quatre prêtres et un laïc qui ne fut pas élu. L’hindouisme, l’islam et le caodaïsme avaient également des représentants dont aucun ne recueillit assez de suffrages.

Les trois seuls religieux bouddhistes proposés aux suffrages des électeurs pour les prochaines élections appartiennent évidemment à l’Eglise bouddhiste du Vietnam, patronnée par l’Etat, ce dernier se refusant à reconnaître l’Eglise bouddhiste unifiée, dissidente, dont il est difficile de déterminer les véritables effectifs. Ils représentent les trois parties traditionnelles du Vietnam puisque respectivement issus de Hanoi, Huê et Hô Chi Minh-Ville. Il faut remarquer que ni les caodaïstes, ni les musulmans, ni les bouddhistes Hoa Hao, pourtant religions reconnues par l’Etat et rassemblant un nombre relativement élevé d’adeptes, n’ont eu le droit à présenter de candidats à la députation. Par contre, le protestantisme a, pour la première fois, un candidat. C’est le pasteur Khâu Anh Tuân qui se présente aux suffrages de la 9ème circonscription électorale de Saigon (11ème arrondissement et district de Binh Chanh). Peut-être le Front patriotique a-t-il voulu récompenser les efforts dépensés récemment par les communautés évangéliques du pays et leurs dirigeants pour faire officialiser leur Eglise, reconnue par l’Etat depuis le 3 avril 2001. On peut penser aussi que le développement rapide de cette confession chrétienne, surtout dans les régions à population minoritaire, ces dernières années, et le rôle joué par elle lors des troubles de février 2001 sur les Hauts Plateaux du Centre-Vietnam ont donné plus de poids à ses adeptes.

Aucun des quatre prêtres catholiques élus lors des dernières élections de 1997 ne sera présenté aux suffrages des électeurs cette année. Comme le leur avait reproché le P. Truong Ba Cân dans l’organe du Comité d’union du Catholicisme à Hô Chi Minh-Ville (2), ils n’avaient guère eu de poids sur les débats de l’Assemblée au cours de la précédente législature. Il faut dire que deux d’entre eux, le P. Joseph Vuong Dinh Ai du diocèse de Vinh et le P. Vincent Nguyên Duc Hiêp, du diocèse de Bui Chu, étaient trop âgés ou trop handicapés physiquement pour intervenir efficacement dans l’enceinte de l’Assemblée. Le P. Joseph Vuong Dinh Ai qui a 92 ans était déjà le doyen de la Chambre des députés lors de son élection en 1997. Un troisième député, le P. Antoine Vu Duc Tu, prêtre du diocèse de Thanh Hoa était beaucoup plus jeune. Mais parti à Rome pour y poursuivre des études, il fut absent de l’Assemblée pendant presque toute la législature. Le P. Phan Khac Tu, prêtre de Saigon, représentant à l’Assemblée nationale depuis trois législatures, député plus actif que les autres, n’a sans doute pas voulu briguer un nouveau mandat ou comme le laisse entendre une interview du P. Nguyên Công Danh (3) n’a pas reçu le patronage du Comité d’union du catholicisme qui, semble-t-il, a joué un grand rôle dans cette candidature.

Comme les religieux bouddhistes, les prêtres catholiques, candidats à l’Assemblée, sont au nombre de trois. Tous les trois appartiennent à la partie du pays que l’on appelle communément le Sud-Vietnam et sont membres actifs du Comité d’union du catholicisme, organe du Front patriotique. C’est d’ailleurs cet organisme qui, le 4 mars dernier les a désignés comme candidats, désignation ratifiée par le Front patriotique. Le P. Nguyên Công Danh, âgé de 67 ans, curé de la paroisse de Thi Nghè à Saigon, est vice-président du Comité d’union du catholicisme. Le P. Vu Thanh Lich, 66 ans, est curé de Châu Son, dans le diocèse de Buôn Ma Thuôt. Le P. Nguyên Tân Khoa, 65 ans, est curé doyen de Tam Ky dans le diocèse de Da Nang.

Interrogé par le journal Catholicisme et nation, le P. Nguyên Công Dân a déclaré que s’il était élu, il se considérerait comme un représentant du monde religieux, chargé de refléter et faire connaître les aspirations des catholiques. Dans les débats de l’Assemblée, il sera plus particulièrement sensible aux aspects religieux des problèmes traités.