Eglises d'Asie

Un document du Vatican confirme la légitimité de la crémation

Publié le 18/03/2010




Dans le document que vient de publier la Congrégation pour le Culte divin et la Discipline sacramentelle sur les pratiques religieuses populaires, on trouve, entre autres, l’affirmation que la crémation est une pratique acceptée par l’Eglise catholique. Ce document de 295 pages, intitulé “Directoire sur la piété populaire et la liturgie”, traite davantage de la pratique de la vie chrétienne et de religiosité que du dogme. Il reconnaît et souligne la validité des expressions populaires de la foi mais insiste sur les fondements bibliques et humains qui devraient les inspirer. Le cardinal Jorge Medina Estevez, préfet de la Congrégation pour le Culte divin et la Discipline sacramentelle, a présenté le document au cours d’une conférence de presse qui s’est tenue au Vatican le 9 avril dernier.

Sur la pratique de la crémation, le cardinal a expliqué que l’attitude négative de l’Eglise dans le passé relevait davantage de l’histoire et des traditions occidentales que d’une pratique universelle. En Asie, par exemple, a-t-il souligné, la crémation est courante et se déroule dans une grande dignité et un grand respect des défunts. Le Code de Droit canon de 1917 interdisait la crémation aux catholiques. Le cardinal a expliqué que cette interdiction canonique remontait au temps de l’antiquité chrétienne quand, à Rome, les corps des martyrs étaient brûlés par leurs bourreaux pour récuser toute idée de résurrection. Plus récemment, quand la pratique de la crémation est apparue en Europe, c’était, de la part de ses partisans, une preuve de leur athéisme. C’est à partir de cet arrière-plan que doit être comprise l’interdiction édictée par l’Eglise, a-il souligné.

En 1963, cependant, une “Instruction” du Vatican a changé les dispositions antérieures et a autorisé la crémation aux catholiques. Le Droit canon, dans son édition révisée de 1983, a officiellement incorporé cette décision dans la législation de l’Eglise. Plus que des questions d’hygiène et de manque de terrains, le document précise que c’est la conscience théologique qui reconnaît que la crémation des corps n’est pas nécessairement la négation du dogme chrétien, même si la tradition occidentale préfère “l’inhumation” à cause de ses racines bibliques et de son symbolisme.

Ce changement de regard de l’Eglise quant à la crémation non seulement signifie que d’autres traditions sont acceptables, mais reflète aussi les tendances actuelles présentes en Occident, dit encore le document. Il n’y a donc pas de contradiction entre la crémation des corps et la foi en la résurrection. Cependant, le document recommande que les cendres soient enfouies ou entreposées dans un columbarium plutôt que dans une demeure particulière. Le cardinal Medina a toutefois déclaré ne pas voir d’inconvénient à ce que les cendres soient dispersées en mer ou en montagne, selon la volonté du défunt. L’Eglise permet également, a-t-il ajouté, que les rites des funérailles religieuses qui se déroulaient traditionnellement au cimetière le soient sur le lieu de la crémation.