Eglises d'Asie

Selon des ONG sud-coréennes, la Chine détiendrait une centaine de missionnaires protestants sud-coréens actifs à la frontière entre la Chine et la Corée du Nord

Publié le 18/03/2010




Selon différentes dénominations protestantes et ONG sud-coréennes actives sur le versant chinois de la frontière entre la République populaire de Chine et la Corée du Nord, les autorités chinoises mènent depuis près d’un an une chasse aux missionnaires protestants et aux membres d’ONG apportant une aide aux réfugiés nord-coréens venus trouver de la nourriture et de l’aide en Chine. Selon un article paru dans le Korea Times le 20 mai dernier, dont l’auteur cite Do Hee-yun, secrétaire général de la Coalition citoyenne pour la défense de la paix et des droits de l’homme des réfugiés nord-coréens, “les autorités chinoises ont arrêté plus de 100 missionnaires (sud-)coréens et des militants des droits de l’homme du fait de l’activité de ces derniers auprès des réfugiés nord-coréens”. Selon le journal sud-coréen de langue anglaise, la Corée du Sud tout comme la République populaire de Chine ont choisi de garder la plus grande discrétion sur ce dossier par crainte de l’envenimer d’un point de vue diplomatique. Depuis décembre 2001, les autorités chinoises ont interdit tout contact avec l’extérieur aux missionnaires détenus.

Des organisations religieuses en Corée du Sud ont confirmé la nouvelle. Le révérend Shin Kwang-joon, de la Mission coréenne méthodiste mondiale, a déclaré que ces informations “étaient authentiques”. Par ailleurs, certaines ONG affirment que des missionnaires chrétiens sud-coréens ont été torturés au cours de leur détention en Chine. Mais, d’une façon générale, les dénominations protestantes sud-coréennes ont choisi, elles aussi, de rester très discrètes sur cette question, afin, avancent la plupart d’entre elles, de ne pas compromettre la sécurité des missionnaires encore actifs sur le terrain, en Chine (1). Do Hee-yun, de la Coalition citoyenne, a toutefois ajouté que ce parti pris de discrétion allait sans doute être abandonné d’ici très peu de temps : “Nous attendons le moment adéquat pour informer étant donné que l’attitude du gouvernement, qui a été, jusqu’ici, de résoudre le problème par le biais d’ une diplomatie discrète’, n’a pas porté ses fruits.”

Contacté par le journaliste du Korea Times, le ministère sud-coréen des Affaires étrangères, muet sur cette question jusqu’à présent, a en partie reconnu le problème le 19 mai dernier. “Bien que le gouvernement chinois doive encore nous informer des détails de cette affaire, il a renforcé les mesures prises contre les ONG et les organisations apparentées qui se sont donné pour mission de venir au secours des réfugiés nord-coréens”, a déclaré Lee Tai-sik, ministre adjoint des Affaires étrangères. Selon les observateurs, le fait que de plus en plus de Nord-Coréens choisissent de chercher refuge dans les enceintes diplomatiques et l’approche de la Coupe du monde de football, dont l’ouverture aura lieu le 31 mai, en Corée du Sud et au Japon sont autant de facteurs qui font que l’arrestation de ces missionnaires chrétiens et membres d’ONG ne pourra plus être passée sous silence. A l’occasion de la Coupe du monde, des initiatives spectaculaires seraient en cours de préparation comme le départ de boat people nord-coréens de la côte chinoise en direction de la Corée du Sud.

Selon le Korea Times enfin, l’affaire pourrait connaître des développements internationaux plus importants du fait de la détention par la Chine d’un missionnaire coréano-américain, Joseph Choi. Ce dernier, missionnaire américain d’origine coréenne, aurait été arrêté le 9 mai dernier en Chine en compagnie de 14 réfugiés nord-coréens – dont 8 ou 9 enfants – à qui il tentait d’apporter une aide. Des responsables de l’Association coréano-américaine pour la défense des droits de l’homme des réfugiés nord-coréens ont récemment rencontré des membres de la Chambre des représentants à Washington pour leur demander d’agir en faveur des réfugiés nord-coréens.