Eglises d'Asie – Timor Oriental
Selon un prêtre catholique, vice-président de la commission pour la réconciliation et la vérité au Timor-Oriental, l’Indonésie doit être jugée devant un tribunal international
Publié le 18/03/2010
Selon le P. Araujo, le président du Timor-Oriental, Xanana’ Gusmao, par ses engagements et ses déclarations, penche en faveur de la réconciliation plutôt que pour la justice. « Gusmao souhaite la réconciliation en premier lieu et ensuite la justice. Mais comment cela pourrait-il se faire ? La réconciliation ne sera pas possible si la justice n’est pas faite », a-t-il affirmé. En effet, le défi qui se présente aux autorités est de prévenir les représailles qui pourraient être exercées contre les auteurs de crimes s’ils reviennent au Timor-Oriental du Timor occidental où ils sont toujours réfugiés. Ce défi, estimé le P. Araujo, ne peut être relevé que si un véritable système judiciaire fonctionne. « La plupart des responsables politiques cherchent à préserver de bonnes relations avec l’Indonésie. Mais les gens attendent que justice soit rendue. Si le système judiciaire faillit à sa mission, nous allons au devant de graves problèmes, a mis en garde le prêtre. La justice sera rendue par la rue. »
L’Eglise catholique a un rôle crucial à jouer ici, a encore déclaré le P. Araujo. « Dans les paroisses et les communautés, le clergé doit prendre l’initiative », a-t-il ajouté, soulignant le fait que la réconciliation est au cœur de l’action pastorale : apprendre à vivre en harmonie et en paix, améliorer la compréhension que les gens ont de la foi chrétienne. Selon lui, la foi de nombreux Timorais manque de maturité : « Parfois, ils confondent la religion et la foi, deux choses distinctes. Ils ne vivent pas leur foi mais peuvent se montrer fanatiques dans la défense de leur religion. » Pendant presque cinq cents ans, les missionnaires portugais ont prêché la religion catholique et les gens ont généralement une compréhension très vague des autres religions ou confessions – « c’est le péché de la colonisation », a souligné le prêtre. Le résultat est que les Timorais de l’Est sont « devenus très exclusifs, fanatiques en matière de religion » mais n’ont pas véritablement approfondi leur foi.