Eglises d'Asie

Des travailleurs sociaux chrétiens s’interrogent sur la possibilité d’introduire la spiritualité religieuse dans le traitement thérapeutique appliqué aux toxicomanes

Publié le 18/03/2010




La toxicomanie est à l’ordre du jour au Vietnam. Le 25 mai dernier, le secrétariat de la Conférence épiscopale du Vietnam, qui, dans ses lettres pastorales annuelles, a très souvent soulevé ce problème, a organisé une réunion sur le sujet, à laquelle participaient une dizaine de catholiques engagés dans le travail social. Parmi eux, se trouvaient des religieux et un médecin employé à l’hôpital Binh Dân de Hô Chi Minh-Ville. Le débat a porté sur l’existence éventuelle et la possible application aux toxicomanes d’une thérapie que l’on a appelée “spirituelle dont l’effi-cacité pourrait être prouvée. La discussion a eu lieu à l’intérieur du Centre catholique de Hô Chi Minh-Ville (1).

Les participants se sont particulièrement intéressés à l’expérience et aux questions posées par Pham Minh Công, responsable adjoint du Centre de réhabilitation pour drogués de Phu Van dans la province de Binh Duong, proche de Hô Chi Minh-Ville. Cet établissement créé en 1976 fut d’abord une ferme d’Etat exploitée par de jeunes volontaires. En 2000, elle a été convertie en centre de rééducation pour drogués. Actuellement, 12 000 jeunes et adolescents y sont traités. 1 080 de ces pensionnaires sont des catholiques. De nombreuses méthodes thérapeutiques ont été essayées au cours des années, mais la plupart d’entre elles se sont révélées inefficaces. Selon les déclarations de Công, depuis quelque temps, le personnel du Centre s’intéresse à la mise en application de traitements que Công qualifie de “spirituels”. Selon lui, les autorités gouvernementales n’interdisent pas ce genre de traitement utilisant la spiritualité et le sentiment religieux.

Précisément, au centre de Binh Duc, une annexe du Centre de Phu Van, une expérience dans ce sens a été tentée par une équipe de bouddhistes qui ont investi une somme de 200 millions de dôngs (13 115 dollars) dans la construction d’une maison de retraite. Les initiateurs de cette expérience s’efforcent d’aider les jeunes dans leur cure en leur apprenant à prier et à méditer. Le responsable du centre gouvernemental, qui est catholique, s’est demandé s’il n’était pas possible de créer un cheminement spirituel analogue pour le millier de catholiques pensionnaires du Centre. La lecture de l’Evangile et les prières communes ne seraient-elles pas susceptibles de renforcer leurs convictions et les aider à mener à bien leur cure ? Công a également révélé que, depuis toujours, il aide les jeunes pensionnaires catholiques dans leur repentir et dans leurs efforts pour se rapprocher de Dieu.

En outre, le responsable du centre a souligné que la majorité des jeunes toxicomanes placés sous traitement dans le camp étaient pauvres et sans emploi. Il a sollicité de l’Eglise du Vietnam une aide financière qui permette de leur fournir une formation professionnelle, l’allocation mensuelle de 150 000 dôngs par personne fournie par le gouvernement étant juste suffisante pour payer la nourriture.

De son côté, le P. Antoine Nguyên Ngoc Son, secrétaire de la Conférence épiscopale, a rendu compte de la métho-de employée par lui lors d’entretiens mensuels avec des groupes de toxicomanes. Son objectif est de les conduire vers le Christ à travers la prière, la lecture de la Bible et des retraites. Il a expliqué par ailleurs qu’il leur conseillait un certain régime alimentaire, des exercices de relaxation et des activités sociales. Au cours de la réunion, on a également fait remarquer que les jeunes drogués d’origine catholique n’ont pas le droit de quitter leur camp de désintoxication et qu’il serait bon que des prêtres soient envoyés sur place pour y célébrer la messe dominicale.

Selon le bulletin, Hiêp Thông ( Communion’) n° 12, une réunion du même type avait déjà eu lieu le 11 avril dernier à Hô Chi Minh-Ville, également organisée par le secrétariat de la Conférence épiscopale. On y avait exposé un certain nombre de types de cure de désintoxication expérimentées dans divers pays ainsi qu’au Vietnam. Beaucoup de participants avaient souhaité que l’Etat vietnamien crée des conditions favorables permettant aux diverses communautés catholiques d’apporter leur contribution aux efforts entrepris pour éradiquer la toxicomanie dans le pays.