Eglises d'Asie

Jharkhand : après plus de trois ans d’attente, les maîtres des écoles privées religieuses reçoivent enfin leur traitement

Publié le 18/03/2010




Les 8 000 enseignants des écoles gérées par l’Eglise catholique ou d’autres minorités religieuses du nouvel Etat de Jharkhand, après être restés sans traitement pendant trois ans et six mois, viennent de revenir à une situation plus régulière depuis le mois de mars dernier, date à laquelle leurs émoluments leur ont été versés à nouveau. L’Etat de Bihar et celui de Jharkhand, issu du premier, ont également accepté de payer les arriérés de salaire dus avant la division administrative. “Nous sommes reconnaissants au gouvernement d’avoir débloqué les traitements de nos enseignants depuis le mois de mars”, a déclaré avec satisfaction le P. James Toppo qui est à la fois président du syndicat des enseignants des écoles tenues par des minorités religieuses et directeur de l’éducation dans l’archidiocèse de Ranchi.

L’Etat de Jharkhand a été détaché de l’Etat du Bihar en l’année 2000, mais le problème du paiement des enseignant date de bien avant, l’Etat de Jharkhand n’ayant fait que poursuivre la politique d’éducation en vigueur au Bihar avant la division. En ce dernier Etat, des mesures législatives datant de 1978 avaient décrété la gratuité de l’éducation jusqu’à la dixième. En conséquence, le paiement des traitements des maîtres de l’enseignement privé incombait à l’Etat, ainsi que les frais d’entretien des écoles. En 1990, avec le changement de gouvernement dans l’Etat de Bihar, la situation s’était détériorée : le paiement des enseignants commençait à devenir irrégulier. En septembre 1998, il fut complètement stoppé. Lors de la division en l’an 2000, l’Etat de Jharkhand hérita de cette situation. A sa venue au pouvoir dans le Jharkhand, le BJP ne changeait rien à cette politique, pas plus qu’il ne débloquait de fonds pour payer les arriérés dus au corps enseignant privé. Cependant, la pression exercée sur le gouvernement par la lutte incessante des enseignants a obligé celui-ci à changer de position. “Il y a un an, nos enseignants ont entamé la lutte (1), a déclaré le P. James Toppo. En fin de compte, ils ont réussi à convaincre le gouvernement”.

Les maîtres des écoles catholiques, qui, dans leur ensemble, représentent 80 % des écoles minoritaires de l’Etat, auront désormais une rétribution régulière. Cependant il reste encore à décider qui de l’Etat de Bihar ou de l’Etat de Jharkhand assumera la tâche de verser les sommes dues aux enseignants depuis 1998 jusqu’à la division de l’ancien Etat de Bihar. Le directeur de l’éducation de l’archidiocèse espère que cela ne tardera pas : “Nous espérons que cela se fera le plus vite possible a-t-il déclaré.

A l’occasion de l’inauguration des locaux de l’Association des enseignants du secondaire des écoles religieuses, le 15 mai dernier, le ministre de l’Education du Jharkhand, Sudarsan Bhagat, a fait un grand éloge de la contribution apportée par les chrétiens dans le domaine de l’éducation. Il a fait remarquer que leurs écoles avaient été les premières à répandre “la lumière de la connaissance” dans la région, et qu’elles procuraient à la population locale une éducation de qualité depuis plus de 50 ans. Les établissements des missionnaires, a-t-il dit, étaient implantés dans les villages bien avant que le gouvernement n’ouvre ses propres écoles. En outre, les institutions chrétiennes ont acquis la confiance du peuple et tous veulent envoyer leurs enfants dans ces écoles. Il a conclu en confiant que le gouvernement, conduit par le Bharatiya Janata Party (Parti du peuple indien, BJP) porte un regard positif sur ces écoles. A cette même occasion, le président de la Commission des minorités est revenu sur le passé et sur la lutte des enseignants pour l’obtention de leurs traitements. Il a trouvé scandaleux que les enseignants aient été obligés de manifester si longtemps pour obtenir gain de cause. Il a également regretté que certains aient été, à cette occasion, maltraités par la police.