Eglises d'Asie

Célèbes : le diocèse de Manado, associé à un homme d’affaires local, se lance dans l’exploitation commerciale des nids d’hirondelles

Publié le 18/03/2010




Un homme d’affaires catholique et le diocèse catholique de Manado, situé dans la province de Célèbes-Nord, ont créé une société commune afin de récolter et commercialiser les nids d’hirondelles qui abondent dans la grotte d’un sanctuaire marial fort populaire dans le diocèse. Le 5 juin dernier, le P. Herman Umbas, trésorier du diocèse de Manado, a précisé que l’entreprise a démarré ses activités en avril 2002 après que le diocèse et Adriaan Susanto, l’homme d’affaires en question, eurent signé un contrat précisant, entre autres, que 20 % des profits reviendront au diocèse. Le prix des nids d’hirondelles à Manado est d’environ 8 millions de roupies le kilo (930 dollars US). A Hongkong et Singapour, où les nids d’hirondelles sont un mets des plus recherchés par les gastronomes chinois, un kilo atteint au moins 2 000 dollars.

Le sanctuaire marial où se trouve la grotte est situé sur la paroisse St Lawrence à Lotta, près de Pineleng, non loin de Manado, chef-lieu de la province de Célèbes Nord. La grotte, naturelle, a servi d’abri aux troupes japonaises durant la deuxième guerre mondiale. Pour développer le potentiel de la grotte en termes de production de nids d’hirondelles, la statue de la Vierge Marie qui se trouvait à l’intérieur de cette grotte, profonde d’une quarantaine de mètres, a été déplacée et installée juste au-dessus de l’entrée. Le transfert de la statue a été décidé afin que les pèlerins dérangent le moins possible les allées et venues des hirondelles et leur nidification, a précisé le P. Joannes van Passen, curé de la paroisse de St Lawrence, qui a ajouté que la grotte était désormais interdite aux êtres humains. Pour Yanky Turang, une laïque interrogée à propos de ce changement, la nouveauté ne représente pas une gêne : “Maintenant que la statue est à l’extérieur, elle est bien visible et nous pouvons prier plus facilement». La grotte est humide et sombre, a-t-elle ajouté, et jusqu’à maintenant, beaucoup de gens avaient peur d’y pénétrer pour prier. Petrus Sumaraw, un paroissien, se dit lui aussi favorable à cette nouvelle industrie : “Le plus important est que le caractère sacré du lieu soit préservé”. Le curé du lieu, d’origine hollandaise, a indiqué, le 5 juin, qu’il venait de célébrer l’eucharistie devant la grotte, entouré de 200 paroissiens “pour remercier Dieu, souhaiter la bienvenue à nos milliers d’amies les hirondelles et clôturer le mois de mai, mois de Marie”.

Pour sa part, Adriaan Susanto a déclaré vouloir développer l’exploitation des nids d’hirondelles afin d’aider le diocèse : “Ce n’est pas seulement le profit qui me motive”, a-t-il affirmé, ajoutant qu’il gérait une entreprise similaire avec l’Eglise protestante dans le district voisin de Minahasa.