Eglises d'Asie

Célèbes : les Eglises chrétiennes s’inquiètent de voir la pratique du concubinage se banaliser chez les jeunes

Publié le 18/03/2010




Dans la province de Célèbes-Nord, à majorité chrétienne, la cohabitation hors mariage des jeunes, de plus en plus fréquente, inquiète l’Eglise catholique. D’après les chiffres de l’année 2001 publiés par le Bureau de l’état civil du district de Minahasa, 5 000 couples vivent en dehors des liens du mariage, en “baku piara une locution locale signifiant l’un s’occupant de l’autre’. Dans chacun des villages de la province de Célèbes-Nord, deux ou trois couples vivent ainsi en concubinage. D’après les chiffres de la paroisse catholique Ste Rose de Lima, à Tondano, la principale ville du district de Minhasa, 7 % des 3 000 catholiques de la paroisse vivent en couples sans être mariés. Pour le curé de la paroisse, le P. Johanis Pinontoan, l’Eglise ne peut pas laisser les chrétiens vivre ainsi en concubinage. Personnellement, il souhaite rendre plus faciles les démarches tant civiles que religieuses pour permettre à ses paroissiens de se marier, tout en respectant la discipline du sacrement de mariage et l’esprit de l’Eglise catholique.

D’après ce prêtre, la cause de ces concubinages de plus en plus nombreux dans le district de Minahasa est à chercher dans le coût d’un grand mariage, symbole de prestige social. “A Minahasa, un vrai mariage signifie une grande fête”, précise-t-il, ajoutant que certaines familles organisent des noces pouvant durer jusqu’à trois semaines. Ainsi les couples qui n’ont pas les moyens de faire face à de telles dépenses se contentent-ils de cohabiter. Pakasi Kilis, un catholique de Tondano, admet que lui et sa partenaire ont décidé de ne pas se marier “parce que nous n’avions pas assez d’argent pour organiser la réception de mariage”, ajoutant que, maintenant, à son âge, il aurait honte de le faire. Pour un autre couple catholique, Buang Palenewen et Tji Lumoindong, leur cohabitation n’a pas pour raison une question d’argent mais, selon Palenewen, c’est parce que l’Eglise leur a refusé le mariage, Lumoindong ayant déjà été mariée : “J’ai réalisé alors qu’il était impossible pour nous de nous marier à l’Eglise. Nous vivons donc en concubinage”.

Rocky Pandey et Nowa Dalope, un couple protestant avec un enfant, vivent en concubinage parce que, selon eux, les exigences d’un mariage civil demandent du temps, de l’argent et beaucoup d’énergie. D’après Pandey, il ne faut pas moins de dix documents pour pouvoir se marier : extrait d’acte de naissance, carte d’identité, livret de famille, lettres d’autorisation de se marier de chacun des deux parents, et certificats d’état libre signés du maire des deux communes d’origine. “Tout cela exige du temps et de l’argent, dit-il. J’attends la récolte des clous de girofle de cette année pour organiser notre mariage”. Le révérend Semmy Langelo, pasteur du Synode de l’Eglise évangélique messianique de Minahasa, reconnaît lui aussi que beaucoup de couples protestants vivent hors mariage dans le district. Depuis une dizaine d’années, explique-t-il, l’Eglise protestante a organisé plusieurs cérémonies de mariages communautaires pour les concubins. “Maintenant nous organisons ces mariages communautaires chaque année pour essayer de maîtriser cette cohabitation qui progresse”, a-t-il indiqué. Le district de Minahasa compte 800 000 habitants dont 700 000 protestants et 62 000 catholiques.