Eglises d'Asie

Les principaux responsables religieux du pays appellent de leurs vœux la création d’un bureau dont la tâche sera la promotion de l’harmonie religieuse

Publié le 18/03/2010




Le 18 juin dernier, lors d’une audition devant la commission de la Chambre des représentants chargée de l’éducation nationale et des questions religieuses, les principaux responsables religieux du pays ont appelé de leurs vœux la création d’un bureau spécifiquement chargé de la promotion de l’harmonie religieuse. Taufiqurrahman Saleh, président de la commission parlementaire, a déclaré qu’il était favorable à la création d’un tel bureau et qu’il devrait être placé sous la responsabilité commune tant des responsables religieux que de celle de la Chambre des représentants. Il aurait pour objet de contribuer à restaurer de bonnes relations entre les croyants des différentes religions, relations qui ont été mises à rude épreuve ces derniers temps par un certain nombre de conflits intercommunautaires en différentes régions de l’Indonésie.

Outre le ministre des Affaires religieuses, Said Agil Munawar, les principales organisations religieuses étaient représentées à cette audition : la Muhammadiyah, le Conseil indonésien des oulémas (MUI), la Conférence des évêques catholiques d’Indonésie (KWI), la Communion indonésienne des Eglises (protestantes) (PGI) et le Conseil des communautés bouddhiques (Walubi). Seule la Nahdlatul Ulama (NU), la plus importante des organisations musulmanes de masse du pays, était absente ; son chef, Solahuddin Wahid, a toutefois signifié son accord à la création d’un tel bureau à la condition qu’il ne soit pas placé sous le contrôle du gouvernement.

En février dernier, la NU et la Muhammadiyah, en lien avec des organisations non musulmanes, avaient déjà lancé l’idée d’une mobilisation nationale des croyants des principales religions pour promouvoir l’harmonie entre les religions et combattre l’extrémisme (1). Une délégation comprenant des chrétiens et des musulmans s’était ainsi rendue aux Moluques afin d’inciter les communautés locales à mettre fin à trois années de guerre fratricide. Lors de l’audition du 18 juin, les responsables religieux ont proposé que ce type d’initiative soit “institutionnalisée” et Taufikurrahman, qui siège à la Chambre sous les couleurs du Parti du réveil national (PKB), a suggéré qu’un bureau soit établi à Djakarta avec des branches dans les régions ; il a également ajouté que le gouvernement devrait faciliter la création d’un tel bureau en prenant à sa charge ses frais de fonctionnement.

Outre une meilleure compréhension réciproque de diverses religions, l’un des objectifs de ce bureau, a encore précisé Taufikurrahman, serait d’agir afin que tous les règlements officiels perçus comme “discriminatoires” à l’encontre des non-musulmans soient abrogés. Cela pourrait comprendre le décret de 1969 rédigé conjointement par le ministère de l’Intérieur et celui des Affaires religieuses qui interdit la dissémination et la prédication d’une religion aux personnes appartenant déjà à une religion particulière. Au nom de ce décret, la construction des lieux de culte en Indonésie, à l’exception notable des mosquées, est soumise à l’accord préalable des résidants et des autorités locales.