Sur les Hauts Plateaux du centre du pays, l’Etat vietnamien compte mener de pair le développement économique et la normalisation politique

Après avoir rappelé l’importance stratégique et économique de cette région, ses ressources naturelles, tant agricoles qu’hydrauliques, le Vice-Premier ministre trace un tableau avantageux des progrès accomplis dans la région depuis le changement de régime de 1975. Pour la période de 1996 à 2000, le PIB y aurait progressé de 12,5 %, à savoir 1,5 fois plus que dans le reste du pays. Le revenu moyen par tête aurait, lui, plus que doublé. La proportion de familles vivant au-dessous du seuil de pauvreté serait passée à 17 % alors que cette proportion était encore de 50 % en 1990. Ces changements positifs seraient dus aux très importants investissements consentis par l’Etat en faveur de cette région. Ils auraient permis la naissance et le développement de nouvelles industries agricoles, agro-alimentaires, ainsi que la création de puissants complexes industriels.

Cependant, selon le membre du Bureau politique, cet essor de la région est freiné par un certain nombre de facteurs dont les principaux sont un déséquilibre entre le développement économique et un certain retard social, l’accaparement des terres traditionnelles des populations minoritaires par des nouveaux venus, l’écart grandissant entre riches et pauvres.

La partie la plus importante du discours du dirigeant politique concerne la dissidence sourde qui s’est installée dans la région, désignée de diverses façons tout au long de l’article sans être nommée ouvertement. Les cadres politiques sont vivement rappelés à l’ordre. Leur travail a été marqué de beaucoup de déficiences en particulier dans le domaine de la formation des cadres locaux issus des ethnies minoritaires. Ils ont fait preuve d’un manque total de vigilance devant la tentative d’“évolution pacifique” et les troubles violents suscités par des forces ennemies et destinés à renverser le régime. Les cadres politiques, souligne Nguyên Tân Dung, ont laissé les anciens éléments du FULRO (Front uni de libération des races opprimées), réfugiés à l’étranger, s’associer avec des individus sur place, qui, refusant de s’amender, ont organisé l’association réactionnaire nommée “DEGA” pour troubler l’ordre social. Ce terme de DEGA employé par Nguyên Tân Dung et les autorités vietnamiennes selon une acception ambiguë a été ainsi défini par le rapport de Human Rights Watch sur la répression des Montagnards, paru en avril 2002 : “(Pour les Montagnards), il (le mot) connote le type particulier de christianisme qu’ils pratiquent et l’appellation de la patrie indépendante qu’ils recherchent. Le terme DEGA est aussi utilisé par les autorités vietnamiennes dans un sens péjoratif synonyme de rebelle.” (2)

A la fin de son texte, le Vice-Premier ministre énumère les quatre objectifs visés par la politique du gouvernement sur les Hauts Plateaux. Les deux premiers objectifs sont d’ordre économique et concernent le développement agricole et industriel de la région, ainsi que l’élévation du niveau culturel et social des populations dans la ligne du socialisme. Les deux autres objectifs poursuivis par le gouvernement sont davantage politiques. Il s’agit de renforcer le contrôle et la mobilisation des milieux religieux pour qu’ils s’opposent aux tentatives et aux activités des forces ennemies. Il est également proposé de réagir sévèrement et de multiples façons aux complots fomentés par les dirigeants des associations réactionnaires “DEGA”. Enfin le Vice-Premier ministre avertit que le gouvernement portera un coup d’arrêt à l’exode illégal des Montagnards vers le Cambodge, comme à la pénétration sur les Hauts Plateaux des éléments désireux de semer le trouble dans la région.