Eglises d'Asie

Florès : en l’espace de quelques semaines, deux tribunaux ont condamné à des peines de prison ferme un homme et une femme reconnus coupables de sacrilège envers la religion catholique

Publié le 18/03/2010




En l’espace de trois semaines, deux tribunaux de l’île de Florès, une île dont la population est majoritairement catholique, ont condamné un homme, de confession musulmane, et une femme, de confession protestante, à des peines de prison ferme après les avoir reconnus coupables de “sacrilège” envers la religion catholique.

Le 8 juin dernier, la Cour de justice de Ende, chef-lieu de la province de Florès (Nusa Tenggara oriental) a condamné Esteriana Nona Eni, à quatre années de prison pour avoir profaner une hostie consacrée, “l’objet le plus sacré du catholicisme Esteriana Nona Eni, de religion protestante, a été déclarée coupable d’infraction à l’article 156 du Code pénal pour avoir porté atteinte à une religion reconnue légalement par l’Etat indonésien. Selon le procureur Mahmudi, un musulman, Eni, en profanant l’objet le plus sacré du catholicisme, a froissé la sensibilité des catholiques. “La conduite de l’accusée a créé un trouble et a perturbé l’harmonie interreligieuse”, a-t-il déclaré lors du procès. Les faits remontent au 28 mars dernier. Ce jour-là, jour du Jeudi Saint, Eni assistait à la messe accompagnée d’une amie catholique à la cathédrale du Christ-Roi à Ende. Venue recevoir la communion, elle avait ensuite déposé l’hostie sous son siège en revenant à sa place. Devant le tribunal, le 15 mai, Eni a déclaré regretter son geste : « Je m’excuse auprès des catholiques pour cette profanation qui a froissé leur sensibilité de croyants”. Elle a expliqué que, bien qu’ayant entendu l’annonce que seuls les catholiques bien préparés pouvaient recevoir la Sainte Communion, poussée par la curiosité, elle s’était tout de même avancée pour recevoir l’hostie.

Quelques jours plus tard, le 24 mai, un musulman, Slamet Hariyadi, a été condamné pour le même motif profanation d’un objet sacré du culte catholique à une peine de sept années de prison par un autre juge, de confession musulmane. L’homme, un commerçant âgé de 50 ans, était venu communier le 17 mars dans l’église St Joseph de Bajawa et était reparti sans consommer l’hostie. Connu pour avoir fréquenté non seulement l’Eglise protestante de Bethel mais un temple bouddhiste chinois, le juge a accusé Hariyadi de “duplicité” et de “provocation au désordre parmi les musulmans”.

Dans les deux cas, Mgr Longinus de Cunha, évêque de l’archidiocèse catholique de Ende, a dit respecter les décisions des deux tribunaux : “Personnellement nous, chrétiens, nous pardonnons, mais nous n’avons pas à interférer dans les décisions de justice.” Il a, dans le même temps, insisté pour dire à l’intention de ses diocésains que “la violence ne résolvait rien dans ces sortes d’affaires”. En effet, en 1995 déjà, à Bajawa, à l’occasion d’un cas semblable, des catholiques étaient venus saccager la maison habitée par l’accusé d’alors. D’après les statistiques diocésaines, le Timor occidental et l’île de Florès, à majorité catholique, ont connu par le passé un certain nombre d’affaires liées à la profanation d’hosties consacrées. Entre 1981 et 1990, 45 cas sont ainsi dénombrés, 25 entre 1990 et 1995 et deux cas en 1998 (1).