Eglises d'Asie

Le pouvoir central dénie à la communauté bénédictine de Thiên An à Huê tout droit de propriété sur son propre domaine

Publié le 18/03/2010




Poursuivant leur tentative de s’approprier une grande partie du domaine du monastère de Thiên An dans le diocèse de Huê, les autorités gouvernementales ont franchi, au début du mois dernier, une étape de plus dans la mauvaise foi (1). Selon des informations venant de Huê et transmises par Internet, elles ont, contre toute évidence, dénié publiquement les droits de la communauté religieuse sur un domaine dont la propriété lui est légalement reconnue depuis 1958.

Le 6 juin dernier, un texte long de neuf pages dactylographiées, émanant du pouvoir central et intitulé “Décision de l’Inspection générale d’Etat” a été envoyé au monastère, en réponse à une lettre du 26 janvier dernier (2) du Père Abbé du monastère, le P. Huynh Quang San. Dans cette lettre destinée aux autorités politiques du pays, celui-ci y avait démontré le manque de probité dont avait fait preuve la mission gouvernementale chargée d’enquêter sur le véritable propriétaire du domaine du monastère. Après une longue présentation des faits et la mention de très nombreuses pièces justificatives, dont les plus anciennes remontent à 1959, le religieux avait conclu fermement : “Si donc cette surface de 107 hectares qui est la nôtre n’a jamais été offerte, vendue, ou soumise à la réquisition, le fait que les autorités provinciales la remettent à une entreprise pour qu’elle la gère et l’exploite constitue une infraction à la loi… Est venu le moment où, appuyés sur les lois de la République socialiste du Vietnam, il nous faut nous lever pour défendre jusqu’au bout les terrains… de l’Eglise catholique.”

La décision du 6 juin rappelle à plusieurs reprises le principe qui régit la propriété de la terre dans la République socialiste du Vietnam : “La terre est la propriété du peuple tout entier et est placée sous la gestion unique de l’Etat.” Seule l’utilisation de la terre peut être laissée à la disposition des particuliers. Or selon les auteurs de la décision, le monastère de Thiên An n’aurait reçu, ni de la province de Binh Tri Thiên, ni de la province de Thua Thiên, un quelconque droit d’utiliser le terrain de 107 hectares réclamé par les religieux. En conséquence, la décision de l’Inspection générale d’Etat déclare que la revendication par le monastère de Thiên An du droit de propriété et d’utilisation du domaine de la colline de Thiên An est sans aucun fondement. Au terme de la décision, on peut lire encore : “L’Etat ne reconnaît pas la propriété et le droit d’utilisation revendiqué par le monastère… De ce fait, la décision gouvernementale de 1999 prévoyant de récupérer 495.929 m de terrains de la colline de Thiên An pour y créer un centre de loisirs devra être appliquée rigoureusement.”

C’est le 27 avril 2000, que les religieux avaient appris de la bouche d’émissaires du Comité populaire du district de Huong Thuy où est situé le monastère la nouvelle du projet gouvernemental. Ils avaient alors eu connaissance de la décision n° 1230/QD-TTg signée du chef du gouvernement le 24 décembre 1999, à savoir plus de quatre mois auparavant. Les religieux furent ainsi informés que 495 929 m du terrain leur appartenant étaient réquisitionnés et loués au Service du tourisme de Huê qui avait la charge d’y construire un vaste centre de loisirs. Depuis cette époque, la communauté bénédictine n’a cessé de résister, sans faiblir, à cette tentative d’accaparement.